Une caméra très visible accrochée à l'uniforme: les contrôleurs des transports en communs pourront désormais filmer des échanges tendus avec les usagers lorsqu'ils sont en service, "à des fins de prévention et de dissuasion".
"Il y a des demandes pour près de 11.000 caméras", a précisé devant la presse le ministre des Transports Philippe Tabarot, accueilli jeudi avec le PDG de la SNCF Jean Castex à la gare de Lyon à Paris par des agents équipés d'une caméra piéton.
Le dispositif prend la forme d'un boîtier noir avec un marquage jaune très visible "Video&Audio" et un large bouton central, fixé sur la poitrine. Ergonomique, il est conçu pour être facilement déclenché en situation de tension.
Les agents de la SNCF, de la RATP ou d'autres sociétés de transport en commun pourront ainsi "déclencher ces caméras quand ils se sentent en difficulté", a souligné le ministre, qui fait état de "110.000 actes délictueux" sur les réseaux de transport par an.
Un décret publié jeudi au Journal Officiel vient détailler les conditions dans lesquelles ces enregistrements seront autorisés à compter du 19 décembre, une mesure inscrite dans une loi sur la sécurité dans les transports adoptée en mars.
Le décret stipule que "le déclenchement de l'enregistrement fait l'objet d'une information des personnes enregistrées, délivrée oralement par l'agent porteur de la caméra", sauf, notamment, si "la situation laisse craindre un risque immédiat d'atteinte à la vie ou à l'intégrité d'une personne".
Les enregistrements seront conservés pendant 30 jours, puis effacés automatiquement.
- Tasers introduits par décret? -
Jean Castex s'est pour sa part félicité du retour des caméras dont l'usage a été expérimenté pendant les Jeux olympiques l'an dernier pour les contrôleurs et les agents des gares "qui sont le plus en contact avec le public".
Il a rappelé que les agents de la sûreté ferroviaire les avaient toujours conservées et "pourront témoigner de leur efficacité".
"L'expérimentation a montré: elles font baisser la tension", a-t-il expliqué aux journalistes.
"S'il y a une scène un peu difficile qui commence à se cristalliser, l'agent - d'ailleurs il doit l'indiquer - met sa caméra en fonction et tout de suite, dans la plupart des cas, on voit immédiatement que la situation commence à s'apaiser", a-t-il dit.
Un autre aspect: des altercations sont souvent filmées par des tiers qui "font circuler des extraits bien choisis". Les enregistrements effectués par les contrôleurs serviront à "rétablir l'équilibre".
La loi accorde aux agents d'autres prérogatives comme "celle de pouvoir saisir des objets dangereux à travers des palpations" qui peuvent être effectuées à n'importe quel moment et "sur un périmètre plus large" notamment sur les parvis et dans les rames, a précisé M. Tabarot.
La loi sur la sécurité dans les transports est en vigueur depuis le 30 avril. Le décret de jeudi en encadre l'application.
Le Conseil constitutionnel avait par ailleurs censuré certaines dispositions du projet de loi initial, dont l'usage par les agents de sécurité de tasers, pistolets à impulsion électrique.
Le ministre a déclaré jeudi sur Europe 1 et Cnews vouloir "y arriver par une autre forme, à travers des décrets".
"Ce sont des agents qui sont formés, qui peuvent avoir des armes létales, il me paraît logique qu'ils puissent avoir également des armes non létales qui peuvent être efficaces sur certains rames, ou certains métros, ou certaines gares", a-t-il ajouté.
En outre, selon lui, les caméras algorithmiques (utilisant l'intelligence artificielle, ndlr), déjà utilisées "pour des événements sportifs, pour des concerts", devraient l'être aussi "pour le quotidien des Français", a-t-il conclu.
Par Olga NEDBAEVA / Paris (France) (AFP) / © 2025 AFP