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Grenoble, Marseille : le trafic de drogue franchit un nouveau pallier en France

Longtemps perçu comme un phénomène cantonné aux cités, le trafic de stupéfiants déborde des points de deal et fait peser aujourd'hui une menace directe sur l'ensemble des villes, comme en témoignent les deux faits divers qui ébranlent depuis la fin de semaine passée Marseille et Grenoble. Et font craindre le pire à l'avenir et à l'approche des Municipales, car jamais-vus en France.

Grenoble, Marseille : le trafic de drogue franchit un nouveau pallier de violence

Le trafic de drogue semble avoir passé un nouveau cap de violence ce week-end. À Grenoble, un garçon de 12 ans est entre la vie et la mort après avoir été grièvement blessé par balle sur un point de deal. Mineur isolé, enregistré sous plusieurs identités, il avait fugué à plusieurs reprises de son établissement d’accueil. Il devait comparaître devant le juge des enfants pour détention et cession de stupéfiants. Ce drame, aussi brutal que symbolique, illustre l’exploitation d'une main d'oeuvre ou chair à canon – c'est selon - toujours plus jeunes par les réseaux criminels. Des enfants transformés en recrues disponibles, anonymes et facilement remplaçables.

Une main d'oeuvre de plus en plus jeune

Selon les données de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, près de 10 000 mineurs sont aujourd’hui impliqués dans des affaires de trafic en France. Plus de la moitié des condamnés pour infractions liées aux stupéfiants ont entre 15 et 25 ans. Et l’âge moyen des recrues tournerait même autour de 15 ou 16 ans. Mais certains réseaux recrutent même dès 10 ans, profitant des réseaux sociaux pour attirer, manipuler ou menacer.

À Marseille, en 2024, 24 homicides liés au narcotrafic ont été recensés dans les Bouches-du-Rhône, dont 20 dans la cité phocéenne. Des drames qui s’intensifient et qui concernent, là aussi, des adolescents de 14 et 15 ans qui ont été impliqués dans des homicides ou tentatives d’homicide sur fond de trafic.

Des proches désormais dans le viseurs des narcobandits

Mais le danger qui plane sur Marseille va plus loin. Il impacte désormais tous ceux qui osent combattre le narcotrafic qui sévit dans leur ville. L’assassinat du petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste engagé contre le narcobanditisme, a rappelé dans la nuit de jeudi à vendredi dernier que ceux qui se dressent contre les réseaux ne risquent pas seulement leur vie mais aussi celle de leurs proches. Amine Kessaci avait déjà été touché en 2020 par l’assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, dans un triple meurtre. Ces attaques ciblées montrent qu’à Marseille, s’opposer à la criminalité organisée peut coûter la vie.

La peur des citoyens au cœur des Municipales

À quelques mois des élections municipales, la sécurité s’impose comme l’une des principales préoccupations des Marseillais et Grenoblois. Mais pas que, puisque le phénomène gagne du terrain ailleurs en France. Les violences liées au trafic, leur exposition médiatique, mais aussi l’inquiétude face à l’implication croissante de mineurs ont renforcé la peur des citoyens. À Marseille, la question sera donc centrale en mars prochain puisqu’aucun programme crédible ne pourra esquiver l’enjeu du narcobanditisme.

Néanmoins, l’affaire Kessaci démontre qu’en parler est devenu aujourd'hui une source réelle de danger pour les personnalités publiques ou civiles. Reste à savoir quelle sera la position des candidats sur le sujet. Ils risquent désormais des représailles pas seulement à leur encontre, mais aussi contre leurs proches.

Dans ce contexte, le gouvernement s’apprête à présenter un projet de loi visant à renforcer les pouvoirs de la police municipale. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez s’est d’ailleurs dit « très favorable » au port d’armes par les policiers municipaux. Un débat qui divise mais qui pourrait s’imposer comme incontournable si le narcotrafic continue de prendre de l’ampleur. Mais qui pourrait également « embraser » l'ambiance comme le climat ambiant.

Un trafic exponentiel qui se professionnalise 

Au-delà des individus, c’est l’architecture même du narcotrafic qui se transforme et qui doit interroger. Les réseaux s’organisent en véritables micro-entreprises criminelles : chefs identifiés, ''petits soldats'', rotation des équipes, surveillance numérique et contrôle territorial assumé. Les points de deal sont gérés comme des commerces à haut rendement, avec des horaires, des référents, des « investisseurs ». 

Pour lutter contre cette « professionnalisation » du trafic de drogue, la pression policière s’intensifie dans la région. En effet, plus de 3 400 personnes ont été interpellées dans le département des Bouches-du-Rhône pour trafic en 2024, soit une hausse de près de 40 %. Mais cette hausse ne semble toujours pas être suffisant pour contenir l’essor du trafic de drogues.

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