Label pour les médias, budget 2026, 49-3, poids du Parti socialiste dans la majorité, municipales, Algérie, insécurité, Russie, union des droites, retraite, dépense publique, sécurité, crèches. Au micro de Sud Radio, Bruno Retailleau a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
Sur la labellisation des médias : "L'Élysée a désigné directement des journalistes, un groupe de presse et des hommes politiques
Jean-François Achilli pour Sud Radio : Jamais le président n’a envisagé de créer un label d’État pour les sites d’information, fin de la polémique ?
Bruno Retailleau : “Non, ça n’est pas une fin de polémique parce que c’est un thème récurrent chez Emmanuel Macron. Vous savez très bien que depuis le début de son mandat, il prétendait que l’information étant un bien public, ça pourrait justifier de subventionner des journalistes. En réalité cette tentative de labellisation, c’est une tentative finalement d’imposer une sorte de vérité officielle. Et ça ne peut pas marcher. La liberté d’expression, c’est la liberté d’information, et le meilleur garant, ça n’est pas je ne sais quelle labellisation. C’est une très mauvaise idée et il faut la combattre.”
Labellisation des médias : "L'Élysée a désigné directement des journalistes, un groupe de presse et des hommes politiques : c'est du jamais-vu ! C'est une tentative d'immixtion" dénonce @BrunoRetailleau (@lesRepublicains) #GrandMatin
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Rachida Dati vous paraissait pourtant très claire…
“Rachida Dati est envoyée en mission pour essayer d’éteindre le feu que le président de la République a lancé. Que l’Élysée désigne des journalistes, des hommes politiques, un groupe de presse, c’est du jamais vu. C’est une tentative d’immixtion dans la vie de l’information. Il ne peut pas y avoir de vérité officielle, pas de monopole de la vérité.”
Vous maintenez votre pétition contre cette dérive ?
“Je maintiens et j’appelle tous les auditeurs à la signer. Il y a un point sur lequel le président ne varie pas : cette dérive d’un progressisme autoritaire. Ce progressisme, c’est celui de ceux qui se sentent dans le camp du bien et voudraient régir la vie intellectuelle et l’expression publique. Qui nommerait ceux qui labelliseraient ? On voit bien qu’il y aurait un tri. Je suis pour la liberté mais aussi pour la responsabilité. Les plateformes bénéficient d’un statut d’hébergeur qui les déresponsabilise. Ce label nourrirait le complotisme.”
Emmanuel Macron panique ?
“Je pense qu’il ne panique pas, mais c’est la certitude de ceux qui pensent appartenir au camp du bien. Il faut combattre parce que la liberté d’information est constitutive de la liberté d’expression.”
Budget : "Sébastien Lecornu doit assumer le 49-3"
Les Républicains voteront-ils le budget de la Sécu ?
“Très franchement ce budget n’est pas votable. On s’est battu pour la réforme des retraites pour sauver le régime par répartition. Aujourd’hui il y a 1,6 cotisant par retraité. On ne peut pas voter un budget qui augmente les impôts et qui dit aux Français de travailler moins. Si on travaille moins, on s’appauvrit.”
Votre ligne est-elle coordonnée avec Laurent Wauquiez ?
“Je pense qu’il n’est pas votable, ni avec les impôts qui augmentent, ni avec la suspension de la réforme des retraites. Cette suspension est terrible : elle va appauvrir les retraités de demain. On est en train de creuser une fracture intergénérationnelle épouvantable.”
Sébastien Lecornu joue sa survie…
“Je ne suis pas comptable de la survie d’un gouvernement. Le Premier ministre a renoncé au 49-3. Jamais les socialistes ne voteraient une censure. Pourquoi n’utilise-t-il pas ce que la Constitution lui permet pour avoir un budget conforme ? On ne peut pas voter un budget pour voter un budget, quand on sait qu’il creusera les déficits.”
Donc vous appelez Lecornu à reprendre le 49-3 ?
“Il faut l’assumer. On ne peut pas vouloir un budget à tout prix. On ne peut pas vouloir le chaos. Avec la suspension des retraites, c’est le chaos pour demain. Monsieur Lecornu a indiqué qu’une réforme courageuse pourrait être détricotée le lendemain par un coup de force. C’est le vrai chaos.”
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"Le vice Premier ministre c’est Olivier Faure"
Le Parti socialiste pèse-t-il désormais plus que vous dans la majorité ?
“Le Premier ministre a fait le choix de se livrer pieds et mains liés au PS. Le vice-Premier ministre aujourd’hui, c’est Olivier Faure. Il fait chanter le gouvernement à sa guise. Jamais la France n’a été autant à droite et jamais le gouvernement n’a autant penché à gauche.”
Aux municipales, vous soutenez Martine Vassal malgré sa phrase sur le RN ?
“Je la soutiens à fond. Elle peut gagner, c’est la meilleure candidate. Le pire pour moi, c’est LFI. On a aujourd’hui un groupe parlementaire qui attise la haine antisémite, qui a déposé une proposition de loi pour abolir le délit d’apologie du terrorisme. Je redis : c’est l’électeur qui tranchera.”
Vous ne dites cependant pas : “le RN pourquoi pas” ?
“Je dis que l’électeur sera libre. Notre principal adversaire, en termes de violences, d’antisémitisme, d’ordre public, c’est LFI.”
Sur l’annulation du concert du 31 décembre, faute de sécurité, vous regrettez la décision ?
“Il y a un tel ensauvagement que tout devient prétexte à l’ultra-violence. Mais on ne doit pas reculer. Je pense que la décision de la mairie de Paris est une mauvaise décision. Ne rien lâcher. Il y a des risques, certes, mais le plus grand risque est de revenir sur ce que nous sommes.”
"J'en ai marre que la France s'écrase face à l'Algérie"
Algérie : sur qui Christophe Gleizes peut-il compter ?
“Il faut cette politique de fermeté. Je l’ai rencontrée, cette fermeté a permis de faire évoluer le sort de Boualem Sansal. Ce journaliste est venu parler foot et il se retrouve condamné pour apologie du terrorisme. Voilà ce qu’est le régime algérien. Je n’en peux plus que la France s’écrase.”
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Certains disent que votre fermeté a retardé les choses…
“Je suis en désaccord total. Boualem me disait que tous les jours, en prison, les informations commençaient par une ode au régime puis tapaient sur la France. Ce régime nourrit la haine anti-française pour s’excuser de ses échecs. Il faut une relation adulte, normalisée. Ce régime ne comprend que le rapport de force.”
La menace russe est-elle prise au sérieux ?
“La menace russe existe. Nous avons arrêté un individu russo-ukrainien qui bricolait un engin explosif pour le déposer dans un Bricorama, une action dirigée par les services russes. C’est ce qu’on appelle la guerre hybride. À la fois oui, il faut redouter ces menaces, mais il ne faut pas être belliqueux. Emmanuel Macron a varié à 180°. On ne peut pas minimiser la menace russe.”
"Marine Le Pen a un logiciel socialiste. L'union des droites par les appareils, ça ne marche pas"
Jusqu’à quand soutiendrez-vous le gouvernement ?
“Le budget n’est pas votable. On s’appauvrit à cause de vieilles lunes socialistes. On est le pays le plus fiscalisé. Le vrai problème, c’est la baisse de la dépense publique. Dans deux ans, la totalité de l’impôt sur le revenu sera absorbée par les intérêts de la dette. Il faut tailler dans l’État.”
Le gouvernement n’utilisera pas le 49-3 : si vous votez contre, il tombe ?
“S’il n’y a pas de 49-3, il n’y a pas de motion de censure. Le gouvernement risque un budget non voté et une loi spéciale reconduisant 2025 en 2026. Ce budget ne peut pas être voté parce qu’il n’est pas bon pour la France.”
Une censure est-elle possible ?
“Le problème d’une dissolution est qu’elle crée le chaos. Le PS n’a aucune envie de voter une censure aujourd’hui.”
Pourquoi soutenir Robert Ménard ?
“Parce que c’est celui qui porte le mieux nos convictions. Le RN l’a fait chuter. Robert Ménard est un maire talentueux, libre.”
Union des droites : pourquoi pas avec le RN ?
“Mon projet, c’est l’union de tous les électeurs de droite. Je ne crois pas à la tambouille des appareils. Le RN n’en veut pas.”
Jordan Bardella a 36,5% dans les sondages…
“Si c’est lui, les Français ont aimé un président de 40 ans, ils adoreront un président de 30 ans. L’expérience polit l’âme d’un homme. On ne s’improvise pas à cette fonction.”
Bardella à l’Élysée, est-ce un risque ?
“Je pense qu’ils ne l’enverront pas à l’Élysée.”
Vous ne renoncez pas à 2027 ?
“Je ne renoncerai jamais à mes convictions.”
Avec une primaire ?
“Nos adhérents choisiront les modalités.”
Que pensez-vous des crèches dans les mairies ?
“Je suis pour que nos belles traditions rappellent nos racines judéo-chrétiennes. C’est culturel.”
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