Le Sénat a acté la dissolution de l’Institut national de la consommation (INC), organisme public qui édite depuis plus de cinquante ans le magazine 60 millions de consommateurs.
Lionel Maugain : "On est à 115.000 signatures de citoyens sur Change.org"
Valérie Expert : Pourquoi est-ce aux parlementaires et au gouvernement de décider de la liquidation de l’Institut national de la consommation (INC) ?
Lionel Maugain : Factuellement, c'est le gouvernement Bayrou qui avait proposé la vente du journal. Et puis on a découvert dans le projet de la loi de finances que le gouvernement Lecornu proposait carrément la suppression de l'INC, qui édite 60 millions de consommateurs depuis maintenant 55 ans. Comme l'INC avait été créé par une loi de finances, c'est aux parlementaires de dire si, oui ou non, on supprime l'INC et donc 60 millions de consommateurs.
Valérie Expert : Il y a deux appels qui circulent en ce moment pour tenter d'empêcher la disparition pure et simple du titre…
Lionel Maugain : On est à 115.000 signatures de citoyens sur Change.org. Et puis, il y a eu une tribune dans Le Monde, signée par une centaine de personnalités et d'experts (scientifiques, ingénieurs, économistes et juristes).
Valérie Expert : On sent que le gouvernement essaie de ne pas acter lui-même la disparition de 60 millions de consommateurs, mais de laisser les parlementaires voter en ce sens…
Lionel Maugain : En effet, avec l'aide de soutiens dans le milieu des journalistes j'ai pu rencontrer Serge Papin, l'ancien patron de Super U. Je crois qu'il ne le dira pas publiquement, mais il est quand même très embêté que son nom soit lié à la suppression de 60 millions de consommateurs.
"On ne voit pas pourquoi il y aurait des raisons économiques à la suppression de 60 millions de consommateurs"
Valérie Expert : On a un petit peu de mal quand même à comprendre qu'un magazine aussi utile, aussi indispensable puisse disparaître…
Lionel Maugain : Personne ne le comprend. Et d'ailleurs, c'est un des problèmes, c'est que le gouvernement a utilisé des arguments totalement fallacieux. L'argument budgétaire : l'an dernier on a fait une perte de 719.000 euros, et en 2025 on va finir l'année à l'équilibre. Donc, on ne voit pas pourquoi il y aurait des raisons économiques à la suppression. Le gouvernement dit qu'ils ont tout essayé, qu'ils ont fait de multiples relances du titre - c'est totalement faux. Cela fait une vingtaine d'années que je suis représentant du personnel - on a toujours demandé des plans de relance, on n'en a jamais eu. Donc, je ne sais pas d'où sort cet argument qui est fourni par le gouvernement aux députés pour qu'ils prennent leur décision. Et puis, au Sénat l'autre jour, c'est le ministre de l'Industrie qui a défendu la suppression de l'INC et de 60 millions de consommateurs - on se demande pourquoi le ministre de l'Industrie aurait les bons arguments, alors qu'on dépend plutôt de Serge Papin, qui est ministre du Pouvoir d'achat notamment.
Et puis, un autre faux argument qui a été donné aux parlementaires, c'est que la liquidation de l'INC et de 60 millions de consommateurs coûterait 8 millions 000000. Nous, on a fait refaire le calcul par notre direction : c'est à 11 millions. Donc, vous voyez, ça fait beaucoup de fake news fournis par le gouvernement pour que les parlementaires prennent leurs décisions. Et merci de me donner l'occasion de les rectifier.
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