La colère ne faiblit pas dans les campagnes. Alors que la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) poursuit sa progression dans plusieurs élevages français, les agriculteurs touchés restent soumis à une règle stricte : l’euthanasie totale du troupeau dès le premier cas détecté. Une mesure sanitaire jugée disproportionnée par une partie du monde agricole, d’autant que la maladie n’est pas transmissible à l’homme. Si les manifestations et blocages se multiplient, les syndicats agricoles affichent des positions contrastées. Entre défense de l’abattage systématique au nom du consensus scientifique et appel à une vaccination généralisée, la gestion de la crise révèle de profonds clivages au sein de la profession.
La FNSEA (centre droit) : Pour l’abattage total d'un troupeau
Syndicat ultra-majoritaire depuis l’après-guerre, la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) est traditionnellement située au centre droit, avec des passerelles constantes vers la droite gouvernementale. Elle se définit avant tout comme un syndicat de cogestion, privilégiant le dialogue avec l’État, quels que soient les gouvernements en place. Fondée en 1946, elle a recueilli 55 % des voix aux élections des chambres d’agriculture en 2019, en alliance avec les Jeunes Agriculteurs.
Concernant la gestion de la crise de Dermatose nodulaire contagieuse, la FNSEA, par la voix de son président, Arnaud Rousseau, a rappelé son soutien au consensus scientifique qui impose l’abattage systématique du troupeau lorsqu’un cas est détecté.
Les Jeunes Agriculteurs (alliés FNSE) : Pour l’abattage total
Créés en 1957, les Jeunes Agriculteurs (JA) représentent les exploitants de moins de 38 ans et sont donc alliés de la FNSEA. Ils partagent le même ancrage politique avec une culture syndicale tournée vers l’action publique et les dispositifs d’accompagnement de l’État.
Sur la gestion de la DNC, les Jeunes Agriculteurs sont également favorables à l’eutheunasie systématique du troupeau et demandent « la mise en place d’un cordon sanitaire préventif autour des départements ayant déjà enregistré des cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) le long de la frontière espagnole ».
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La Coordination rurale (droite) : Contre l’abattage total
Fondée en 1995 en opposition à la FNSEA, la Coordination rurale est généralement classée à droite, voire à l’extrême droite.. Son discours repose sur la critique de l’Union européenne, de l’administration, des normes environnementales et du « centralisme parisien ». Deuxième force syndicale avec 21 % des voix en 2019, elle adopte une rhétorique souverainiste axée sur la défense de l’identité paysanne et du « bon sens agricole ».
Contrairement aux Jeunes agriculteurs ou à la FNSEA, la Coordination rurale se mobilise contre l’euthanasie systématique. Ses membres sont favorables à la vaccination généralisée sur l’ensemble du territoire « pour protéger efficacement le cheptel ».
La Confédération paysanne (gauche) : Contre l’abattage total
La Confédération paysanne, troisième force syndicale agricole avec 20 % des suffrages en 2019, est située à gauche. Fondée en 1987, elle est historiquement proche de l’écologie politique, l’altermondialisme et certains courants de la gauche sociale. Elle rassemble des exploitants issus de petites fermes mais aussi des nouveaux agriculteurs utilisant des modèles alternatifs.
Hostile au productivisme et à la concentration agricole, elle défend une agriculture paysanne, territorialisée et respectueuse de l’environnement. Son rapport à l’État est critique, mais elle ne rejette pas l’intervention publique lorsqu’elle est jugée protectrice et équitable.
Sur la question de la dermatose nodulaire contagieuse, la Confédération paysanne « réclame une gestion sanitaire co-construite ». Elle exige donc « un agissement au niveau européen pour un changement de classification de la maladie », « la fin de l'abattage total au profit de l'euthanasie des animaux malades » et le « lancement d’une campagne de vaccination large et accessible à tous ».
Le MODEF (extrême gauche) : Contre l’abattage total
Créé en 1959 et historiquement ancré à gauche, voire à l’extrême gauche, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF) est longtemps resté la principale opposition à la FNSEA. Il a aujourd’hui perdu de son influence avec seulement 1,3 % des voix en 2019, mais reste le principal défenseur des exploitations familiales. Il est également hostile à la concentration foncière et au libre-échange et plaide pour une forte régulation publique des prix.
Le MODEF est également contre l’abattage systématique des troupeaux contaminés et dénonce « une mauvaise stratégie sanitaire ». Le cinquième syndicat agricole de France demande ainsi un abattage partiel et une vaccination généralisée pour enrayer la propagation de la maladie.