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Municipales : soutenir Dati au second tour ? "Il faut toujours éviter le pire" pour Thierry Mariani (RN)

Par Adélaïde Motte

ENTRETIEN SUD RADIO - Mercosur, blocages des agriculteurs, guerre en Ukraine, mairie de Paris : Thierry Mariani, était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

mairie de paris
Thierry Mariani interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 22 décembre 2025, dans “L’invité politique”.

Soutenir Rachida Dati au second tour ? "Il faut toujours éviter le pire" déclare Thierry Mariani, candidat RN à la mairie de Paris. Le député européen a répondu aux questions de Jean-François Achilli.

Mercosur : "tous ces traités de libre-échange fonctionnent sur le même modèle : on importe des produits agricoles et on exporte des produits industriels."

Jean-François Achilli : Les agriculteurs en colère vont-ils rester mobilisés pour Noël et les fêtes de fin d’année ? Vous avez entendu le gouvernement, qui ne tolérera plus de nouveaux blocages. La porte-parole Maud Bregeon l’a dit, et Laurent Nuñez appelle à la responsabilité pour lever les barrages. Qu’est-ce que vous dites ce matin ?

Thierry Mariani : "Je comprends la colère des agriculteurs, parce que franchement, quand on voit les derniers événements, le gouvernement a fait preuve d’une brutalité totalement excessive. Quand on utilise un hélicoptère et des blindés de la gendarmerie pour accompagner l’abattage d’un élevage, c’est complètement disproportionné face à des agriculteurs qui ne sont pas des voyous."

Il y a le sujet connexe du Mercosur. La signature est reportée. Vous dites bravo ?

"Un mauvais traité appliqué à partir de décembre reste un mauvais traité s’il est signé en janvier. Il ne faut pas signer. Soyons clairs : ce report a été obtenu parce que Madame Meloni, qui est un peu plus écoutée que Monsieur Macron à Bruxelles, s’est jointe à cette position pour des raisons nationales italiennes. Mais l’Italie est très claire : pour elle, ce n’est qu’un report. En réalité, ce qu’on nous demande, c’est de ne pas signer ce traité, alors qu’il sera quand même accepté. Dans ce traité, le grand perdant sera l’agriculture française. Tous ces traités de libre-échange fonctionnent sur le même modèle : on importe des produits agricoles et on exporte des produits industriels. Le grand gagnant, c’est toujours l’Allemagne, puisque malheureusement notre industrie est en baisse. Le grand perdant, ce sont toujours les agriculteurs français."

Mais à quoi ça sert de ne pas signer seul dans son coin si tous les autres signent ?

"Il faut être clair : quand Monsieur Macron dit « jamais je n’accepterai », il faut rappeler que les traités commerciaux relèvent de la compétence exclusive de l’Union européenne. Cela signifie que même s’il y a un ou deux États contre, ils n’ont pas de droit de veto. C’est ce qu’on appelle la majorité qualifiée. Il faut une minorité de blocage, et elle n’existe pas. Donc ne pas signer ne sert à rien : le traité sera appliqué. On n’avait pas signé le CETA avec le Canada, et pourtant il s’applique."

Certaines filières françaises aimeraient bien cet accord, comme le lait, le vin, les spiritueux…

"Vous avez entièrement raison. Pour la filière viticole, par exemple, c’est a priori positif. Mais ce que nous demandons, c’est que dans un traité on mette ce qui ne nous est pas défavorable. Quand Monsieur Macron parle de clauses de sauvegarde ou de clauses miroir, on sait très bien que c’est inapplicable et refusé. Si ce traité est appliqué, il y aura quelques gagnants, mais il y aura de très grands perdants, notamment l’élevage français. À chaque fois, on importe de la viande de l’autre bout du monde, alors qu’on ferait mieux de soutenir les producteurs français et européens."

"L’Ukraine n’a même plus de quoi financer son budget."

Le dialogue entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron est-il une bonne chose ?

"Chaque initiative de dialogue est une bonne chose. Pour être crédible, il faut aussi avoir une certaine position de neutralité. Je ne suis pas persuadé qu’Emmanuel Macron soit le mieux placé après tous les propos qu’il a tenus sur la Russie et sur Vladimir Poutine. Mais chaque fois qu’on dialogue, c’est toujours mieux que de se faire la guerre. L’intérêt de la France est d’avoir de bonnes relations avec la Russie. Aujourd’hui, on passe notre temps à chercher des matériaux stratégiques et des matériaux rares. Si l’Europe était liée à la Russie, nous n’aurions aucun problème économique."

90 milliards d’euros accordés par l’Union européenne à l’Ukraine. C’est une bonne chose ?

"Non, c’est une imposture. L’Ukraine n’a même plus de quoi financer son budget. Ces 90 milliards ce n’est même pas pour payer de l’armement, c’est fait pour financer les hôpitaux, l’école et les fonctionnaires ukrainiens. L’Ukraine est ruinée, elle ne peut pas emprunter. L’Union européenne, qui n'est pas solvable, emprunte à sa place pour lui prêter. Le problème, quand on prête, c’est qu’en général on veut être remboursé."

Quelles sont les chances que ces prêts soient remboursés ? Vous dites que ça ne sera jamais remboursé ?

"Ça ne sera jamais remboursé. D’abord parce que la Cour des comptes de l’Union européenne dit dans ses derniers rapports que l’Ukraine n’est plus solvable. Ensuite, on nous explique que l’Ukraine commencera à rembourser quand elle aura reçu les réparations de guerre de la Russie. À votre avis, est-ce que l’Ukraine a une chance de recevoir des réparations de guerre de la Russie ? Est-ce que l’Irak a des chances de recevoir des réparations de guerre des États-Unis ?"

Il faut signer un accord de paix, quel que soit le prix à payer ?

"On est dans une guerre où aujourd’hui il y a un pays qui occupe 20 % de l’autre pays. On est dans une guerre où ce pays, qui a 20 % de son territoire occupé, est ruiné. On est dans une guerre où l’Europe, qui soutient l’Ukraine, n’arrive plus à payer, n’arrive plus à financer de quoi soutenir l’Ukraine. Voilà. Vous voulez qu’on continue la guerre jusqu’à quoi ? Jusqu’au dernier euro ? Jusqu’au dernier Ukrainien vivant ?"

Vous savez ce qu'on dit Thierry Mariani, vous donnez un morceau à la Russie, elle voudra prendre le reste ?

"Pourquoi cette guerre a été déclarée ? Rappelons-le quand même : parce que l’OTAN, pendant des années, a avancé en direction de la Russie. La Russie avait averti à plusieurs reprises. Vous comme moi connaissons ce qui s’était passé en 1962 à Cuba. Les Soviétiques avaient mis des fusées qui menaçaient les États-Unis. Les États-Unis ont dit : « Vous les retirez ou c’est la guerre. » Elles ont été retirées. La Russie a fait exactement les mêmes avertissements. On ne les a pas écoutés. Tout ça coûtera très cher aux Européens et aux Français. Je rappelle que l’Europe n’a pas d’argent magique. Il faut bien que les auditeurs le comprennent. Quand on donne 90 milliards à l’Ukraine, qui ne seront jamais remboursés, cela veut dire qu’à terme, ce sont les Européens qui les paieront. Et les Français doivent bien comprendre que nous payons 18,5 % des dépenses européennes. C’est-à-dire, chers amis français, que ce week-end, avec ce prêt de 90 milliards, nos enfants ou nos petits-enfants rembourseront 18,5 %, c’est-à-dire 15 à 16 milliards d’euros, dans plusieurs années."

Mairie de Paris : "Nous excluons catégoriquement une collaboration avec Madame Dati"

Thierry Mariani, vous êtes candidat pour le Rassemblement national aux municipales à Paris, crédité de 7 % d’intentions de vote. Le RN n’a jamais fait de score dans la capitale. Qu’est-ce que vous allez faire dans cette galère ?

"Moi, je pense qu’il faut que la France retrouve une direction, un président et une majorité à l’Assemblée nationale qui s’occupent vraiment des intérêts des Français et défendent notre pays. Ça passe notamment par progresser dans les grandes villes. Or, vous savez très bien que le Rassemblement national est très fort dans les zones rurales et dans les villes moyennes, mais beaucoup moins dans les grandes métropoles, Paris, Lyon, Bordeaux. Ce sont des terres de mission. Donc on a décidé de présenter des candidats partout, même si nos chances sont faibles."

"Et puis, excusez-moi, je ne sais pas du tout comment va se passer cette campagne à Paris. Je pense que les deux grands blocs ne sont absolument pas sûrs d’avoir une majorité absolue, selon la façon dont cela se passera. Donc nous présentons nos listes, nous serons présents au premier tour, je l’espère au second, et dans ce cas-là, nous verrons si nous arrivons à peser."

Sarah Knafo, pour Reconquête, est elle aussi créditée de 7 %. Elle n’est toujours pas candidate officiellement. Vous lui lancez un appel ce matin ? Après tout, vous n’êtes pas si éloignés sur le corpus idéologique et les propositions. Vous pourriez faire un ticket avec Sarah Knafo à Paris ?

"7 plus 7, ça fait 14. S’il y avait une seule liste à Paris, on serait assuré d’entrer au conseil municipal. Et croyez-moi, ça me désole. En politique, tout peut toujours évoluer, mais c’est difficile. Je constate quand même que, ces derniers mois, les attaques d’Éric Zemmour ont surtout visé Marine Le Pen et le Rassemblement national. Donc il faudrait qu’il y ait des gestes des deux côtés. Vous avez raison, on est d’accord à 75 % sur les dossiers, sauf que nous excluons catégoriquement une collaboration avec Madame Dati. J’attends de voir si c’est la position de Madame Knafo. Madame Dati est ministre de Monsieur Macron depuis deux ans. On ne peut pas être à la fois opposant et soutien. Vous connaissez la politique comme moi : le soir du premier tour à 20 heures, c’est un autre monde. On verra. Moi, je pense qu’il faut toujours éviter le pire. Mais aujourd’hui, ce que je constate, c’est qu’on nous présente une candidate de droite. Excusez-moi, qu’est-ce qu’elle a fait pendant deux ans au ministère de la Culture ? Vous êtes capable de me citer une seule chose qu’elle a faite ?"

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