Justice, Conseil constitutionnel, immigration, islamisme, fillettes voilées à l'Assemblée nationale, union des droites : Au micro de Sud Radio, Marion Maréchal a répondu aux questions de Maxime Lledo sur l'antenne de SUD RADIO.
"La responsabilité professionnelle existe dans toutes les professions"
Maxime Lledo : L’affaire Elias, ce collégien de 14 ans assassiné à coups de machette, met en cause des défaillances judiciaires. La mère de la victime réclame que les juges justifient leurs décisions. Est-ce le vrai débat à mener aujourd’hui ?
Marion Maréchal : "Cette affaire est insupportable. Et également celle d’Adrien Pérez, qui revient dans l’actualité. Sur le cas d’Elias, ce jeune garçon de 14 ans assassiné gratuitement par deux mineurs, on découvre une succession de défaillances personnelles d’un certain nombre de juges, notamment le juge des enfants, qui refuse un contrôle judiciaire sur des multirécidivistes. Dix-neuf agressions ou tentatives de vol avec violence en dix-neuf jours. C’est une défaillance quasi systémique de moyens et de discernement. Ça dit quelque chose du grand malade qu’est notre Justice."
La mère d’Elias souhaite que le Code de déontologie des magistrats comporte l’obligation d’expliquer leurs décisions. Est-ce une bonne idée ?
"Je pense qu’il y a un débat à poser : qui juge les juges ? Quand il y a une défaillance professionnelle manifeste, une erreur de discernement grossière au regard des faits, il faut s’interroger sur les motivations. Qu’est-ce qui pousse un juge des enfants à refuser le contrôle judiciaire de mineurs dangereux, si ce n’est une idéologie laxiste d’extrême gauche ? Oui, il faut pouvoir poser une responsabilité professionnelle, comme dans toutes les professions."
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Faut-il une institution indépendante pour cela ?
"Il faut un contrôle professionnel en cas de défaillance, par un organisme dédié, mais qui ne soit pas uniquement composé des pairs. Le corporatisme empêche tout contrôle réel. Il faut de la diversité, y compris des magistrats, des policiers, peut-être des politiques, afin de poser la question de la compétence du juge quand il y a faute manifeste."
Vous évoquez l’affaire Adrien Pérez…
"J’ai écouté le témoignage de la mère d'Adrien Pérez, il m’a retourné l’estomac. Son fils a été tué gratuitement, et le meurtrier a eu 18 permissions de sortie durant ses 7 ans de prison. Il s’est marié, a fait du sport, est parti en week-end, et ressort comme si de rien n’était. Parce qu’il y a deux procès dans la justice : celui public, et celui caché, du juge d’application des peines, qui seul revient sur la décision et divise les peines par deux. Ce n’est plus possible."
"Il faut réformer le Conseil constitutionnel, qui est devenu un véritable législateur"
Gabriel Attal a déclaré que le vrai débat en 2027 serait celui de l’évolution de la Constitution. Êtes-vous d’accord ?
"Je suis convaincue qu’il n’y aura pas de véritable changement de politique sans changement constitutionnel. Et parmi les changements nécessaires, il y a évidemment la question de l’immigration."
De quelle manière ?
"Il faut adosser une loi constitutionnelle sur l’immigration pour retrouver la main et contrarier les décisions pro-immigration devenues jurisprudentielles. Le Conseil constitutionnel a censuré, par exemple, la loi ‘Philippine’ qui allongeait la durée de rétention des clandestins dangereux."
Vous parlez d’un Conseil constitutionnel devenu trop puissant ?
"Le Conseil constitutionnel est aujourd’hui un nouveau législateur. C’est une juridiction dirigée par un ancien socialiste, qui empêche le Parlement de durcir la législation sur l’immigration. Il faut réformer cette institution pour la ramener à ses missions initiales : le contrôle de la légalité des élections et le respect strict de la Constitution. Aujourd’hui, elle surinterprète les textes pour défendre une idéologie."
.@MarionMarechal (@ID_Libertes) : "Le Conseil constitutionnel est devenu un véritable législateur. Il faut le réformer, il y a une dérive. Nous devons casser cette idée que l'État de droit, c’est l'État de droit de la gauche" #GrandMatin https://t.co/QKa5Efuc2W pic.twitter.com/lnT79pTBok
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Faut-il supprimer le Conseil constitutionnel ?
"Non, je pense qu’il faut le conserver pour ses missions d’origine. Mais il faut mettre fin à la dérive d’interprétation qui transforme l’État de droit en ‘État de droit de la gauche’. Oui, il faudra une réforme constitutionnelle pour rétablir un équilibre institutionnel sain."
"Le RN n’est pas socialiste"
Gérald Darmanin vous accuse, vous et vos alliés du Rassemblement national, de pratiquer la "taqiya économique". Que lui répondez-vous ?
"Je suis présidente d’Identité et Libertés, un parti allié mais distinct du Rassemblement national, parce que j’ai une ligne différente, notamment sur l’économie. Certains me qualifient de plus libérale, moins étatiste. Je n’ai aucun problème à assumer des différences économiques. Mais j’aime l’honnêteté intellectuelle : dire que le Rassemblement national est socialiste ou LFIste, c’est absurde."
Pourtant, certains chiffres montrent des hausses d’impôts…
"Le RN a défendu quelques hausses ciblées, que je ne partage pas toutes, mais il a aussi bloqué des augmentations d’impôts pour défendre le pouvoir d’achat. Nous avons défendu des baisses, comme sur la CVAE, un impôt de production injuste. Nous avons même empêché la hausse des taxes sur les biocarburants. Donc non, le RN n’est pas socialiste."
Votre coalition tiendra-t-elle malgré ces divergences économiques ?
"Le propre d’une coalition, c’est d’additionner des sensibilités différentes. Il n’y a pas moins de différences à gauche. Et au-delà de l’économie, ma motivation première, c’est la démographie, l’immigration, la sécurité. Sur ces sujets vitaux, il y a une convergence réelle entre toutes les droites."
"Une coalition des droites, du camp national au centre droit, n’est pas une fantaisie"
Cette coalition des droites est-elle une réalité politique ?
"Oui, et le vote sur la fin des accords de 1968 en est la preuve : Identité et Libertés, le RN, Horizons, Les Républicains ont voté ensemble. C’est la démonstration qu’une coalition des droites, du camp national au centre droit, n’est pas une fantaisie mais le seul chemin possible et souhaitable."
Marine Le Pen refuse de se dire "de droite", et Bruno Retailleau rejette l’idée d’une grande primaire. L’union des droites n’est-elle pas condamnée à rester une idée ?
"Ce sont les événements qui font les choix. Les choses avancent plus vite qu’on ne le croit. Les votes, les appels au rassemblement, les mains tendues se multiplient. Les responsables politiques devront prendre leurs responsabilités."
Vous avez cité l’élection de Zoran Mamedani aux États-Unis, un candidat soutenu par la gauche radicale. Quelle leçon en tirez-vous ?
"Que nous ne sommes pas à l’abri que des grandes capitales européennes tombent un jour entre les mains de cette extrême gauche multiculturaliste et pro-Hamas. Il faut s’unir pour éviter cela."
"Le voile n’est pas une tradition française"
Des fillettes voilées ont assisté aux questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Une provocation ?
"C’est extrêmement choquant. Le port du voile est interdit dans l’hémicycle, mais le règlement n’a pas été respecté. Au-delà de cela, je suis choquée qu’il existe en France des écoles privées qui voilent des fillettes. Qui voile les fillettes ? Les fondamentalistes."
Vous êtes accusée de faire la "police du vêtement"…
"Excusez-moi, ça va au-delà de ça. Le voile a une dimension politique. Il permet de réprimer et discriminer les femmes dans certains pays musulmans. Ce n’est pas neutre. Ce n’est pas une tradition française, c’est un sujet culturel et civilisationnel. L’État doit se pencher sur ces écoles."
Sur l’assaillant de l’île d’Oléron, dont les motivations islamistes se précisent, avez-vous trouvé qu’on a été trop prudents ?
"Les motivations islamistes semblent avérées. Ce profil ambigu dit quelque chose de notre société : des individus fragiles peuvent se radicaliser sur Internet, dans un climat d’islamisme d’atmosphère. L’État a perdu le contrôle de ces contenus tentaculaires."
Faut-il travailler plus longtemps ?
"Oui."
Faut-il une réforme des retraites ?
"Oui, mais en ouvrant une part de capitalisation."
LFI est-elle antisémite ?
"Oui, il y a des profils manifestement ambigus sur la question, et cela pour des raisons électorales."
Êtes-vous favorable à l’accord commercial Mercosur ?
"Non, je me bats contre au Parlement européen."
Marine ou Jordan ?
"La question ne se pose pas. C’est Marine Le Pen qui est la candidate officielle du Rassemblement national, et je la soutiens comme alliée du camp national."
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