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Le Rafale, cet avion décrié qui se vend désormais comme des petits pains

DECRYPTAGE SUD RADIO – Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a signé ce lundi avec Emmanuel Macron une lettre d’intention pour l’achat de « jusqu’à 100 Rafale » à la France. Une perspective de commande qui pourrait élever la note à plusieurs dizaines de milliards d’euros, illustrant la puissance du Rafale pourtant vivement critiqué à ses débuts.

Le Rafale, de l’avion décrié à l’emblème de la Défense française
ALAIN JOCARD - AFP/Archives

À l’occasion de sa neuvième visite en France depuis le début du conflit avec la Russie, Volodymyr Zelensky a paraphé ce lundi avec Emmanuel Macron une déclaration prévoyant l’acquisition par l’Ukraine de « jusqu’à 100 avions Rafale ». Une commande massive assortie de systèmes de défense aérienne (SAMP-T), de radars et d’autres équipements militaires sur une “dizaine d’années”, selon l’Élysée. Mais comment le Rafale, d’abord mal aimé et aux débuts commerciaux très poussifs, est devenu en quelques années un incontournable de l’aviation militaire au rayonnement mondial ? 

Un pari 100% français au démarrage laborieux

Le Rafale naît dans un contexte de coopération européenne marquée par plusieurs divergences. Alors que plusieurs nations convoitent un avion spécialisé, la France rêve d’un appareil polyvalent, capable d’assurer des missions air-air, air-sol et embarquées. Les désaccords portent sur les moteurs, la structure et les missions envisagées. Finalement, la France décide de partir seule et confie à Dassault Aviation la conception d’un avion omnirôle, alimenté par un réacteur développé localement.

Le démonstrateur effectue son premier vol en 1986. L’objectif est ambitieux : remplacer plusieurs modèles anciens (Mirage, Jaguar, Super Étendard…) par une plateforme unique, capable de répondre à divers besoins. Mais les débuts sont difficiles : retards, coûts élevés et manque de commandes freinent le développement. Le projet est même suspendu à un moment, preuve de la défiance persistante autour de cet appareil très audacieux.

323 Rafale depuis les années 2010

Pourtant, le Rafale connaît aujourd’hui un réel succès commercial : des centaines de commandes ont été enregistrées cette quinzaine de dernières années. Le tournant ? L'intervention en 2007 en Afghanistan, qui va offrir à ce fer de lance de la Défense aérienne française un rayonnement international. L’avion séduit et se démarque de la concurrence. De nombreux pays comme l’Égypte, le Qatar, l’Inde, la Grèce, la Croatie, l’Indonésie ou encore la Serbie vont passer commande, les Émirats arabes unis étant les meilleurs acquéreurs avec 80 avions commandés à la France.

Au total, ce sont 323 appareils qui ont vendus, livrés ou sont en cours de construction à l’export, sans compter la potentielle commande ukrainienne. Sans oublier les Rafale de l’armée française, soit une flotte globale de 533 Rafale à travers le monde. Ce succès global et massif du Rafale qui en fait aujourd'hui le pilier incontournable de l’industrie de défense française.

Des milliards d’euros engrangés par Dassault

Selon les versions, le prix d’un Rafale varie. Un appareil “nu” (sans armement, sans logistique) peut coûter entre 70 et 100 millions d’euros. Mais les vrais contrats internationaux sont bien plus lourds. Lorsque l’on intègre formation, armement, maintenance et soutien, le coût par appareil peut atteindre plusieurs centaines de millions. Si l'on se base sur les contrats passés, la valeur totale dégagée par Dassault via les ventes de Rafale se chiffre en dizaines de milliards d'euros, consolidant la rentabilité du programme tout en renforçant la chaîne industrielle nationale.

Consommation réduite, polyvalence et flexibilité

S'il est devenu « à la mode » sur le tard, le Rafale doit néanmoins faire face sur la scène internationale à des concurrents comme le F-35 américain ou l’Eurofighter Typhoon européen. Mais l'avion tricolore dispose d’atouts distinctifs. D’abord, son coût opérationnel est jugé avantageux. En effet, son moteur consomme moins que certains concurrents, réduisant les coûts de vol. Ensuite, sa modularité et sa polyvalence séduisent : il peut être adapté aux besoins spécifiques des clients, qu’il s’agisse de missions nucléaires, de frappes, d’interception ou de reconnaissance.

En outre, le Rafale bénéficie d’une flexibilité stratégique. Les clients peuvent configurer leurs avions selon leurs priorités (armement, radar, formation, maintenance), rendant l’offre particulièrement attrayante dans un marché où les besoins sont très divers. Longtemps considéré comme trop coûteux ou trop ambitieux, le Rafale est aujourd’hui l’un des fleurons de l’industrie aéronautique française et l’accord d’acquisition de l'Ukraine ne fait que confirmer la confiance accordée à la France par les puissances étrangères.

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