Nomination d’un nouveau Premier ministre, hypothèse Jean-Louis Borloo, exclusion du Rassemblement national (RN) des concertations à l'Élysée, hypothèse d’un gouvernement technique, avenir de la réforme des retraites. Au micro de Sud Radio, Hervé Marseille, président de l'UDI, a répondu aux questions de Maxime Lledo.
"C’est un peu gênant de ne pas inviter le RN, Marine Le Pen va en tirer parti"
Maxime Lledo pour Sud Radio : Le président de la République a convié les responsables de partis à l’Élysée. Vous en faites partie ?
Hervé Marseille : "Oui, j’ai été invité. J’ai observé que le président de la République, qui travaille visiblement tard la nuit, puisque l’invitation est arrivée vers 1 h du matin, a invité toutes les formations dites républicaines, puisqu’il n’a pas invité ni le RN ni LFI."
C’est une erreur selon vous de ne pas avoir convié le RN à l'Élysée ?
"Écoutez, c’est son choix, j’en prends acte. Je trouve que c’est un peu gênant, parce qu’un parti comme le RN, qui est le premier parti de France, va prendre argument du fait que ses électeurs ne sont pas pris en considération. Je comprends l’intention de consulter l’arc républicain, mais Mme Le Pen va en tirer parti pour dire : ‘Voyez, vous n’êtes pas entendus ni considérés.’"
Emmanuel #Macron convoque les chefs de parti à l'Elysée : "Oui, j'ai été invité (...) C'est un peu gênant de ne pas inviter le @RNational_off. @MLP_officiel va en tirer parti" pour @HerveMarseille (@UDI_off) #GrandMatin https://t.co/QKa5EfuJSu pic.twitter.com/DVJW2Iw2nA
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Ce rendez-vous à l’Élysée, c’est celui de la dernière chance pour Emmanuel Macron ?
"On est dans une impasse. Le Parlement n’arrive pas à trouver de majorité. Une dissolution ne clarifierait rien : on se retrouverait avec un groupe encore plus important de députés du Rassemblement national. Ce n’est pas une bonne solution. Quant à ceux qui demandent la démission du président, bonne chance à eux ! Le président est élu jusqu’en 2027. Il n’a aucune raison de quitter ses fonctions."
"C’est donc aux forces politiques de trouver une solution commune dans l’intérêt du pays."
"Il serait étrange de nommer un gouvernement technique"
L’accord peut-il se faire autour de Sébastien Lecornu ?
"J’ai de l’amitié et de la considération pour Sébastien Lecornu, mais sa méthode n’a pas été bonne. Elle a été trop opaque. On a vu ce que ça a donné : une équipe vite constituée, puis démissionnée. On a assisté à une forme de thérapie collective, et au final, une opération ‘Restore Hope’, comme en Irak. Je ne vois pas comment cela peut fonctionner."
Donc pas de retour de Sébastien Lecornu à Matignon ?
"Ce n’est pas la personne que je mets en cause, mais ce ne serait pas un bon signal. Il faut quelqu’un qui reparte d’une feuille blanche, avec de l’autonomie et la capacité de rassembler. Dans l’intérêt du pays, il faut des compromis."
Le budget n’est toujours pas déposé, cela vous inquiète ?
"Oui, je ne connais même pas ce qu’il y a dans le budget, qui n’a pas encore été déposé au Conseil d’État. S’il n’est pas examiné lundi, on rentrera en loi spéciale. Et là, comme on dit trivialement, ça va coûter bonbon au budget de l’État ! Nous sommes dans l’urgence."
Parmi les noms évoqués, Jean-Louis Borloo pourrait-il être une solution ?
"Vous touchez ma corde sensible ! Jean-Louis Borloo est un ami, mais surtout un homme d’idées, actif, dynamique, qui a des contacts dans toutes les sphères politiques, syndicales et associatives. Il fait partie des solutions. Après, c’est au chef de l’État de choisir."
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On parle d’un ‘gouvernement technique’. Vous y êtes favorable ?
"Le moment n’a jamais été aussi politique. C’est paradoxal de vouloir nommer des techniciens. Tous les choix budgétaires sont politiques. Si on nomme des techniciens, on se fait techniquement censurer !"
"Beaucoup de gens de la société civile ont été contactés par Sébastien Lecornu et ont refusé. S’engager en politique aujourd’hui n’intéresse plus grand monde."
Donc personne ne veut y aller ?
"Pourquoi pas, mais je pense qu’il y a suffisamment d’hommes et de femmes engagés pour trouver des solutions. M. Castex, par exemple, issu de la haute fonction publique, a été un bon Premier ministre. Il faut des gens capables d’assumer des postes lourds, mais le choix revient au président."
"Jean-Louis Borloo fait partie des solutions"
Quelle solution proposerez-vous à Emmanuel Macron à l’Élysée ?
"Qu’il cherche quelqu’un d’autonome, capable d’agir, de rassembler, et de trouver les bons compromis, notamment avec le Parti socialiste. Si l’on ne veut pas dépendre du RN ni de l’extrême gauche, il faut des compromis. J’espère que chez les socialistes, il y a des responsables prêts à faire un pas. Jusqu’à présent, ça n’a pas été le cas."
Faut-il rouvrir le dossier de la réforme des retraites ?
"On peut en parler, ce n’est pas interdit. Mais il ne faut ni abroger ni suspendre la réforme. Elle n’a pas été faite pour le plaisir : la soutenabilité du système n’est pas assurée. On peut discuter de points comme la pénibilité, le travail des femmes ou des seniors, mais pas revenir sur le principe."
Suspendre la réforme serait une erreur ?
"Oui, ce serait coûteux : entre 500 et 800 millions d’euros la première année, jusqu’à 13 à 15 milliards d’ici 2035. Nous avons déjà 3 400 milliards de dettes. Est-ce raisonnable d’en rajouter ? Il faudrait au contraire faire des économies."
"Il faut aussi davantage d’équité fiscale : les Français ont le sentiment que l’effort pèse toujours sur les mêmes. Il faut demander plus à ceux qui ont le plus."
Et la taxe Zucman, proposée par certains à gauche ?
"Non, car elle touche à l’outil de production. Il existe déjà une taxe sur les grandes entreprises et les superprofits. On peut regarder tout cela, mais l’essentiel, c’est d’aider nos entreprises et de préserver le pouvoir d’achat."
Certains anciens Premiers ministres, comme Édouard Philippe ou Gabriel Attal, appellent à la démission du président. Vous en pensez quoi ?
"Je ne suis pas candidat à la présidentielle, et ceux qui demandent la démission du président ont leurs propres intentions. Ce serait porter un coup définitif à nos institutions. La présidence de la République est la seule chose qui tient debout. Si l’on commence à toucher au président, on crée un système révocatoire permanent."
"Il faut préserver l’institution présidentielle. Une démission supposerait une élection en 35 jours, ce qui est ingérable dans le contexte actuel."
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