Jean-Michel Cohen médecin nutritionniste, était ce lundi au micro de Sud Radio à l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Le Guide d'achat pour bien manger (Éditions First), qui oriente le grand public sur la qualité des aliments consommés.
Jean-Michel Cohen : "Le Nutri-score n'est pas du tout parfait"
Valérie Expert : Dans votre livre, vous passez en revue tous les produits du quotidien avec des bons points et des mauvais points. Comment fait-on un travail comme celui-là ?
Jean-Michel Cohen : On est aidés par un site qui s'appelle "OpenFoodFacts", qui permet de voir tous les produits et d'avoir leur composition intégrale. Grâce à ce site, on peut regarder l'ensemble des produits dans une gamme, dans une catégorie alimentaire et on peut sélectionner les meilleurs des moins bons. Ce qui est assez rigolo, c'est de voir que ces livres sont vraiment scrutés, puisque je reçois régulièrement des demandes des attachés de presse ou des boîtes de communication des entreprises. C'est un évènement nouveau, d'ailleurs : ce que je dis sur les réseaux sociaux est repris par les journaux sans mon autorisation en général, ou même par les sites de radios. Sur RTL ou sur RMC, on peut entendre : "Le docteur Jean-Michel Cohen a dit que…", et puis ils déroulent quelque chose qui sort de mon livre, en général. Et ces entreprises m'appellent en me disant : "Mais vous avez dit ça ? Est-ce que c'est vrai ?". Malheureusement, de temps en temps, ce qui est traduit n'est pas exactement ce que j'ai écrit. Ce n'est pas forcément grave, mais en tout cas ça les choque.
Valérie Expert : Vous affirmez que le Nutri-score n'est pas un indicateur parfait. Pourquoi ?
Jean-Michel Cohen : Aujourd'hui les gens sont perdus, ils ont le Nutri-score, qui n'est pas du tout parfait. Ils ont les applications qui ne sont pas du tout parfaites. Tandis que là, vous avez une vision humaine des choses, c'est-à-dire le consommateur, en l'occurrence moi, qui connaît son sujet. Les gens adorent lire ce genre de bouquin parce qu'ils sont rassurés. Quand je dis qu'un petit gâteau est meilleur qu'un autre petit gâteau, ce n'est pas parce que je lui ai donné la lettre "A", "B", "C", "D" ou "E".
"C'est comme ceux qui vous mettent un petit drapeau français sur l'étiquette, alors que le produit n'est pas français"
Valérie Expert : Parlons de jambon cuit. Il y a le "Fleury Michon Supérieur", qui est dans les "verts". Et vous avez le "Fleury Michon Supérieur -25% de sel", qui est dans les "pas conseillés".
Jean-Michel Cohen : Un jambon industriel n'aura jamais le même goût qu'un jambon artisanal, puisque vous avez du dextrose à l'intérieur, qui va être du sucre pour le conserver. Puisque vous avez des colorants. Parce que ce jambon industriel, normalement, il est pâle, et il n'est pas rosé. Quand je me moque d'un produit comme ça, "-25% de sel", ça veut dire que vous allez prendre 50 à 60 g. Il y a grosso modo 1,8 g de sel, donc 0,9 grammes. Donc, quand vous avez enlevé 0,18 grammes de sel, franchement, allez me faire le marketing autrement !
Vous avez d'autres exemples ?
C'est la même chose que ceux qui vous mettent un petit drapeau français sur l'étiquette, alors que le produit n'est pas français. Ils ont le droit de mettre le petit drapeau français, ils ne vous ont pas dit que le produit venait de France. Donc, tout ça fait partie du marketing. Cet emballage du produit, il est là pour vous inciter à acheter. Quand vous regardez un pack de tartelettes à la fraise, avec des fraises dans le coin à droite… Mais il n'y a jamais eu de fraise dedans ! C'est de la purée ou de la confiture de fraise ou du concentré de fraise, qu'on a amalgamé avec de l'agar-agar pour en faire de la confiture. Donc voilà, la tromperie.
Gilles Ganzmann : Le jambon sans nitrites, il est meilleur pour ma santé, n'est-ce pas ?
Jean-Michel Cohen : Oui, mais à condition de manger que du jambon sans nitrites. Quand vous avez des nitrates naturels dans l'alimentation, les légumes qui contiennent des nitrates vont se transformer en nitrites. On va quand même continuer à manger des carottes. Donc, "sans nitrites" est devenu un argument marketing.
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