L'incendie qui ravage le massif des Corbières dans l'Aude, le futur des territoires, le changement climatique... Eric Ménassi a répondu aux questions de Jean-Francois Achilli.
Incendie dans l'Aude : "un véritable monstre qui se déchaînait, et qui se déchaîne encore à l’heure où je vous parle"
Un incendie d’une ampleur déjà historique s’est déclenché vers 16h le mardi 5 août 2025 dans l’Aude, plus précisément sur la commune de Ribaute. "La nature de la végétation est assez caractéristique du massif des Corbières", explique Eric Ménassi, maire de Trèbes et président de l’Association des maires de l’Aude. Il y a une "garrigue dense" et "beaucoup de végétation et de pins". "Tout a flambé extrêmement vite. Et je vous dis, les premières minutes ont été déterminantes pour que le feu grossisse très rapidement."
La situation de sécheresse de l’Aude couplée à la Tramontane a conduit le vent à "tout simplement" prendre la direction de la mer. "Le feu se nourrit d’une végétation extrêmement sèche et s’accentue avec le vent", déplore le maire de Trèbes. "Toutes les conditions étaient réunies pour rendre le territoire extrêmement vulnérable." Résultat : un feu qui "a pris une ampleur sans précédent". "C’était un véritable monstre qui se déchaînait, et qui se déchaîne encore à l’heure où je vous parle."
Incendie dans l'Aude : "nous avons un bilan provisoire avec malheureusement un décès, une personne disparue et des dégâts matériels qui vont être colossaux"
L’incendie a touché "une quinzaine" de communes, selon les dernières informations du président de l’Association des maires de l’Aude. Mais il est encore très difficile d’établir un bilan de la dévastation. "Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons un bilan provisoire avec malheureusement un décès, une personne disparue et des dégâts matériels qui vont être colossaux." Le décès d’une femme a en effet été confirmé dans la nuit du 4 au 5 août 2025, tandis qu’on compte également 9 blessés. Le feu, lui, n’est toujours pas maîtrisé ou fixé.
Ces événements sont "des tragédies humaines qui sont indélébiles", souligne Eric Ménassi. "Et les maires de l’Aude, les maires de France, sont au coeur de ces tragédies, parce que les maires sont au plus près de leur population."
Il tient à "saluer l’engagement de nos pompiers", plus de 1.500 étant mobilisés sur les lieux du drame, mais aussi "de la protection civile, des élus, des personnels de la Préfecture." "Mais saluer aussi le formidable élan de solidarité de la population" qui s’est mobilisée pour aider les sinistrés.
Le changement climatique "ce n’est pas une opinion, c’est une réalité scientifique !"
Un incendie de cette ampleur, de cette rapidité, est une nouvelle preuve du changement climatique. Pourtant, certains continuent de ne pas croire que ça existe. Le maire de Trèbes rappelle que sa ville a "payé un lourd tribut à ce dérèglement climatique" en 2018, lorsque les inondations ont causé la mort de 15 personnes dans la région. "Ce changement climatique nous l’avons percuté de plein fouet."
"Aujourd’hui, les périodes de sécheresse s’accentuent, et les périodes de trop d’eau vont malheureusement s’intensifier avec une violence encore plus forte", souligne l’élu. Le territoire doit être rendu "moins vulnérable", explique-t-il, grâce à un aménagement mieux réfléchit. Il estime que les collectivités, les élus, l’État ont une "responsabilité collective" : "il faut valider un constat. Ce constat c’est que le changement climatique nous impacte et va nous impacter de plus en plus fort". "Ce n’est pas une opinion, c’est une réalité scientifique !"
Changement climatique : "Nos territoires ne peuvent plus se construire comme ils ont été construits dans les années 50, 60, 70"
Elle induit une nécessité : "réinventer l’aménagement du territoire". "Nous ne pourrons plus vivre demain comme hier", déclare Eric Ménassi.
Avec l’Association des Maires de France (AMF), dirigée par le maire de Cannes David Lisnard, il y a une volonté de transmettre cette idée. "Nous essayons de partager cette culture du risque, et surtout de partager cette nécessité d’aménager le territoire par rapport à une réalité climatique", explique le maire de Trèbes. Il demande de "faire preuve de beaucoup d’humilité" face à la nature qui se déchaîne. "Vous devez faire face à ces catastrophes de manière très organisée. Mais la meilleure façon de se préparer, c’est d’aménager le territoire."
Et cela passe par des plans d’urbanisme, par exemple, qui prennent en compte la nature, ainsi que par des sacrifices. "Nos territoires ne peuvent plus se construire comme ils ont été construits dans les années 50, 60, 70", explique Eric Ménassi.
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