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Jean-Philippe Tanguy : "Macron veut un budget par ordonnances"

Par Aurélie Giraud

ENTRETIEN SUD RADIO - "M. Macron se moque de nous" selon Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

Jean-Philippe Tanguy, ordonnances, Macron
Jean-Philippe Tanguy interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 9 octobre 2025, dans “L’invité politique”.


ENTRETIEN SUD RADIO - "Je le dis depuis depuis maintenant 10 jours : M. Macron se moque de nous." Jean-Philippe Tanguy a répondu aux questions de Jean-François Achilli. 

"M. Macron utilise une des dernières armes qui lui restent pour ne pas écouter les Français."

Jean-François Achilli : Vous avez entendu Sébastien Lecornu, il annonce un Premier ministre dans les 48h. Qui, selon vous, va s’installer à Matignon ?
Jean-Philippe Tanguy : "Écoutez, je n’en ai aucune idée, et tout ce que je peux vous dire, c’est que je doute que ce Premier ministre ait la moindre marge de manœuvre, autre que de jouer au kamikaze. Le temps de déposer un budget et de lancer, si je puis dire, une procédure parlementaire que nous ne pourrons malheureusement plus arrêter. Parce que moi je le dis depuis maintenant dix jours : Monsieur Macron se moque de nous. Monsieur Macron veut lancer une procédure budgétaire qu’on ne pourra plus arrêter et qui finira par ce qu’on appelle les ordonnances."

Des ordonnances ?

"Oui. Ceux qui nous écoutent ne le savent peut-être pas parce que ça n’a jamais été utilisé sous la Ve République. Mais le général de Gaulle avait prévu dans notre Constitution que si le Parlement ne vote pas un budget avant la fin de l’année, dans le délai imparti, eh bien le gouvernement peut faire un budget par ordonnance. Ce serait la première fois sous la Ve République. Ce serait évidemment un déni démocratique extrêmement grave."

D’où tenez-vous cette information ?
"De gens à Bercy qui travaille dessus et qui, depuis que j’ai révélé cette information, m’ont plus confirmé les choses que démenti, voilà. Mais je vous dis, c’est dans la logique des choses."

L’Élysée préparerait donc une sorte de gouvernance par ordonnances pour faire passer le budget ?
"Oui, mais en détournant d’ailleurs aussi le principe de la Constitution, car cette procédure du général de Gaulle n’avait évidemment pas été prévue pour cela. Mais je pense que celles et ceux qui nous écoutent ne seront pas surpris que M. Macron utilise une des dernières armes qui lui restent pour ne pas écouter les Français."
"Parce qu’en fait, M. Macron n’a jamais écouté les Français."

Il faudra bien quelqu’un à Matignon. Sébastien Lecornu a dit que sa mission était terminée, peut-il revenir ?
"Je n’ai rien contre la personne de Sébastien Lecornu, mais c’est pas le sujet". "Pendant que M. Macron joue à la course des petits chevaux, lance des baballes, le monde avance, le macronisme avance. Il y a des décisions qui sont prises au quotidien."

"La France est ruinée, nous sommes dans une crise budgétaire extrêmement grave"

Jean-François Achilli : Marine Le Pen a dit : 'je censure tout jusqu’à obtenir la dissolution'. Quelle sera votre stratégie ?
Jean-Philippe Tanguy : "Mettre une pression politique la plus forte possible pour obtenir cette rupture politique que les Françaises et les Français veulent". "La France est ruinée, nous sommes dans une crise budgétaire extrêmement grave et 90 % du personnel politique en dehors du Rassemblement National est dans le déni."

Est-ce que vous ne craignez pas que renverser la table, provoquer une nouvelle dissolution, ce soit mettre du chaos sur le chaos ?
"Mais renverser quoi ? Renverser la soupe ? Une mauvaise soupe qui est en train de frémir sur une Ve République défigurée ? Il faut prendre des décisions. Ils ne veulent même plus défendre leur réforme des retraites, évidemment que je condamne."
"Cette situation de fausse stabilité, c’est le chaos."

Il faut repasser par les urnes ?
"C’est très urgent !"

Revenir sur la réforme des retraites coûterait 3 milliards d’euros d’ici 2027. Regardez nos voisins, ils sont à 67 ans, voire plus !
"Oui, mais ça crée du malheur. Je ne pense pas que les Allemands soient spécialement heureux de la situation dans laquelle ils sont. La politique, c’est aussi essayer de créer du bonheur et de la perspective pour les gens. La réforme des retraites, vous verrez qu’elle ne rapporte pas 3 milliards, qu’elle-même coûte beaucoup d’argent, parce que, comme la réforme Fillon, les gens sont parfois abîmés au travail, fatigués. Donc, vous devez payer le chômage des aînés, les maladies chroniques, les incapacités, les blessures… Tout cela se retrouve sur la Sécurité sociale. Ce sont des fausses économies."

"Pour redresser la France, il faut un programme et des valeurs morales. Des gens qui n’ont pas eu le courage de s’opposer à M. Macron, on ne peut pas travailler avec ces gens."

Jean-François Achilli : L’union des droites, est-ce possible ? Il y a toujours ce plafond de verre avec Marine Le Pen, non ?
Jean-Philippe Tanguy : "Ce n’est pas un plafond de verre, c’est un plafond de la lâcheté."
"M. Retailleau et d’autres ont eu l’occasion quatre fois de faire barrage à M. Macron — deux fois à la présidentielle, trois fois aux législatives, notamment les dernières élections anticipées, où M. Ciotti, avec une partie des Républicains, a eu le courage de faire barrage à M. Macron en soutenant Marine Le Pen et Jordan Bardella. Qu’ont fait M. Retailleau, M. Wauquiez et les autres ? Ils ont soutenu M. Macron. Parfois même, ils ont soutenu les Insoumis et la gauche."
"Pour redresser la France, il faut un programme évidemment, mais il faut aussi des valeurs morales. Et ceux qui n’ont pas eu le courage de s’opposer à M. Macron, qui ont sacrifié l’intérêt de la France pour garder leur poste, on ne peut pas travailler avec eux. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas, c’est qu’ils n’ont pas la force morale de le faire."

S’il y a une dissolution demain, vous n’aurez pas d’alliés finalement.
"Le principal allié c’est le peuple Français."

Autre sujet d'actualité : Robert Badinter a-t-il sa place au Panthéon ?
"Oui, bien sûr qu’il a sa place. C’est une grande figure de la gauche. Je ne suis pas sectaire : ce ne sont pas mes références personnelles, mais on peut et on doit admirer, respecter des personnes d’autres familles politiques qui ont apporté des valeurs et porté des combats pour notre pays."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio

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