"L’Assemblée nationale a adopté hier soir le budget de la sécurité sociale, 13 voix d’écart, c’est passé de justesse. Le plus dur est à venir, à savoir le vote du budget général de l’Etat dans moins de 15 jours. Sébastien Lecornu a réussi là où ses deux prédécesseurs ont échoué, à faire passer un texte budgétaire dans une assemblée totalement fracturée.
"Le débat de la réforme des retraites reviendra comme un boomerang"
Sans 49-3. Mais à quel prix ? Le trou de la sécu s'élève officiellement à 19 milliards et demi €, le déficit restera élevé l’an prochain, à 5,3%. Le pari de repasser sous la barre des cinq points est perdu.
Les Français ne retiendront que la mesure emblématique de la suspension de la réforme des retraites. Elle va coûter 300 millions l’an prochain, 2 milliards en 2027. Le débat reviendra comme un boomerang lors de la bataille présidentielle.
"Un épisode de dupes"
L’épisode de dupes que nous venons de vivre fait croire à l’opinion publique que la réforme du système, « décalée au 1er janvier 2028 » comme l’a rappelé Emmanuel Macron, n’est pas une urgence, que l’on peut toujours emprunter et payer à l’infini. Les partis qui veulent abaisser l’âge de départ, gauche et RN, jouent avec le feu. Le réveil sera douloureux.
"Le Premier ministre gagne une étape de montagne et sauve sa tête"
Alors oui, le Premier ministre gagne une étape de montagne et sauve sa tête. Oui, Olivier Faure se pose en maître du compromis à gauche face à LFI. Alors que chaque groupe sans exception, PS inclus, lors des discours qui ont précédé le vote, a dit toute la déception, voire tout le mal qu’il pensait de ce budget de la sécu en forme de pis-aller.
Les grands déçus restent les patrons, gros et petits, tous mécontents des nouvelles hausses d’impôts, malgré quelques gestes symboliques. Une petite victoire politique, la poussière sous le tapis et chacun regarde ailleurs, en priant que rien ne bouge d’ici à 2027."