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Macron plaide pour "une presse libre par la contradiction et la vérification"

Le Chef de l'Etat a repris mercredi son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux, lors d'une étape en Bretagne où il a déploré les accusations, "largement biaisées", de dérive "autoritaire" qui ont suivi son soutien à une labellisation des médias.

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP/Archives

"Un peu n'importe quoi": Emmanuel Macron a repris mercredi son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux, lors d'une étape en Bretagne où il a déploré les accusations, "largement biaisées", de dérive "autoritaire" qui ont suivi son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'État a participé à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, à un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Devant près de 220 participants réunis dans une grande salle, il a été interrogé sur la démocratie et le vote à l'heure des "fake news" sur les réseaux sociaux et sur ce qu'était une information.

"Il y a eu parfois des débats ces derniers jours largement biaisés qui ont dit un peu n'importe quoi, y compris sur ce que j'avais pu dire", a répondu Emmanuel Macron.

L'idée directrice du président est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même s'il a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information en se conformant aux règles déontologiques.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, lors d'une précédente étape de cette tournée, tout en assurant que ce n'était par à l'État de le faire.

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

"Ce n'est pas du tout le travail de l'État de distinguer le vrai du faux"

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'État de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit

"Je pense que ce n'est pas du tout le travail de l'État de distinguer le vrai du faux, c'est précisément le travail d'une presse libre par la contradiction, la vérification", a répondu en personne Emmanuel Macron à Saint-Malo, reprenant une riposte déjà formulée la semaine dernière dans le huis clos du Conseil des ministres et relayée par ses ministres.

"La clé, c'est d'abord de redonner une place centrale à ceux dont c'est le travail, c'est à dire les journalistes et les organes de presse, parce qu'ils ont des professionnels qui ont été formés pour ce faire. Ils ont une déontologie, une charte déontologique", a-t-il dit.

Le président des Républicains (LR), Bruno Retailleau au Mans, le 10 octobre 2025

Le président des Républicains (LR), Bruno Retailleau au Mans, le 10 octobre 2025 / JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP/Archives

Or, cette information a un coût, pour que des journalistes puissent enquêter et vérifier, et il faut "un modèle économique derrière", a-t-il estimé.

Alors que les réseaux sociaux, eux, "ne sont pas faits pour nous informer", on ne les "paye" pas pour cela. Leur "modèle d'affaires" est au contraire de "créer de l'excitation pour pouvoir vendre de la publicité individualisée". "Quand on a compris ça, on comprend que ce qui est le plus important, c'est de créer de la dépendance", a assuré le président, debout au milieu de son auditoire .

A Saint-Malo, Emmanuel Macron a aussi mis l'accent sur les conséquences de la désinformation en matière climatique et scientifique, à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat.

Face aux attaques des États-Unis de Donald Trump contre la science climatique, "la France, elle, défend de manière inattaquable la liberté académique ouverte et même la possibilité d'être critiqué dans son action par la science", a-t-il martelé.

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il doit enchaîner avec Marseille mardi prochain.

Par Benjamin MASSOT avec Francesco FONTEMAGGI / Saint-Malo (France) (AFP) / © 2025 AFP

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