Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 fait déjà bondir les associations et les défenseurs des droits des personnes handicapées. Entre gels, coupes et suppressions de dispositifs, les mesures envisagées dessinent une tendance inquiétante : celle d’un recul des droits et d’un désengagement croissant de l’État envers les plus fragiles.
La fin d’un abattement sur la prime d’activité : un coup dur pour le pouvoir d’achat
Parmi les dispositions les plus décriées, le gouvernement entend supprimer à partir du 1er avril 2026, la prise en compte spécifique de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) dans le calcul de la prime d’activité. Jusqu’à présent, un abattement partiel sur le montant de l’AAH permettait d’éviter une baisse trop importante de cette prime.
Concrètement, cette suppression pourrait faire perdre jusqu’à 150 € par mois à certains bénéficiaires. Une mesure discutable d’autant que le montant maximum de l’AAH (1 033 €) reste inférieur au seuil de pauvreté estimé à 1 158 € selon l’INSEE. Le taux de pauvreté des personnes handicapées, lui, avoisine déjà 32 %, soit presque deux fois la moyenne nationale.
⚡️ Le coup de gueule de Sébastien, auditeur et AESH, contre le gouvernement : « Entendre des beaux discours, il y en a vraiment marre » #FautQueÇaChange
— Sud Radio (@SudRadio) September 21, 2025
❓ Comme Sébastien, en avez-vous assez des mesures choisies par des personnes non concernées, notamment par le handicap ? pic.twitter.com/gpYW13cIQy
Des établissements sous-financés et un secteur à bout de souffle
Autre point sensible : la dotation aux établissements et services pour personnes handicapées ne sera augmentée qu’à moitié du rythme prévu. Cela représente un manque à gagner de 500 millions d’euros. Les gestionnaires d’établissements alertent déjà sur des fermetures de places et un manque inquiétant de personnel.
Le gouvernement suit également les recommandations d’un rapport conjoint de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection des affaires sociales (IGAS) visant à « renforcer la lutte contre les fraudes » aux allocations. Cela se traduirait notamment par une augmentation des contrôles et une baisse de 15 % des crédits d’insertion professionnelle pour les personnes handicapées.
Une situation « de plus en plus révoltante »
« Je trouve ça un peu facile de toujours taper sur la minorité la plus faible. N’oublions pas que les personnes touchées par le handicap constituent la population la plus discriminée en France », dénonce notamment la militante Justine Dubost sur Sud Radio, au micro d'Anthony Martins-Misse dans « Faut que ça change ». « J’en ai un peu marre d’avoir cette posture de devoir tout le temps hausser le ton et d’être révoltée par toutes les nouvelles qui arrivent au sujet des personnes handicapées », confie-t-elle. Elle ajoute même que la situation est « de plus en plus révoltante ».
Ces nouvelles restrictions s’inscrivent dans une tendance de fond. Depuis 2017, les budgets du handicap progressent moins vite que la moyenne des dépenses sociales. En 2024, la Cour des comptes signalait déjà « une sous-budgétisation chronique des politiques du handicap ».