Netflix pensait racheter Warner Bros, avec notamment sa division HBO. Mais soudain, Paramount a lancé une OPA hostile. Pour l'instant, le destin de Warner Bros reste en suspens.
Damien Licata Caruso : "Paramount a mis sur la table beaucoup plus d'argent que Netflix"
Valérie Expert : Expliquez-nous ce qui s'est passé.
Damien Licata Caruso : Ce qui s'est passé déjà, c'est que Netflix a réveillé tout Hollywood une fois de plus. Hollywood, qui était déjà un peu choqué par l'arrivée de l'IA générative, qui avait déjà bousculé son secteur. Mais en plus, il y avait un acteur du numérique qui vient et qui commence à faire des acquisitions, à faire son marché à Hollywood. Le risque est qu'ils vont acquérir notamment le catalogue HBO. En plus, ils vont peut-être devoir justifier l'acquisition dans le prix. Netflix, c'est déjà assez cher. Donc, là, ils peuvent justifier un rallongement du prix.
Valérie Expert : Sait-on aujourd'hui qui a le plus de chances de l'emporter entre Netflix ou Paramount ? Et quels sont les différents enjeux ? Parce que Paramount est un studio de cinéma…
Damien Licata Caruso : Il y a deux éléments à prendre en compte. Il y a la contre-offensive de Paramount, qui a mis sur la table beaucoup plus d'argent, et avec du cash, ce qu'aiment bien les actionnaires généralement. Et en parallèle, il y a le rôle du régulateur américain. Les Américains ont beau être très libéraux, ils ont aussi une culture de l'antitrust, de l'anti-monopole. Donc, il va devoir passer des obstacles qui s'appellent des commissions, passer peut-être même devant le Sénat. Et c'est pas du tout acté que ni l'un ni l'autre y arrive.
"Warner Bros n'était pas si cher finalement"
Valérie Expert : Pourquoi cet intérêt des géants d'Hollywood envers Warner Bros ?
Damien Licata Caruso : Dans le paysage hollywoodien, Warner, c'est peut-être le studio qui a le moins de succès ces 20 dernières années. Ils ont eu moins de box office, mais ils ont aussi fait de bons investissements : ils possèdent notamment la chaîne HBO, que les gens en France connaissent bien pour des séries comme "Game of Thrones". Avec son gros catalogue de films, c'est carrément une institution aux États-Unis. Donc, il y avait une grosse valeur à prendre sur le marché - Warner n'était pas si cher par rapport aux montants qu'on peut engager. Et quand on s'appelle Netflix, on a les poches un peu plus larges. Et du coup, on peut se permettre d'essayer de tenter une forme de concentration de l'industrie et de s'approprier ce qui nous manquait. Ils ont essayé avec les jeux vidéos, ça n'a pas très bien marché. Là, ils essaient avec le cinéma.
Gilles Ganzmann : Que vient faire Trump dans cette histoire ?
Damien Licata Caruso : Alors, Trump, c'est un peu la surprise du chef, mais pas tant que ça. On connaît les liens avec Trump de la famille Ellison, propriétaires de Paramount. Il est vrai que Trump aime toujours dire son petit mot et toujours peser dans le débat. Au début, il a pris le parti de Netflix en disant que c'était un succès américain, qu'il fallait le soutenir. Mais après, il s'est rappelé qu'il devait deux-trois petits services et faveurs à famille Ellison. Et du coup, il a commencé à s'engager sur le côté Paramount. Il faut aussi regarder le côté historique : Trump a aussi aidé Paramount, cette même famille-là, à acquérir un de ses loisirs préférés, qui est les combats de MMA. C'est Paramount qui va les diffuser.
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