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Brigitte Bardot est morte à l'âge de 91 ans : un mythe, un sex symbol mais aussi une voix controversée

Par L.B-L

Brigitte Bardot est morte à l’âge de 91 ans. Provocatrice, insoumise et mondialement connue, BB aura marqué le XXᵉ siècle comme une icône libre et dérangeante. Muse de la Nouvelle Vague, sex-symbol devenu militante animale, « B.B. » laisse une empreinte aussi éclatante que controversée ces dernières années.

Née le 28 septembre 1934 dans une famille bourgeoise du XVIᵉ arrondissement de Paris, Brigitte Anne-Marie Bardot grandit entre le ballet classique et les convenances strictes de l’après-guerre. À quatorze ans, elle fait la couverture d’ELLE, ce qui la propulse dans le mannequinat. Deux ans plus tard, elle troque ses pointes de danseuse contre les plateaux de cinéma, une prélude à la saga « B.B. » qui va électriser le public du monde entier. Elle s’éteint à à l’âge de 91 ans.

De ballerine parisienne à la Une des magazines

Enfant modèle mais impatiente de liberté, Brigitte Bardot délaisse le Conservatoire pour la photographie de mode, fréquente le studio Harcourt, puis séduit les réalisateurs de l’époque. Sa silhouette et son franc-parler détonnent dans une France encore corsetée. En 1952, elle épouse le scénariste Roger Vadim : leur union sera brève, mais déterminante pour la suite.

"Et Dieu...créa la femme"... et BB

En 1956, "Et Dieu… créa la femme" fait l’effet d’une bombe. Tourné à Saint-Tropez, le film de Vadim impose Brigitte Bardot en symbole d’émancipation sexuelle. L'Amérique la baptise aussitôt « sex kitten ». Le box-office explose et consacre l’ère Bardot, laquelle enchaîne La Vérité, Le Mépris ou Vie privée, tout en enregistrant des titres pop devenus cultes comme La Madrague.

Sex symbol et féministe sans le vouloir

Sur les plages de Cannes, son maillot deux pièces popularise le bikini. Dans la presse, sa parole crue choque autant qu’elle fascine. Brigitte Bardot, elle, n’a jamais revendiqué d’appartenance à un courant féministe, bien au contraire. Elle s’est longtemps dite « anti-mouvement », refusant d’être récupérée par les combats féminins institutionnels, qu’elle jugeait parfois moralisateurs ou dogmatiques. Et pourtant, son image d’affranchie, libre dans son corps, dans sa vie amoureuse et dans son refus des conventions sociales, a profondément marqué les femmes de la génération Mai 68.

Brigitte Bardot
Brigitte Bardot en 1973 (AFP)

Elle se retire du cinéma à l'apogée de sa gloire

Cette liberté de ton s’est aussi exprimée dans ses engagements. Dès 1967, elle interpelle le général de Gaulle pour dénoncer l’abattage rituel sans étourdissement, une prise de position qui annonce son virage vers la cause animale dans les décennies suivantes. Sans l’assumer pleinement, Brigitte Bardot est devenue une figure d’émancipation. Éreintée par la célébrité, B.B. claque la porte du cinéma en 1973. En se retirant du monde du septième art à l’apogée de sa gloire, elle a ouvert une brèche dans l’image de la femme soumise et décorative. Elle vend bijoux et costumes, réunit trois millions de francs et fonde, en 1986, la Fondation Brigitte Bardot pour la protection animale, reconnue d’utilité publique en 1992. Sa photo couchée sur la banquise auprès de blanchons en 1977 fait le tour du monde et contribue à restreindre la chasse aux phoques.

Un instinct viscéral de liberté

En 2018, elle publie Larmes de combat, un ouvrage qui tient à la fois du testament militant et du cri de rage, dans lequel elle dénonce « l’arrogance humaine », le mépris de l’homme pour les autres espèces, et la passivité face à la souffrance animale. Si elle reste à contre-courant du féminisme politique, elle aura, par son parcours personnel et ses prises de position intransigeantes, incarné une forme de rébellion féminine, guidée non par une idéologie, mais par un instinct viscéral de liberté.

Bardot au barreau

À partir des années 90, Brigitte Bardot opère un virage radical dans sa prise de parole publique. Engagée dans la défense animale, elle ne tarde pas à entremêler cette cause à des propos polémiques, notamment à l’encontre des pratiques d’abattage rituel, de l’immigration et de l’islam. Ses écrits et déclarations deviennent de plus en plus virulents, au point de déclencher une série de poursuites judiciaires.

Condamnée pour haine raciale

Entre 1997 et 2008, l’ancienne icône du cinéma français est condamnée à cinq reprises pour incitation à la haine raciale, principalement à la suite de propos tenus dans ses livres, comme Un cri dans le silence, ou dans des tribunes et entretiens accordés à la presse. Un entretien accordé au Figaro, dans lequel elle dénonce « l’invasion » de la France par des populations musulmanes, attirant les foudres du MRAP, de la LICRA et de la Ligue des droits de l’homme. En 2008, elle est condamnée à une amende de quinze mille euros, sa peine la plus lourde, pour avoir tenu des propos visant explicitement les musulmans dans une lettre adressée au président de la République.

De légende populaire à figure controversée

Loin de se rétracter, Brigitte Bardot revendique ses positions et les intensifie. Elle affiche publiquement son soutien à Marine Le Pen et n’hésite pas à défendre le programme du Front national (nouvellement Rassemblement national). Ce ralliement, assumé et médiatisé, choque une partie de l’opinion et accentue la fracture entre la légende populaire qu’elle fut et la figure controversée qu’elle est devenue dans ses dernières décennies. Beaucoup y voient un reniement de l’icône pop, transgressive et libre, des années 60, au profit d’un discours identitaire jugé incompatible avec l’image qu’elle avait incarnée.

Amours, blessures, retraits : l’autre versant de la légende

Quatre mariages (Vadim, Charrier, Sachs, d’Ormale), une maternité compliquée, plusieurs tentatives de suicide et une vie entière traquée par les paparazzis : derrière la star solaire se cache une femme vulnérable, recluse depuis cinquante ans à La Madrague, sa maison de Saint-Tropez, où chiens, chats, chevaux et chèvres tiennent le rôle de rempart contre le monde.

Qu’on célèbre la pionnière de la libération des corps ou qu’on dénonce ses tribunes politiques radicales, impossible d’ignorer l’onde de choc Bardot : révolution esthétique, modèle d’autonomie, mécène des sans-voix et porte-étendard d’opinions fracassantes. Un legs contrasté, à son image, mais dont l’empreinte sur la culture populaire et la protection animale restera indélébile.

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