Le chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, a affirmé ce mercedi 22 octobre que la France devait se préparer à un « choc » militaire d’ici trois à quatre ans, évoquant la Russie comme menace potentielle. Des propos directs, inhabituels, qui ont suscité de nombreuses réactions.
Invité de Maxime Lledo de Sud Radio, Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions militaires et stratégiques déclare « Oui, c’est cash, très cash. Mais le chef d’état-major ne fait que reprendre le discours du président de la République et des documents officiels ».
Une prise de conscience progressive
Selon Jean-Dominique Merchet, ce langage direct traduit une prise de conscience progressive du risque posé par la Russie. « Elle avait commencé en 2014 avec l’annexion de la Crimée, puis en 2022 avec l’invasion majeure de l’Ukraine. Mais on pensait que la guerre ne durerait pas », rappelle-t-il.
Presque quatre ans après le début du conflit, le constat est clair : « Malgré les propositions très favorables du président Trump à la Russie, elle ne veut pas s’arrêter. Nous faisons face à un vrai défi sécuritaire pour toute l’Europe, et la France est concernée. » Cette évolution s’inscrit aussi dans un contexte budgétaire inédit. Le budget des armées augmente de 13 % sur un an. « Aucun autre budget public n’évolue à ce niveau », souligne le journaliste.
L’armée française, un modèle… mais en miniature
Pour le journaliste, l’armée française reste « excellente, l’une des meilleures d’Europe ». Mais elle souffre d’un défaut majeur : sa taille. « Je parle d’une armée bonsaï : on peut tout faire, dans presque tous les domaines, mais pas longtemps, et pas à grande échelle. »
Face aux guerres modernes, la quantité – effectifs, munitions, matériel – redevient décisive. « Les conflits récents nous apprennent que la masse compte. Et dans ce domaine, nous sommes vulnérables. »
Les drones, nouvelle arme de la guerre moderne
La guerre en Ukraine a mis en lumière l’usage massif des drones, désormais au cœur des affrontements. « C’est la guerre d’aujourd’hui, pas celle de demain », explique Jean-Dominique Merchet. Certains observateurs appellent à la prudence, estimant que l’on en fait « trop » sur cette technologie. Le journaliste y voit au contraire une révolution comparable à l’apparition des chars. « Ces réflexions me rappellent celles des cavaliers du début du XXe siècle : “Les chars, c’est bien, mais le cheval restera la base de la cavalerie.” On ne désinventera pas le drone. »
🇷🇺 Sommes nous prêts à un "choc" militaire face à la Russie ?
— Sud Radio (@SudRadio) October 25, 2025
🗣️ "Le point fort de l’armée russe, c’est sa capacité à s’adapter au fil des années"
💬 @jdomerchet, journaliste, spécialiste des questions militaires et stratégiques pic.twitter.com/PiCDxg6SiL
L’armée russe, affaiblie mais capable de s’adapter
Enfin, le spécialiste des questions militaires appelle à la prudence face aux jugements sur l’armée russe. « On a exagéré ses faiblesses comme on avait exagéré sa puissance », estime-t-il.
Si Moscou a échoué à prendre Kiev, elle s’est adaptée : usage massif des drones, petites unités mobiles, innovations tactiques rapides.« Comme en 1941, l’armée soviétique était médiocre, mais elle a su se transformer pour devenir l’une des meilleures du monde. Ne sous-estimons pas cette capacité d’adaptation. »