La contestation agricole liée à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) paralyse toujours une partie du réseau routier du Sud-Ouest. Les syndicats continuent de dénoncer les abattages systématiques imposés par le protocole sanitaire de l’État. Résultat, l’A64 reste coupée entre la Haute-Garonne et le Pays basque, tandis que de nombreuses autoroutes et routes nationales connaissent encore des fermetures ou de fortes perturbations. Malgré l’annonce du lancement d’une campagne de vaccination massive, la mobilisation ne faiblit pas. Au contraire.
Un barrage filtrant pour commencer
Mais à la veille des vacances de Noël, les agriculteurs des Hautes-Pyrénées ciblent désormais les stations de ski en menaçant de bloquer l’accès aux stations les plus fréquentées. Un premier barrage filtrant est prévu dans la journée à Arreau, point stratégique pour l’accès à la vallée d’Aure et à la station de Saint-Lary-Soulan. « On va commencer doucement », explique Sylvain Arberet, porte-parole de la Coordination rurale des Hautes-Pyrénées, précisant qu’un groupe d’agriculteurs sera mobilisé sur ce point pendant que les autres maintiendront les blocages sur l’A64.
« Toucher au porte-monnaie » pour faire plier l’État
« On n’a pas d’autres moyens de pression », estime Sylvain Arberet qui explique qu’il « faut qu’on touche au porte-monnaie pour faire bouger les choses. » Les manifestants réclament toujours la fin des abattages totaux des cheptels, après la mise à mort des 20 vaches de l’élevage de Luby-Betmont, conformément à la réglementation en vigueur.
Si les agriculteurs affirment ne pas vouloir se mettre les usagers à dos, ils préviennent que le mouvement pourrait s’amplifier. « On ne pourra faire qu’une vallée à la fois pour l’instant. Mais s’il n’y a pas l’arrêt de l’abattage total, ce sera un blocage total », avertit le porte-parole de la Coordination rurale.
Les stations tremblent
Du côté des professionnels du tourisme, l’inquiétude est bien présente. Les stations des Hautes-Pyrénées pourraient perdre jusqu’à 30 % de leur chiffre d’affaires si les accès restent bloqués en début de vacances, selon Laurent Garcia, directeur de la station de Peyragudes et président régional des Domaines skiables de France.
« On comprend les revendications des agriculteurs, d’autant que certains de nos saisonniers sont aussi issus du monde agricole, mais les enjeux économiques sont considérables », souligne-t-il. Avec des taux de réservation qui approche les 70 % pour la première semaine des vacances et atteint 100 % pour la seconde, les stations redoutent un effet domino, allant jusqu’au gel des embauches saisonnières prévues en fin de semaine.
Un appel à l’apaisement qui ne convainc pas
Face à la montée des tensions, le gouvernement met en avant l’accélération de la vaccination, avec 750 000 bovins annoncés dans les semaines à venir dans le Sud-Ouest. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a également appelé à « l’apaisement » à l’approche des fêtes de fin d’année. Un message qui ne semble pas suffire à désamorcer la colère des premiers concernés.