Municipales de Paris : "Je serai un maire qui produira de la sécurité". Au micro de Sud Radio, Pierre-Yves Bournazel, conseiller Horizons de Paris et candidat à la Mairie de Paris, a répondu aux questions de Maxime Lledo.
"L’heure n’est pas au jeu, l’heure est plutôt au sens des responsabilités."
Maxime Lledo - Ce matin, vous êtes présenté comme un précurseur dans l'union des droites, notamment parce que c’est grâce au groupe Horizons que le Rassemblement national a pu voter ce texte sur la dénonciation des accords de 1968 entre la France et l’Algérie. Que répondez-vous à ceux qui y voient une dérive ?
Pierre-Yves Bournazel - "Je crois que sur ce sujet, il faut garder son sang-froid, avoir la tête sur les épaules, parce que depuis hier, on entend beaucoup de propos excessifs, ça part dans tous les sens. Je crois que c’est un débat qui mérite d’être beaucoup plus sérieusement traité. Il faut refonder incontestablement ces accords. Ça a été dit par de nombreuses personnalités modérées, si j’ose dire.
L’histoire, Edouard Philippe a été le premier, en 2023, à le dire. Pourquoi ? Parce qu’il y a un déséquilibre dans l’accord, puisque celui-ci nécessite d’abord que les deux parties tiennent leurs engagements, ce qui n’est plus le cas. Et puis ensuite, la question peut se poser : pourquoi avoir une dérogation au droit commun ? Donc ce n’est pas une question idéologique. Certains partent dans des débats en jetant des anathèmes les uns sur les autres. C’est une question très concrète, très opérationnelle et diplomatique, très forte. Il faut retrouver l’équilibre, il faut refonder cet accord. Et cela peut se faire dans le calme, dans le respect, dans la nuance, mais avec la vraie volonté de ne pas cacher la vérité. Et je crois que cet accord sera refondé tôt ou tard, parce que c’est l’intérêt général, c’est l’intérêt des relations entre la France et l’Algérie. Simplement. Pas plus, pas moins."
Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de gênant à participer à une victoire — peut-être pas historique comme le dit Marine Le Pen, mais en tout cas inédite — de ce groupe à l’Assemblée nationale ? Notamment quand on relit les déclarations d’Édouard Philippe, qui disait pendant les législatives anticipées : “aucune voix ne doit se porter sur les candidats ni du RN, ni de LFI.” Comment faire campagne sur ce thème et ensuite voter un texte porté par ce même groupe pour lequel on empêche de voter ?
"La problématique, c’est que les députés concernés, qui ont voté pour, qu’aurait-on dit d’eux s’ils avaient voté contre un texte pour lequel ils ont milité ?"
Ils auraient pu s’abstenir, comme cela se fait sur certains textes, pour s’épargner les deux critiques.
"Mais à l’Assemblée nationale, les députés de la Nation votent en conscience, c’est un débat respectable. On peut voter pour, on peut voter contre. Et quand on a des convictions, il faut les affirmer. Les députés sont libres, ils sont responsables et ils ont assumé leur responsabilité. Vous ne pouvez pas voter contre un sujet pour lequel vous militez, ça n’aurait pas de sens.
Je crois que, dans ce débat, j’ai vu des gens tweeter, s’invectiver, s’insulter. Ce n’est pas au niveau des députés. Les députés doivent garder leur sang-froid, la tête sur les épaules. Nous sommes dans des moments très difficiles pour l’avenir du pays, avec des bascules géopolitiques majeures. Nous avons la guerre sur le sol européen. Nous avons des fractures françaises profondes — sociales, économiques, territoriales. Nous avons une instabilité parce qu’il n’y a pas de majorité à l’Assemblée, et certains s’amusent. Eh bien, je crois que l’heure n’est pas au jeu, l’heure est plutôt au sens des responsabilités.
Quand j’étais député, j’ai porté une proposition de loi sur la lutte contre la contrefaçon, et j’ai convaincu un certain nombre de députés. J’ai fait voter à l’unanimité : les groupes communistes, par exemple, ont voté mon texte. Est-ce qu’ils étaient devenus du centre droit ? Et moi-même, étais-je devenu communiste ? Non. On a voté parce que c’était un bon texte."
Accord franco-algérien : "Il faut garder la tête froide. Pourquoi l'#Algérie aurait-elle un régime dérogatoire ? (...) Qu'aurait-on dit des députés @HorizonsLeParti s'ils n'avaient pas voté le texte ? Les invectives ne sont pas à la hauteur !" déplore @pybournazel #GrandMatin pic.twitter.com/fko4x5P4Io
— Sud Radio (@SudRadio) October 31, 2025
Gabriel Attal s’était prononcé dans Le Figaro pour la dénonciation de cet accord, mais il n’a finalement pas voté. Il était étonnamment absent, comme la plupart de ses troupes.
"Je crois que c’est de la démagogie que de reprocher à des députés de ne pas être présents systématiquement à l’Assemblée nationale. Tous ne peuvent pas être là sur chaque texte. Il y a des commissions, des groupes de travail, et, en ce moment, Gabriel Attal consacre beaucoup de temps au budget.
J’ai vu qu’on lui reprochait d’avoir fait des propositions avec des parlementaires européens, d’avoir même supprimé une publication… Franchement, tout cela est anecdotique.
Les députés, comme Gabriel Attal, travaillent énormément. C’est un responsable politique qui a une stature nationale et même internationale. Qu’il soit en contact avec des acteurs étrangers ou européens, c’est plutôt une bonne chose. Ce sont des échanges utiles. On a besoin de représentants qui portent la voix de la France à différents niveaux.
C’est une fausse polémique. Aujourd’hui, il y a des polémiques tous les jours, sur tout et sur rien. Et ça, ce n’est pas bon, parce que cela affaiblit le débat politique.
Nous avons besoin, collectivement, de retrouver du fond, de débattre sérieusement, de confronter nos points de vue dans le respect. C’est ça, la démocratie. Et si on veut redonner confiance aux citoyens, il faut commencer par là : se respecter les uns les autres, accepter la nuance, et ne pas chercher la polémique pour la polémique."
"On a besoin d'arrêter ce débat : “toujours plus d’impôts et de taxes”."
Un dernier mot sur ce qui se passe à l’Assemblée nationale, du côté du budget. Certains disent qu’il ressemble de plus en plus à Halloween, avec la taxe Zucman, la taxe “Zucman Life”, et la suspension de la réforme des retraites en commission. Est-ce qu’il n’y a pas un regret, de votre côté, de ne pas avoir soutenu la censure du gouvernement, quand on voit ce qu’est devenu ce budget aujourd’hui ?
La situation à l’Assemblée nationale est effectivement compliquée. Les résultats de 2024 ont créé une impasse : il n’y a pas de majorité stable. Il faut donc composer, trouver des points d’accord, bâtir des majorités de projets.
Pour ma part, j’ai les idées claires. Notre pays est saturé d’impôts et de taxes. Pour désendetter la France, la priorité doit être de réduire la dépense publique, notamment la dépense de fonctionnement.
Concrètement, il y a des doublons, voire des triplons entre administrations : l’administration centrale de l’État, les administrations déconcentrées et les administrations décentralisées. Cela crée une lourdeur et un coût considérables. Il y a donc beaucoup à faire pour réduire le poids de la dépense publique dans notre pays.
Le gouvernement devrait se fixer comme priorité non pas d’augmenter les impôts, mais de baisser la dépense. C’est une question de cohérence et de compétitivité. On doit soutenir nos entreprises, encourager l’investissement et renforcer le pouvoir d’achat des Français. On a besoin de stabilité fiscale, pas de nouveaux prélèvements chaque année. On a besoin d'arrêter ce débat : “toujours plus d’impôts et de taxes”."
Vous êtes candidat aux municipales, vous avez déclenché la machines à punchlines de Rachida Dati, le parti présidentiel présidé par Gabriel Attal a décidé de vous apporter son soutien, pourquoi c'était si important d'avoir le soutien de ce parti ?
"Je suis un homme de rassemblement. C’est mon tempérament, c’est ma manière de faire de la politique. J’ai toujours travaillé dans cet esprit. Quand j’étais à la région Île-de-France, j’ai porté la candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques. J’ai su travailler avec la Ville de Paris, avec l’État, avec Tony Estanguet et avec notre regretté Bernard Lapasset. Comme député, j’ai fait voter des amendements et une proposition de loi à l’unanimité, en rassemblant tous les groupes, y compris ceux qui ne partageaient pas mes opinions.
Je sais travailler avec les autres. Et un maire, c’est cela avant tout : un homme ou une femme qui sait fédérer, dialoguer, apaiser. Paris a besoin d’une gestion apaisée, d’un maire qui rassemble. Ce rassemblement, il se poursuit, il s’amplifie. Il crée une vraie dynamique.
Ce qui compte c’est la relation avec les Parisiens. Je suis très déterminé, j’ai une équipe solide. Je veux remettre Paris en ordre de marche, mettre en ordre les comptes, la politique du logement. Donner aux hommes et aux femmes qui tiennent Paris debout la priorité absolue pour accéder aux logements de Paris. On veut un autre chemin. On va mener cette campagne positive. On a des propositions sur la pratique culturelle et sportive, les personnes âgées, les étudiants, les apprentis. Je veux être le maire des solutions demain, au quotidien."
.@pybournazel (@HorizonsLeParti), candidat à la mairie de Paris "Le match du passé contre le passé n'est pas la solution. La majorité sortante, à bout de souffle, croit à la conservation du pouvoir… mais Paris ne s'hérite pas, elle se mérite" #GrandMatinhttps://t.co/4pCoq78k8Q pic.twitter.com/gcboZqeiNT
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"Je serai un maire qui produira de la sécurité"
La sécurité c’est un thème qui monte, il sera primordial, quelles sont les grandes ambitions que vous mettrez sur la table ?
"Je serai un maire qui produira de la sécurité. Une vraie police municipale, on va augmenter les effectifs grâce à 2 milliards d’économies sur le train de vie de l’hôtel de ville. De la vidéoprotection qui marche, qui permet de mieux mailler le territoire. Les travaux d’intérêt général, c’est une action qu’on peut mettre en œuvre au niveau municipal. Je serai le maire qui assurera la sécurité. Je vais réorganiser les travaux, avec des calendriers stricts, des pénalités financières pour les entreprises. Surtout, on fera du beau. On va entretenir notre patrimoine, embellir notre espace public. Comment peut-on faire des travaux avec des barrières aussi moches ? On va mettre d’autres formes de barriérage, pendant les travaux ça peut être esthétique. Il faut prendre coin se Paris, prendre soin des Parisiennes et des Parisiens.
Dans certains quartiers, la délinquance est organisée, violente, avec du blanchiment. Quelles mesures contre ces groupes ?
"Je suis l’auteur d’une proposition pour lutter contre les mafias. J’ai eu le courage de les dénoncer. Le maire peut agir, travailler avec la préfecture de police pour inciter à des enquêtes. Il peut utiliser le levier de la préemption pour reprendre ces baux commerciaux, développer des commerces de bouche, à vocation culturelle. Il faut être proactif en la matière, redonner à ces quartiers de la vitalité commerciale, j’agirai pour que ces mafias reculent."
Face au “bulldozer” Dati — en tête des sondages, force de frappe considérable — quels sont vos atouts et votre stratégie pour la contrer ?
"Je ne suis pas candidat contre, je suis candidat pour Paris. Je veux être maire de Paris à temps plein, je ne crois pas que le match du passé contre le passé. Paris ne s’hérite pas, elle se mérite. Il y a de la place pour un changement positif. C’est bien de porter de l’apaisement à Paris, je veux convaincre les Parisiens et les Parisiennes qu’il y a un chemin dans cette voie ’un côté, une majorité sortante, là depuis un quart de siècle, à bout de souffle, qui croit à la conservation du pouvoir ; de l’autre, une offre dans la démolition de ce qui a été fait. Il y a la place pour un changement positif et réussi. Dans une ville aussi diverse que Paris, les Parisiens iront chercher leur maire. Nos atouts : authenticité, sincérité, préparation, solidité du projet, détermination, et apaisement dans la gestion municipale. Je suis prêt, déterminé, combatif ; je veux convaincre qu’il y a un chemin."
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