ENTRETIEN SUD RADIO - Le Premier ministre, François Bayrou, a tenu à répondre à la presse dimanche 31 août 2025, dans l'objectif d'expliquer son Budget et tenter de calmer les tensions politiques de cette Rentrée 2025. Car le vote de confiance, prévu le 8 septembre, semble tout sauf acquis pour l'exécutif. Invitée politique du jour, Clémentine Autain a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Il m’a convaincue sur une phrase : ‘si le gouvernement est renversé, on changera de politique’"
Jean-François Achilli : ‘Je ne dirais sûrement pas au revoir’ a déclaré François Bayrou. Il pense que ça peut bouger, que lui dites vous ?
Clémentine Autain : "Il prend ses rêves pour des réalités. J’ai écouté le Premier ministre, c‘était fastidieux et j’ai entendu un disque rayé."
Il ne vous a convaincue sur rien ?
"Il m’a convaincue sur une phrase : ‘si le gouvernement est renversé, on changera de politique’. C’est la phrase d’accord que j’ai avec François Bayrou. C’est une bonne nouvelle de se dire qu’on peut arrêter la catastrophe dans laquelle ce gouvernement nous plonge."
Vous contestez ce qui est de l’ordre du constat sur la dette ?
"Je dis que les Français n’ont pas à payer le trou budgétaire qu’ils ont créé en démultipliant les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux ultra-riches."
"Si on prend sur 10 ans, c’est 450 milliards d’euros de recettes fiscales en moins."
"Je propose au Président de la République de faire un référendum de sortie de crise."
Devant la CFDT, François Bayrou a envisagé un effort spécifique pour les hauts revenus, la suppression de certaines niches fiscales ou encore rééquilibrer les aides aux entreprises. Il semble donc prêt à discuter, pourquoi ne pas y aller et essayer de discuter ?
"Je propose au président de la République de faire un référendum de sortie de crise. Et de soumettre aux Français trois mesures pour remettre notre budget à flot."
"Je vous dis qu’avec la taxe Zucman, avec l’idée toute simple que les multinationales payent autant d’impôt que les entreprises françaises et enfin la fin des aides aux entreprises sans aucune contrepartie ni sociale ou ni environnementale."
"Vous serez d’accord avec moi qu’il n’est pas acceptable que François Pinault ou Bernard Arnault payent en proportion de leurs revenus deux fois moins d’impôts, de taxes et de cotisations sociales que la majorité des Français. Ce n’est pas acceptable, il faut que ça cesse. La justice fiscale, il faut l’inviter dans le débat."
François Bayrou a dit : ‘vous allez faire fuir tout le monde’ si les taxes sont augmentées. Partagez-vous cette analyse ?
"C’est faux. Les mensonges de M. Bayrou répétés en boucle me fatiguent et sont une insulte à ce moment que nous traversons et contribuent à masquer des choix politiques pour les transformer en inéluctabilité."
"Les études en sciences sociales sont claires et nettes. Si la taxe Zucman est à 1%, vous savez combien disent qu’ils pourraient partir ? C’est moins de 2 %. C’est résiduel. Arrêtons de raconter n’importe quoi."
"Un Premier ministre issu des rangs du Nouveau front populaire, c’est ce qu’aurait du faire le Président depuis juillet 2024"
Si le 8 septembre au soir, après la chute possible du gouvernement Bayrou, Macron nomme un nouveau Premier ministre, ce doit être qui ? Gérald Darmanin ?
"Si c’est M. Darmanin, au moins les choses sont claires, ça ne change pas de politique"
Olivier Faure ?
"Un premier ministre issu des rangs du Nouveau front populaire, c’est ce qu’aurait du faire le Président depuis juillet 2024. La logique institutionnelle depuis lors, c’était de nommer à l’époque Lucie Castets et aujourd’hui encore nommer une personnalité du NFP."
Les trois blocs sont, en termes de votes, quasiment à égalité. En quoi vous êtes plus légitimes ?
"L’arithmétique. L’arithmétique c’est le fait que notre coalition est la plus importante des trois blocs à l’Assemblée nationale."
Pourquoi pas ce ne serait pas vous qui serait Premier ministre ?
"C’est Emmanuel Macron qui va choisir."
"Moi, je pense surtout à comment nous trouvons des solutions au plus vite pour les Français."
Il n'y a que très peu de candidatures féminines à la Présidence. Pourquoi pas vous ?
"C’est évident que la place des femmes en politique est un sujet sérieux."
"Je m’engagerai si nous arrivons à mettre sur pied une primaire de gauches et d'écologistes. Je serai dans ce cadre candidate."
Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique"
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !