Alors que les comportements au volant sont régulièrement pointés du doigt et que les idées reçues sur les conducteurs français se multiplient, une nouvelle étude vient bousculer les idées reçues. Invité d'On parle Auto, Noureddine Bekrar, cofondateur de la néo-assurance Leocare, présente une analyse fondée sur les données de milliers d’assurés. Ses conclusions contredisent plusieurs clichés persistants.
- Cliché n°1 : “les Français ne sont pas prudents”
L’étude montre que la prudence domine largement sur les routes. "Plus de 85 % des assurés n’ont pas de sinistre", indique Noureddine Bekrar, qui rappelle que la perception collective reste biaisée : "La majorité des conducteurs sont prudents. Et ça, il faut le dire aussi." Les questionnaires anonymes confirment un respect global du code de la route. Un point d’inquiétude demeure toutefois : le téléphone au volant, omniprésent dans les situations d’inattention.
Cette tendance est confirmée par l’expérience de terrain de Jean-Luc Moreau. Après quarante ans à parcourir entre 50 000 et 70 000 km par an, il observe une nette évolution des comportements : « Les conducteurs se sont vraiment calmés au volant. » Mais il pointe un risque devenu central : "Aujourd’hui, je trouve que les gens sont particulièrement prudents, à une exception près : le téléphone portable, à mon avis, est aujourd’hui le fléau numéro un." Il explique que presque systématiquement, lorsqu’un automobiliste le coupe ou ne le voit pas, "il est au téléphone". Un phénomène qui résume le paradoxe actuel : des conducteurs globalement plus responsables, mais confrontés à une distraction devenue omniprésente.
- Cliché n°2 : “les jeunes sont les plus dangereux”
L’étude Leocare révèle un résultat inattendu : les jeunes ne sont pas plus accidentogènes que les autres conducteurs. "Nous-mêmes, on a été étonnés par le résultat de l’analyse des données. Donc ils ne sont pas aussi mauvais conducteurs qu’on le pense", explique Noureddine Bekrar. "Il n’y a pas une très grosse différence entre eux et le reste de la population. "
Ils sont davantage impliqués dans des accidents avec un tiers, un effet du manque d’expérience, mais leur nombre moyen d’accidents reste proche de celui du reste des assurés. La tranche la plus accidentée en volume est celle des 45-60 ans, pour une raison simple : "Ils représentent plus de la moitié des assurés" précise Noureddine Bekrar.
Les jeunes plus à risque d'accident que les personnes âgées ?
— Sud Radio (@SudRadio) November 15, 2025
"On a été étonné par le résultat de l'analyse des données. Ils ne sont pas si mauvais conducteur qu'on le pense. Il n'y a pas une grande différence entre eux et le reste de la population."
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- Cliché n°3 : “les seniors sont dangereux”
Les conducteurs de plus de 60 ans sont au contraire, ceux qui ont le moins d’accidents. "Au-dessus de 60 ans, c’est là qu’on a le moins d’accidents", indique le cofondateur de Leocare. Une statistique qui s’explique par des pratiques de conduite différentes : « Ce n’est pas lié à la dangerosité… c’est des gens qui roulent moins et qui roulent différemment. »
Les seniors se distinguent aussi par une fidélité durable envers leur assureur : "On ne va pas aller chercher tous les ans à changer d’assurance pour gagner quelques euros." Une stabilité qui reflète un rapport plus apaisé à l’assurance et à la voiture.