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François Ruffin : "On a un extrémiste à l’Élysée"

Par Jean Baptiste Giraud

Pour François Ruffin, député de la Somme, c'est à l'Élysée que se trouve l'homme du chaos, qui ne cesse de fracturer la France.

François Ruffin
François Ruffin était interrogé par Patrick Roger au micro de Sud Radio.

Cela s’est joué à neuf voix près : 278 votes pour la motion de censure. Il en fallait 287 pour barrer la route à la réforme des retraites. Le cheminement démocratique de ce texte, selon l'expression du président de la République, est-il achevé ?

François Ruffin : "On devrait tirer le pays vers le haut"

"Emmanuel Macron, c’est la novlangue, réagit François Ruffin. Il appelle cela le cheminement démocratique quand il vient de ne pas écouter des millions de personnes dans la rue, tous les syndicats, les deux Français sur trois et quatre salariés sur cinq qui ne veulent pas de cette réforme. Et ne pas écouter la majorité des députés, car il est très clair que jeudi dernier, sans 49.3, elle se serait opposé à cette réforme.  On a une brutalité à la fois sur les Français, sur l’assemblée, et maintenant sur les manifestants."

Pour autant, Emmanuel Macron avait annoncé cette réforme lors de sa campagne, et les institutions ont été respectées d’un point de vue légal... "Le président de la République devrait être le premier garant de l’unité de la nation. Il fait l’inverse, il vient fracturer le pays. Après son élection, il hérite d’un pays en trois blocs : libéral, extrême droite et gauche. Au lieu de réparer les fractures, il déchire davantage le pays. Dans quel but ? Selon l’OSCE, pour 0,1% du PIB. Il y a une vraie colère en train de s’exprimer. Le GIEC rend un rapport annonçant une hausse de 1,5 degré sur dix ans. On devrait se demander ce qu’on fait dans notre pays pour affronter la sécheresse, pour transformer les logements, l’énergie. On devrait tirer le pays vers le haut pour affronter le choc climatique. À la place, on se déchire sur les retraites. Il faut en finir avec cela."

 

"L’homme du chaos est là-haut"

"Pour retrouver l’apaisement dans le pays, c’est simple : on retire cette réforme. C’est la responsabilité du président de la République, estime François Ruffin, député LFI de la Somme. Il est atteint de démesure, seul là-haut contre tous, à imposer comme un enfant capricieux. Il a un joujou qu’il peut casser quand il veut. Le cœur de mon combat est sur un sentiment d’injustice. Toutes ces personnes - agents d'entretien, aides-soignantes, auxiliaires de vie - toutes ces personnes qui ont travaillé pendant la crise Covid, on leur avait promis reconnaissance et rémunération. À l’arrivée, ils ont inflation et deux ans de plus. La question est le destin de la France : que doit-on faire ensemble en ce moment ?"

Et si Emmanuel Macron ne retire pas cette réforme ? "Il y a une ligne rouge. Ce sont les métiers les plus difficiles qui sont le plus frappés. Olivier Dussopt n’est rien, Élisabeth Borne n’est rien. Malheureusement, aujourd’hui, tout repose entre les mains d’un seul homme dont on se demande, comme pendant la crise du Covid ou des gilets jaunes, quels sont les mots magiques qui vont sortir de sa bouche. Les crises sociales deviennent très vite des crises démocratiques. Comment se fait-il qu’un seul homme puisse décider contre le reste du pays ? L’homme du chaos est là-haut. Un chaos qu’il amène par sa manière de faire, et que je ne souhaite pas. On ne devrait pas en être là. C’est sa responsabilité. On a un extrémiste à l’Élysée."

 


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