Les présidents ukrainien et français Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron se retrouvent lundi à Paris pour discuter des besoins militaires de Kiev et de la coopération des industries de défense des deux pays, le dirigeant ukrainien évoquant un "accord majeur en préparation".
Il s'agit selon l'Elysée de "mettre l'excellence française en matière d'industrie d'armement au service de la défense de l'Ukraine" et de "permettre d'acquérir les systèmes qui lui sont nécessaires pour répondre à l'agression russe".
La présidence française a notamment évoqué "la défense du ciel ukrainien", alors que Volodymyr Zelensky a renouvelé samedi son appel pour obtenir davantage de systèmes de défense aérienne, au lendemain de nouvelles frappes russes massives contre son pays.
Le chef de l'Etat français et son homologue commenceront leur journée sur la base aérienne militaire de Villacoublay, au sud-ouest de la capitale.
Un avion de chasse Rafale (au premier plan) et un Mirage 2000 D de l'armée de l'air française survolent les côtes sud-ouest de la France, le 26 septembre 2025
ALAIN JOCARD - AFP/Archives
Le président ukrainien, qui a signé le mois dernier une lettre d'intention en vue d'acquérir 100 à 150 avions de chasse suédois Gripen, se verra présenter l'avion de combat français Rafale et son armement, ainsi que des systèmes de drones et le système de défense anti-aérienne SAMP-T de nouvelle génération.
Celui-ci doit être livré à la France à partir de 2027 et dispose de capacités d'interception étendues contre les missiles par rapport au SAMP-T, dont un exemplaire est déployé en Ukraine.
"Nous travaillons à la livraison de plusieurs systèmes de défense aérienne, au renforcement de notre aviation", a annoncé vendredi dans une vidéo Volodymyr Zelensky, selon qui "un accord majeur est en préparation avec la France".
"Il va être finalisé très rapidement j’en suis sûr, ce sera historique", a-t-il ajouté.
- "Force multinationale" -
Emmanuel Macron avait annoncé fin octobre la livraison "dans les prochains jours" de missiles antiaériens Aster tirés par le SAMP-T, et d'avions de chasse Mirage 2000 supplémentaires. Kiev a déjà reçu trois des six appareils promis.
Les deux dirigeants participeront dans l'après-midi à l'Elysée à un "forum drones franco-ukrainien".
Il s'agit de "mise en contact" et de "renforcer les coopérations avec tous les acteurs de cet écosystème, que ce soit les acteurs industriels ou les acteurs financiers", selon l'Elysée.
Un pilote de drone ukrainien à l'entraînement, dans l'est de l'Ukraine, le 9 octobre 2025
Ed JONES - AFP/Archives
Kiev entend utiliser cette année plus de 4,5 millions de drones, qui sont responsables de 70% des destructions de matériels ennemis sur le front. Le pays a développé pour cela un agile réseau de production. L'Ukraine utilise également des drones pour abattre les drones Shahed lancés chaque nuit contre elle.
Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky se rendront par ailleurs au mont Valérien, à l'ouest de Paris, visiter l'état-major de la "force multinationale Ukraine" que Paris et Londres préparent pour qu'elle puisse être déployée dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu et des "garanties de sécurité" à fournir à Kiev.
Mis en place par la "coalition de volontaires", à laquelle participent, selon l'Elysée, 35 pays en incluant l'Ukraine, cet état-major "fonctionne" et est "dès à présent" capable "de déployer une force dès le lendemain d'un cessez-le-feu", assure-t-on côté français.
Cette coalition de pays, essentiellement européens, soutenant l'Ukraine s'est réunie la dernière fois à Londres le 24 octobre.
Les garanties de sécurité envisagées pour l'Ukraine, échafaudées depuis des mois par cette coalition, comprennent un soutien à l'armée de Kiev et des volets terrestre, maritime et aérien. Mais leur mise en œuvre reste conditionnée à un très hypothétique arrêt des combats.
Cette neuvième visite du dirigeant ukrainien en France depuis le début de l'invasion à grande échelle de son pays par la Russie en février 2022 intervient alors que l'Ukraine est ébranlée par un scandale de corruption ayant poussé deux ministres à la démission et forcé Volodymyr Zelensky à prendre des sanctions contre l'un de ses proches.
"Sur les sujets de la corruption, il faut être extraordinairement vigilant. On l'est et on l'est en particulier dans ce processus d'adhésion à l'Union européenne" entamé par l'Ukraine, a rappelé samedi le ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, sur la chaîne LCI.
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