"Si dégainer le 49.3 sert à imposer un budget qui punira une fois de plus les classes populaires les classes moyennes et les travailleurs, nous nous y opposerons." Au micro de Sud Radio, Ian Brossat a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"La droite sénatoriale considère que la justice fiscale est un interdit absolu."
Jean-François Achilli : Bonjour Ian Brossat. Est-ce que vous fêtez Noël ?
Ian Brossat : "Oui, et je serai ce soir au dîner du Secours populaire. J’en profite pour saluer l’ensemble des bénévoles qui se mobilisent."
Jean-François Achilli : Pas de budget de voté au final. Rendez-vous en janvier. On en parle trop ?
Ian Brossat :" Il y a une forme de lassitude, évidemment. Mais nous avons voté la loi spéciale parce qu’il faut bien sûr que le pays fonctionne, continue de fonctionner. Je souhaite que le débat en janvier puisse mettre un peu de justice sociale, de justice fiscale dans un pays encore très fracturé."
Jean-François Achilli: A qui la faute ?
Ian Brossat : "A la droite sénatoriale, de M. Retailleau, qui a fait le choix de tout bloquer. C’est à cause de ça que la CMP a dû être interrompue au bout de 30 minutes. Mais la question c’est : pourquoi ils ne veulent pas de compromis ? Ils mettent un veto dès qu’il s’agit de mettre un peu de justice fiscale dans le pays"
Jean-François Achilli : Mais l’accord tacite entre Lecornu et Olivier Faure n’a-t-il pas faussé le jeu ?
Ian Brossat : "C’est le principe du compromis. Mais quand vous avez en face de vous une droite sénatoriale qui vote la même semaine le vote du gel des allocations et des aides sociales, et la même semaine ils votent la suppression totale de la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises… Ils considèrent que la justice fiscale est un interdit absolu. Ils considèrent qu’il faut demander plus d’effort à qui n’a rien, et jamais d’effort à qui a le plus."
Jean-François Achilli : Lecornu a annoncé les cinq chantiers prioritaires pour le budget. Vous les connaissez ?
Ian Brossat : "Non."
Jean-François Achilli : Ils seront présentés en janvier. Mais on connaît le premier, l’agriculture. D’ailleurs, les syndicats ont été reçus par Emmanuel Macron. Il reprend la main sur le dossier ?
Ian Brossat : "C’est un sujet important. Il est question du sort des agriculteurs, de la souveraineté alimentaire de notre pays. Ce sont nos agriculteurs qui nous nourrissent. Et derrière il y a des sujets d’actualité très importants, notamment le Mercosur, ce traité de libre-échange avec des conséquences extrêmement dures pour nos agriculteurs. Je comprends qu’ils soient inquiets, qu’ils se mobilisent et qu’ils tirent la sonnette d’alarme."
Jean-François Achilli : Est-ce que le gouvernement détient des réponses pour les agriculteurs ? Surtout qu’il y a cette histoire d’abattage massif à cause de la dermatose nucléaire.
Ian Brossat : "C’est en réalité un malaise qui est plus global que la dermatose nucléaire. C’est la question de faire en sorte que nos agriculteurs vivent de leur travail. Quand on signe à tire-larigot des traités de libre échange, je comprends qu’ils s’inquiètent. Les parlementaires communistes ont toujours été contre ces traités."
"Par exemple, Le CETA, traité de libre échange avec le Canada, qui s’applique par anticipation alors qu’il n’a jamais été ratifié par le Parlement. C’est un contre-sens démocratique. On ne souhaite pas que le Mercosur s’applique de la même manière. Je souhaite que la France continue de s’opposer au Mercosur et ne trahisse pas nos agriculteurs."
Jean-François Achilli : La France ne doit pas signer, pour vous. Elle risque de se retrouver seule en Europe, non ?
Ian Brossat : "Parfois nous avons raison tous seuls. Si nous devons nous retrouver seuls parce qu’on défend les agriculteurs et notre souveraineté alimentaire, nous aurons raison de le faire. Il faut tenir sur ce sujet. Emmanuel macron ne doit pas signer le Mercosur !"
Jean-François Achilli : Encore le budget : 49.3 ou pas ?
Ian Brossat : "Si dégainer le 49.3 sert à imposer un budget qui punira une fois de plus les classes populaires les classes moyennes et les travailleurs, nous nous y opposerons. Et, inévitablement, il y aura une censure."
Jean-François Achilli : Les socialistes n’ont-ils pas négocié une non-censure moyennant quelques avancées ?
Ian Brossat : "Ils ne m’ont pas fait de confidences. Pour les parlementaires communistes, si le 49.3 sert à imposer un budget d’austérité, nous censurerons. Nous n’avons pas été élus pour accepter qu’un gouvernement punisse les français."
"Michel Barnier ne s’indigne pas que des gens dorment dehors, il s’indigne qu’on les héberge. À quel niveau de déshumanisation, de décivilisation en sommes-nous arrivés ?"
Jean-François Achilli: Fabien Roussel, le Président du PCF, dénonce un budget de guerre.
Ian Brossat : "Ce qu’il veut dire c’est que beaucoup de budgets risquent d’être diminués, des postes d’enseignants supprimés, des difficultés supplémentaires services publics et de proximité et dans le même temps le budget qui explose est celui des armées. Je ne dis pas qu’il ne faut pas se défendre. Il y a des menaces, mais on ne peut pas accepter que tous les autres budgets soient des variables. Quand on diminue le nombre d’enseignants on diminue la qualité de notre école publique. Et, au final, ce sont les petits français qui en subissent les conséquences. Fabien Roussel a raison."
"Il y a la guerre, et il y a une forme de guerre de classes aussi. On a besoin dans notre pays de plus de justice sociale. Personne n’en parle. Nous avons atteint un niveau d’inégalités sociales inédit depuis 30 ans selon l’Insee. Un taux de pauvreté inédit depuis 30 ans. Nous avons dans notre pays 10 millions de pauvres."
Jean-François Achilli: Le grand froid est de retour en France. Combien de places d’hébergement d’urgence il manque ?
Ian Brossat : "Des milliers. Tous les soirs à Paris vous avez 3000 personnes qui dorment à la rue. Et l’État qui réquisitionne quelques gymnases, pas suffisamment."
"J'ai été très choqué. J’ai vu une vidéo de Michel Barnier, ancien Premier ministre et désormais député du 5e arrondissement de Paris, se rendre devant un gymnase et protester parce que ce gymnase a été réquisitionné pour héberger des jeunes qui étaient à la rue. Il ne s’indigne pas que des gens dorment dehors, il s’indigne qu’on les héberge. À quel niveau de déshumanisation, de décivilisation en sommes-nous arrivés ?"
"Je voudrais faire une proposition : vous avez des logements vides, vous avez des gens qui dorment dans la rue. Je propose que les villes disposent du droit de réquisition. Par exemple des bâtiments vides, sans aller jusqu’aux appartements."
Jean-François Achilli: Ce sont des propriétés privées, c’est un droit constitutionnel.
Ian Brossat : "Et le droit au logement aussi. Il y a le droit à la propriété et il y a le droit au logement. Quand un bâtiment est vide depuis 10 ans, j’assume, il faut que les villes aient la possibilité d’y mettre à l’abri les personnes qui dorment dehors. En France, on a deux mille enfants qui dorment à la rue, Est-ce que c’est digne de la France ? Je ne le pense pas."
Jean-François Achilli : Emmanuel Grégoire est le candidat socialiste à la mairie de Paris. Vous faites partie de l’alliance hors LFI. Est-ce qu’il y a urgence à ne pas se faire battre par Dati ?
Ian Brossat : "On a décidé de se rassembler, socialistes, communistes, écologistes, sur une même liste. Je pense que c’est cohérent. Je pense que c’est un moyen de maximiser nos chances de victoire."
"Cette élection municipale ça se jouera entre nous, la gauche rassemblée, et Mme Dati. Je dis aux électeurs et électrices de gauche parisiens, si vous voulez que Paris reste une ville de gauche, c’est pour nous qu’il faut voter dès le premier tour. Donnez-nous de la force dès le premier tour."
Jean-François Achilli : Pas d’accord avec LFI pour la gauche au premier tour. Sophia Chikirou, c’est tout de même 15 points d’intentions de vote au premier tour. Et pour le deuxième tour ?
Ian Brossat : "On grille les étapes. On est avant le premier tour !"
Jean-François Achilli : Pour conclure. Vous dites joyeux Noël ou joyeuses fêtes ?
Ian Brossat : "Je dis joyeux Noël. Pour autant, ce n’est pas parce qu’on dit joyeux Noël qu’il faut se prendre pour jean moulin. on a le droit de dire Joyeux Noël, on a le droit de s’exprimer différemment. Je trouve ces polémiques ridicules et qu’elles sont entretenues de manière artificielle."
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