Lors d’un point de presse tenu dans le Bureau ovale, Donald Trump a fait du Donald Trump. Le président américain a annoncé qu’il serait « prêt à déplacer certains matchs » de la Coupe du monde 2026 si certaines villes américaines « ne garantissaient pas la sécurité nécessaire ». Il cible notamment plusieurs bastions démocrates figurant parmi les onze villes hôtes comme Los Angeles, San Francisco ou Seattle, qu’il a qualifiées de « villes dirigées par des extrémistes de gauche qui ne savent pas ce qu’ils font ».
Une criminalité « hors de contrôle »
Donald Trump a fait de la sécurité intérieure l’un des axes majeurs de sa politique. En effet, depuis son retour à la Maison Blanche, il a déployé la garde nationale dans plusieurs grandes métropoles, dont Los Angeles et Washington, pour lutter contre une criminalité qu’il juge « hors de contrôle ». « Si une ville présente le moindre risque pour un événement comme la Coupe du monde ou les Jeux Olympiques, nous ne l’autoriserons pas », a-t-il martelé.
Cette prise de position intervient alors que les États-Unis doivent accueillir 78 des 104 rencontres du tournoi, organisé conjointement avec le Canada et le Mexique du 11 juin au 19 juillet 2026. Un changement d’hôte à ce stade représenterait un casse-tête logistique et juridique colossal, les contrats et infrastructures étant déjà validés depuis juin 2022.
La FIFA tempère, sans froisser Washington
Face aux déclarations du président américain, la Fédération internationale de football (FIFA) a mis près de 24 heures à réagir. Dans un communiqué laconique publié le lendemain, l’organisation s’est contentée de rappeler que « la sécurité et la sûreté constituent des priorités absolues lors de tous les événements organisés par la FIFA » et que ces questions « relèvent naturellement de la responsabilité des gouvernements ».
Une manière prudente d’éviter la confrontation directe avec Donald Trump, tout en réaffirmant son autorité sur l’organisation du tournoi. Car juridiquement, la FIFA demeure seule compétente pour déterminer les villes hôtes. Mais l’équilibre reste fragile : Gianni Infantino, président de la FIFA, entretient une relation étroite avec le locataire de la Maison Blanche, qui s’était autoproclamé chef du groupe de travail présidentiel sur le Mondial 2026.
.@JacquesMyard : "Je suis surpris que les dirigeants occidentaux cirent les babouches de Donald #Trump. On a affaire à un zigoto" #MettezVousDaccord pic.twitter.com/0NYNxCaW22
— Sud Radio (@SudRadio) October 17, 2025
Los Angeles monte au créneau
En coulisses, plusieurs responsables locaux de villes concernées ont exprimé leur inquiétude. À Los Angeles, la maire Karen Bass a notamment rappelé que « la sécurité est pleinement garantie » et que « toute tentative de déplacement serait une atteinte directe aux engagements internationaux pris par les États-Unis ».
Pour l’heure, la FIFA maintient son cap et assure que « les seize villes hôtes, aux États-Unis, au Mexique et au Canada, seront prêtes à accueillir l’événement avec succès ». Mais à huit mois du coup d’envoi, le football mondial devra composer avec une réalité américaine où la sécurité, la politique et la diplomatie semblent désormais jouer dans la même équipe.
Un Mondial sous tension diplomatique
La polémique ne se limite pas à la sécurité. En mai dernier, Donald Trump avait évoqué la possibilité d’autoriser la Russie à participer au tournoi, estimant qu’un tel geste pourrait « encourager la paix » en Ukraine. Une déclaration qui avait suscité la stupéfaction, la FIFA ayant exclu la Russie de toutes compétitions depuis l’invasion de 2022.
Plus récemment, c’est la politique migratoire américaine qui jette une ombre sur la Coupe du monde. Le "travel ban" réactivé par la Maison Blanche interdit désormais l’entrée sur le territoire à plusieurs nationalités, notamment iranienne, syrienne et afghane. Conséquence : les supporters iraniens ne pourront pas assister aux matchs de leur équipe se déroulant aux États-Unis. Et la situation reste incertaine pour d’autres pays comme la Colombie, le Ghana ou le Maroc, dont les ressortissants subissent des restrictions renforcées. « Un Mondial où certains peuples ne peuvent pas venir célébrer leur équipe n’est plus vraiment un événement mondial », a notamment regretté un responsable d’Amnesty International USA.