Alors que le sujet refait surface sous une version remaniée "purement militaire" dévoilée par Emmanuel Macron ce jeudi et qui verra le jour à partir de l'été prochain, le service national est étroitement lié à l'Histoire de France. Mais depuis quand précisément ? Sous quelles formes différentes ? Pendant combien de temps ? Et comment s'est-il renforcé à l'approche des grandes guerres ?
1793 : 300.000 hommes de 18 à 40 ans mobilisés
En France, le terme de "service militaire" n'apparaît pas à l'origine de ce "concept". En effet, les premières "conscriptions citoyennes" comme on les appelle à l’époque, apparaissent durant la Révolution française (1789). En ce temps-là, la France fait face à des menaces extérieures de toutes parts. Coalition de nos voisins européens à l’est avec la Prusse et le Saint Empire Germanique, à l’ouest avec les guerres de Vendée, au sud avec le Royaume d’Espagne à nos portes. Mais aussi au sud-est avec l’invasion de Toulon par les Anglais. Cernée, la France n’a pas d’autre choix que de créer "La Levée de Masse" en septembre 1793 où 300 000 hommes de 18 à 40 ans, veufs ou célibataires, sont mobilisés.
1798 : service national de cinq ans pour les 20-25 ans
Toujours en guerre sur plusieurs fronts, l’Assemblée nationale décrète le 5 septembre 1798 la loi Jourdan-Delbrel. C’est le début de la “conscription universelle et obligatoire”, c’est-à-dire le fondement du "service militaire" avec le terme "militaire" dûment employé. Dans cet article de loi il est inscrit que “Tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie”. Ainsi, tous les hommes français sauf les hommes mariés et les veufs avec des enfants doivent effectuer un service national de cinq ans entre 20 et 25 ans. Ils sont répartis en cinq classes et chaque année sont appelées une ou plusieurs classes en fonction des besoins militaires. Durant la période napoléonienne, cette conscription demeure mais se transforme en tirage au sort à partir de 1804.
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1872 : service obligatoire de un ou cinq ans pour tous les Français de 19 ans
Après la débâcle de Sedan et la défaite française dans la guerre face à la Prusse (1870-1871), la conception du service militaire va changer. Selon les mots de Léon Gambetta “Quand en France un citoyen est né, il est né soldat”. Cette idée semble prendre au sein de l’administration d’État, c’est ainsi que le 27 juillet 1872, avec la loi Cissey, le service militaire va devenir obligatoire pour tous les Français âgés de 19 ans.
À l’époque, l’armée ne peut accueillir que 400 000 hommes. Le système de tirage au sort créé par l’empereur va perdurer pour décider de la durée du service actif : cinq ou un an. Si le remplacement est impossible, des dispenses sont, elles, accordées pour les élèves de grandes écoles, instituteurs, séminaristes, membres du clergé séculier et régulier. Ce système provoquera d’ailleurs de nombreuses critiques, notamment en raison des dispenses autorisées. Cette loi refuse également le droit de vote aux militaires : ce n'est qu'à partir de cette période que l’armée va être surnommée la Grande Muette.
1905 : service de deux ans pour tous les hommes de 20 ans
En 1905, le ministre de la Guerre décide avec la loi Berteaux de supprimer le tirage au sort ainsi que les dispenses anciennement accordées pour certains corps de métier (sauf pour inaptitude physique). Désormais, plus de passe-droit : la loi rétablit le principe d’égalité de tous devant le service militaire. Comme le nombre d’appelés augmente, tous les hommes de 20 ans sont appelés pour deux ans. Cette loi sera fondatrice du service militaire pendant le XXème siècle et permettra également d’affronter les difficultés de la Première Guerre mondiale.
1913 : service militaire obligatoire de trois ans pour les 19 ans... avant la Grande Guerre
Quelques années plus tard, la guerre face à l’Allemagne apparaît déjà comme inévitable, les autorités françaises s’organisent. Avec la loi Berthou du 7 août 1913, le service militaire sera désormais obligatoire pendant 3 ans pour les hommes à partir de 19 ans.
1928 : service réduit à un an puis deux ans avant la Seconde Guerre mondiale
Le 31 mars 1928, la loi Paul Painlevé, sous le gouvernement Poincaré IV, réduit la durée du service militaire à un an obligatoire. Le 15 mars 1935 cependant, la durée repassera à deux années à la suite de l'arrivée des classes creuses dues à la baisse démographique engendrée par les boucheries de la Première Guerre mondiale. Le contingent en 1935 de 230 000 hommes risque alors de passer à 118 000 en 1936.
.@PatrickVignal : "La réinstauration d'un service militaire est indispensable, où tout le monde se mélange. Surtout avec les teubés des réseaux sociaux et autres influenceurs"#MettezVousDaccord
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1954 : 30 mois sous les drapeaux avec la Guerre d'Algérie
Pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), certaines classes sont rappelées, d’autres sont maintenues sous les drapeaux jusqu’à 30 mois. La durée sera ramenée à 18 mois après la fin des opérations en Algérie.
Si certaines nouveautés sont ajoutées dans les années suivantes, elles ne changent pas drastiquement la forme du service militaire. C’est après la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc soviétique que la politique française vis-à-vis de sa défense va commencer à évoluer. C’est le RPR qui, dans le cadre de sa préparation aux législatives en 1993, propose une réforme pour la diminution progressive du format des armées (jusqu'à 10 mois). Dans ce document il est indiqué que la France “a besoin de se doter d’une véritable armée professionnelle et doit dès lors renoncer au principe de la conscription”. C’est la première pierre posée vers la fin du service militaire.
1997 : fin du service militaire obligatoire
Toujours dans l’idée de professionnaliser les armées françaises, le président Jacques Chirac annonce dans une allocution télé la fin du service militaire obligatoire en 1996. Il sera officiellement suspendu le 28 octobre 1997, marquant la fin d’une institution qui avait été en place depuis 1798.