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Othman Nasrou : "Il n'y a pas de guerre des chefs chez LR"

Par Aurélie Giraud

ENTRETIEN SUD RADIO - "Je ne pense pas qu’il y ait une guerre des chefs, puisqu’il y a un chef qui a été élu au printemps dernier, c’est Bruno Retailleau" selon Othman Nasrou, Secrétaire général des Républicains et Vice-président de la région Île-de-France. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

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Othman Nasrou interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 20 octobre 2025, dans “L’invité politique”.


ENTRETIEN SUD RADIO - L'incarcération de Nicolas Sarkozy le 21 octobre 2025, le délitement de la France, la possible guerre des chefs chez Les Républicains entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez... Au micro de Sud Radio, Othman Nasrou a répondu aux questions de Jean-François Achilli.

"Je veux manifester mon soutien à Nicolas Sarkozy"

Jean-François Achilli : Où serez-vous demain matin à la même heure ?
Othman Nasrou : "Je sais qu’il y a un rassemblement de soutien en faveur de Nicolas Sarkozy. Écoutez, j’y serai peut-être, mais je veux manifester dès à présent sur votre antenne mon soutien". "Ce que je veux vous dire très clairement, c’est qu’on a affaire ici à une décision de justice qui est incomprise. Vous savez, une décision de justice doit être motivée, et on ne comprend pas bien les motivations de cette décision, ni sa sévérité, ni d’ailleurs le reproche qui est réellement fait au président Sarkozy. Donc, moi, je veux lui manifester mon soutien, physiquement peut-être demain aux côtés de ceux qui y seront, mais en tout cas, dès à présent, sur votre antenne, parce que nous avons là effectivement quelque chose qui a choqué beaucoup de nos concitoyens, à juste titre."

Gérald Darmanin a annoncé ce matin sur France Inter qu’il irait le visiter en prison. Est-ce que c’est la place d’un garde des Sceaux ?
"C’est sa liberté. S’il souhaite lui aussi manifester son soutien ou rendre visite à Nicolas Sarkozy, c’est son droit. Moi, ça ne me pose pas de problème."

Vous considérez que demain ce sera une jauge du soutien des Républicains à l’ancien président Sarkozy, ce qui se passera dans la rue, organisé par les enfants de Nicolas Sarkozy ?
"Le sujet n’est pas là. Le sujet, c’est : est-ce qu’on a une justice qui fait toujours attention à démontrer son impartialité ? Est-ce que, quand on est innocenté des trois accusations les plus graves, on peut être condamné à cinq années de prison ferme avec exécution provisoire ? Ce sont ces questions-là qui se posent et qui, aujourd’hui, ont jeté un trouble dans l’opinion publique. Et encore une fois, moi, je partage ce trouble."

"Je pense qu’il y a un sentiment de déclassement, de délitement chez beaucoup de nos concitoyens"

Jean-François Achilli : L’autre sujet de l’actualité, c’est le Louvre, le casse des bijoux de la couronne dans la galerie Apollon. Est-ce que ça vous a choqué ? Est-ce qu’à vos yeux, comme d’autres l’ont dit, tout se délite aujourd’hui ?
Othman Nasrou : "Ce qui est choquant, c’est que c’est un patrimoine inestimable, le patrimoine de tous les Français, et qu’on a eu affaire en pleine journée à un casse qui avait l’air d’avoir été bien organisé, mais qui aurait dû pouvoir être empêché. Donc des questions légitimes se posent sur la sécurisation du Louvre, sur la sécurisation de notre patrimoine, parce que nous avons une série de cambriolages dans des musées. Et oui, est-ce qu’il y a un délitement aujourd’hui de la question de la sécurité dans notre pays ? Oui, depuis longtemps maintenant. Et nous avons un travail encore colossal à faire demain quand il y aura une majorité, parce que cela suppose aussi un travail législatif pour assurer la sécurité et l’ordre dans notre pays."

Vous y voyez, comme le dit Stéphane Bern dans Le Parisien, le symbole d’une forme d’effondrement, dit-il, d’une France qui est d’une certaine manière en perdition ?
"Je pense qu’il y a un sentiment de déclassement, de délitement chez beaucoup de nos concitoyens. Et vous voyez, sur ces questions de sécurité, pendant un an, nous avons eu un ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a démontré que quand il y a une volonté politique, on pouvait faire bouger les curseurs."

Mais il n’y est plus.
"Il n’y est plus, parce que les conditions pour y revenir ne sont pas réunies. Mais ce que je veux vous dire, c’est qu’il y a des solutions qui existent, et qu’il y a des pays qui ont réussi à remettre de l’ordre. Il va bien falloir que nous prenions nos responsabilités pour le faire sérieusement, quand il y aura encore une fois une majorité à l’Assemblée nationale."

Jean-François Achilli : Venons-en justement à ce qui s’est passé. Est-ce que vous ne regrettez pas, vous, secrétaire général des Républicains, d’avoir exclu les six ministres LR embauchés par le gouvernement Lecornu 2 ?
"Nous avions pris la décision collective de ne pas participer à ce gouvernement, avec nos instances, avec le vote aussi de nos adhérents qui, très massivement, ont souhaité qu’on ne participe pas. Ma responsabilité de secrétaire général, c’est de faire appliquer les décisions qui sont prises et d’assurer le bon fonctionnement. J’ai adressé un courrier aux six ministres en question, d’abord pour leur demander des explications, pour leur demander s’ils maintiennent leur participation. Et au moment où je vous parle, cette procédure est en cours. Je vous le dis de la manière la plus claire qui soit : nous sommes entrés à l’origine au gouvernement pour empêcher la gauche d’arriver aux responsabilités, pas pour appliquer son programme. Et ce que je vois aujourd’hui, c’est que ce gouvernement est tenu de céder à toutes les folies du Parti socialiste. Je ne vois pas comment LR peut participer dans ces conditions-là."

Vous dites “procédure en cours”, cela signifie qu’éventuellement les six ministres en question pourraient ne pas être exclus à terme ?
"Il y a une procédure. Moi, je vous donne mon sentiment personnel, celui du secrétaire général de LR. Pour moi, il faut que les choses soient claires : on ne peut pas, en tant que LR, être dans un gouvernement avec la gauche. Le courrier que je leur ai adressé les invite à s’expliquer pour qu’on puisse prendre une décision définitive. À mon sens, on ne peut pas participer à ce gouvernement."

Donc ça veut dire qu’ils seront exclus ?
"Je vous le dirai à l’issue de la procédure. Je ne peux pas prendre une décision seul. Il y a des règles dans nos statuts, une procédure contradictoire, et tant qu’elle n’est pas finie, je ne peux pas ici vous annoncer quoi que ce soit. Mais je vous le redis très clairement : je ne vois pas comment LR peut participer à ce gouvernement."

"Nous avons une responsabilité à Paris : sortir la gauche de l’Hôtel de Ville."

Jean-François Achilli : Rachida Dati reste tout de même votre candidate à Paris malgré cette procédure ?

Othman Nasrou : "Nous avons désigné Rachida Dati comme candidate. Ce sont deux choses différentes. Il nous arrive de soutenir des gens qui ne sont pas chez Les Républicains. C’est le cas à Lyon". "Ce qui est en question aujourd’hui, c’est : peut-on, contre l’avis de son parti, participer à un gouvernement qui va augmenter les impôts, qui a cédé sur la réforme des retraites, qui ne prévoit rien en matière régalienne ? C’est ça le sujet. La responsabilité de la droite, c’est de ne pas se compromettre dans une direction qui n’est pas la nôtre."

J’entends bien “ne pas se compromettre”, mais Agnès Evren, porte-parole des Républicains, était à l’inauguration du QG de campagne de Rachida Dati avec des ministres macronistes…
"Mais ça n’a rien à voir. Je vous ai expliqué pourquoi la participation au gouvernement était un problème : à cause des orientations qui désormais sont prises. Ce n’était pas le cas jusque-là. Nous avions exigé une feuille de route pour éviter qu’on cède au diktat de la gauche. Aujourd’hui, on cède à toutes les demandes du Parti socialiste, et on ne peut pas cautionner cela". "Sur l’échelon local, c’est différent. Nous avons une responsabilité à Paris : sortir la gauche de l’Hôtel de Ville, parce qu’elle a ruiné la ville, en matière financière, de sécurité, de propreté. Ce sont deux choses différentes. Le gouvernement, ce ne sont pas les élections municipales. Notre responsabilité, à Paris, c’est de sortir la gauche, et nous verrons si nous y parvenons. Mais je veux le dire très clairement : notre responsabilité, c’est de ne pas laisser la gauche encore plus longtemps à l’Hôtel de Ville."

" Je ne pense pas qu’il y ait une guerre des chefs, puisqu’il y a un chef qui a été élu au printemps dernier, c’est Bruno Retailleau"

Jean-François Achilli : Comment ça va entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ? Il y a une guerre des chefs à LR ?
Othman Nasrou :" Je ne pense pas qu’il y ait une guerre des chefs, puisqu’il y a un chef qui a été élu au printemps dernier, c’est Bruno Retailleau. Laurent Wauquiez est président des députés, il parle au nom des siens. La situation n’est simple pour personne. Nous avons essayé, au gouvernement, d’aller aussi loin qu’on pouvait, d’empêcher la mise en œuvre des idées de la gauche, et aujourd’hui, le compte n’y est plus. C’est pour cela que Bruno Retailleau a choisi de ne plus participer à ce gouvernement."

Fallait-il censurer, comme l’ont proposé Bellamy, Lisnard, Portelli ?
"Il aurait été beaucoup plus confortable pour quelqu’un comme Bruno Retailleau de rester au gouvernement et de ne rien dire. Il a eu le courage de sortir et de dire que ça n’allait pas, notamment parce qu’aujourd’hui, on cède tout à la gauche."

Mais Laurent Wauquiez dit le contraire : il faut travailler avec le gouvernement, ne pas censurer…
"Je vous le dis très clairement : On ne peut pas être dedans et dehors. On ne peut pas donner l’impression qu’on est ambigus, parce que la vie politique de notre pays meurt de l’ambiguïté. Il faut du courage, et le courage, c’est de dire très clairement que la direction qui est prise n’est pas la bonne". "Aujourd’hui, on a deux options : l’instabilité ou la ruine, le chaos ou la faillite. Nos députés ont pensé qu’il fallait d’abord assurer la stabilité, pour qu’il y ait un débat budgétaire. C’est dans ce débat que nous allons nous battre, et croyez-moi, la droite ne laissera pas passer toutes ces mesures démagogiques réclamées par le Parti socialiste. Qu’il y ait un budget, oui, mais pas n’importe lequel. On est en train de ruiner le pays : on a été à nouveau dégradé par une deuxième agence, et une troisième va s’exprimer. L’étranglement financier continue de nous guetter."

Alain Juppé a dit “ciao” à Bruno Retailleau sur un plateau télé.
"J’ai trouvé ça inélégant et pas à la hauteur d’un homme de la qualité d’Alain Juppé. Surtout quand on est membre du Conseil constitutionnel : on a un devoir de réserve. On ne doit pas donner l’impression d’avoir un avis arrêté sur la conjoncture politique. On a un vrai sujet dans notre pays : il faut tenir tête aux idées de gauche, y compris dans certaines jurisprudences. Ceux qui les prononcent doivent montrer leur impartialité."

Bruno Retailleau voulait remettre en cause l’accord franco-algérien de 1968. Nunez n’a pas souhaité se prononcer, disant vouloir renouer le dialogue avec Alger.
"Il part dans une autre direction que je ne partage pas. Je pense que c’est une erreur, mais c’est son choix. Vous savez, j’ai écouté avec attention le discours de politique générale du Premier ministre : il n’a pas été question de maîtrise des flux migratoires. Le mot n’a même pas été prononcé. C’est une des raisons pour lesquelles nous pensons qu’aujourd’hui, notre responsabilité n’est pas de participer à ce gouvernement, mais de faire en sorte, à l’Assemblée nationale et au Sénat, que les décisions prises soient les moins pires possibles."

Quatorze milliards de hausses d’impôts. Le gouvernement est otage des socialistes ?
"C’est un fait, avec la suspension de la réforme des retraites". "Les députés LR vont déposer des amendements, se battre. Nous sommes la première force parlementaire du pays, entre députés et sénateurs. À chaque fois, nous avons évité bien des difficultés supplémentaires. Ils vont essayer d’améliorer la copie budgétaire présentée par le gouvernement, mais en l’état, elle est inacceptable."

Jean-François Achilli : Il faut remettre un peu d’ordre dans la maison Les Républicains. Bruno Retailleau sera-t-il présent à la mobilisation pour Nicolas Sarkozy ?
Othman Nasrou : "Il faut remettre de l’ordre chez Les Républicains, certes, mais aussi dans le pays. Il y a une très grande confusion, ce n’est pas seulement chez nous. Cette situation est extraordinairement difficile pour tout le monde. Vous voyez ce qui se passe dans l’ancienne majorité présidentielle : tout le monde y va de sa déclaration". "Quant à Bruno Retailleau, il va bien. Il s’est adressé hier aux adhérents des Républicains pour leur dire un mot dans ce moment difficile et rappeler que la bataille, maintenant, c’est le budget. Là-dessus, nous serons au rendez-vous."

Bruno Retailleau reste-t-il un candidat possible pour 2027 ?
"Nous désignerons notre candidat en temps et en heure. Il est aujourd’hui le chef des Républicains. Nous devons réapprendre à pousser tous dans la même direction. Le drame de la droite, c’est la droite elle-même, ce sont ses divisions. Il faut qu’on réapprenne à parler d’une seule voix. Cette famille politique a une responsabilité : le budget qui arrive va précipiter le déclin du pays si nous ne faisons rien."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h15 dans le Grand Matin Sud Radio

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