single.php

"Macron est animé par une forme de déséquilibre"

Dans "Le président toxique" (Robert Laffont), Étienne Campion dresse le portrait d’un chef d’État "anormal et toxique". À travers une centaine de témoignages, il analyse les dérives psychologiques du pouvoir et les failles du macronisme. Interview au vitriol au micro de SUD RADIO.

Emmanuel Macron
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'issue du Sommet de la Coalition des Volontaires, au Palais de l'Élysée, à Paris, le 4 septembre 2025 (Ludovic MARIN - POOL/AFP)

Etienne Campion, vous n'écrivez pas que le Président est dingue, mais qu'il est toxique : quelle est la nuance entre les deux ?

Le but de ce bouquin était d'essayer de comprendre comment on en est arrivé là. Quand on ne comprend pas une situation, il faut comprendre le projet, la psyché, le portrait de la personne qui nous a amenés là. J'ai donc rencontré une centaine de personnes depuis l'enfance du Président et j'en suis arrivé à la conclusion qu'il y a quelque chose depuis toujours, une force intérieure psychologique qui, chez Macron, l'amène à une forme de désynchronisation.

"Macron a peu d'affection pour le reste des humains"

Depuis l'enfance ?

Oui, dès le départ de sa vie, Macron est un personnage dont on voit les prémices de sa gouvernance. Il est en décalage avec le reste du monde, il a peu d'affection pour le reste des humains. Il se moque complètement des autres enfants quand il est enfant. Quand il est ado, il est passionné par les adultes. Je rappelle que ses deux témoins de mariage avaient 77 et 83 ans. J'ai donc essayé de faire un mode d'emploi. Je dis que nous, en démocratie, on est des juges de notre dirigeant. Sauf que nous, contrairement à un procès d'assises, on n'a pas le droit à l'expertise psy alors qu'une expertise psy est tout à fait normale. C'est pour cela que j'ai essayé de comprendre, de donner des clés aux gens et regarder dans son parcours. Ce qui fait sens par rapport à ses années de pouvoir.

"Il se moque de la façon dont il maltraite les autres"

Pourquoi utiliser le mot « toxique » ?

Il est peut-être un peu provocateur, j'en conviens, mais il se trouve que le Macron des relations interpersonnelles, de ses relations depuis le départ, de ses relations avec ses conseillers, ministres, etc., dessine une personnalité qui est animée par une forme de déséquilibre, puisqu'il se moque complètement de la façon dont il maltraite les autres. Il a extrêmement peu d'empathie. J'explique aussi toutes les fois où il a menti, toutes les fois où il a trahi, etc. en utilisant la bienveillance et la séduction car contrairement aux méchants, Macron est un grand séducteur.

"Macron jouit d'avoir le destin du pays au bout de ses doigts"

Vous dites que la quête de Macron du pouvoir est extrêmement paradoxale ?

Oui, elle l'a affaiblie, puisqu'elle a constitué à affaisser, tour à tour, tous les garde-fous autour de lui et à se retrouver seul en scène. Ca a commencé tôt avec les premiers de cordée, les vrais macronistes qui en 2018-19, sont déjà tous partis parce qu'ils ont tous mordu la poussière. Et finalement, tout ce qu'il a recherché, c'est cette espèce de liberté seule où il ne doit devoir qu'à lui-même et où, maintenant, il se retrouve à jouir d'avoir le destin du pays au bout de ses doigts, plus encore que quand il avait le pouvoir absolu. Parce que, maintenant, certes, il n'a plus le pouvoir, mais il a encore plus peut-être de pouvoir et d'emprise sur la classe politique et les députés puisqu'il a à sa main, l'outil de la dissolution.

Vous parlez de « jouissance », carrément ?

Macron adore les crises, les moments où l'histoire se referme sur lui dans une lumière crue. Il adore quand le peuple dévie sur ce qu'il va faire, quand il tient en haleine toute la classe politique. Il est au milieu de la scène. Rappelez-vous du lendemain de la dissolution : « je leur ai jeté une grenade dégoupillée, on va voir comment ils s'en sortent » ! Ce sont des moments de jouissance noire qui sont extrêmement macroniens.

"Il a menti à plein de moments de sa vie"

Quel est le symptôme qui est selon vous emblématique de la toxicité présidentielle ?

C'est la propension au mensonge, la propension à la duplicité. Très tôt. Dès qu'il est très jeune, que ce soit pour mentir à des gens les yeux dans les yeux, en disant qu'il a été à l'Ecole normale supérieure alors qu'il n'y a pas été, que ce soit pour mentir aux journalistes de la Société des Rédacteurs du Monde à qui il a joué un double jeu en 2010, en leur faisant croire qu'il était neutre pour les conseiller. L'histoire est très longue, elle est dans mon livre, mais il a menti, les yeux dans les yeux, à un consortium de journalistes, en leur faisant croire qu'il allait conseiller objectivement alors qu'en fait, il était du côté du côté d'Alain Minc dans une négociation qui est assez compliquée. Il a menti à plein de moments de sa vie et ce mensonge-là, cette propension au mensonge avec telle simplicité et un tel naturel, devait interpeller, et il l'a continué ensuite. Et après, il y a tout un tas de trahisons, je les documente à travers plein de chapitres.

"Marcon veut choisir la façon dont va se finir son histoire"

Peut-il démissionner ?

Je ne suis pas convaincu de sa démission parce que il faut que le monde continue de tourner autour de lui. Il peut tourner autour de lui de façon chaotique, mais il doit tourner autour de lui. C'est son énergie vitale. Macron ne veut pas de succession. Il veut choisir la façon dont va se finir son histoire. Et ne surtout pas être comme Hollande l'a été avec lui. Il est hanté par ça. Il est hanté par la façon dont il a réussi à trahir Hollande pour arriver au pouvoir. Il ne veut surtout pas être passif par rapport à la fin qui vient. On n'est donc pas du tout à la fin du feu d'artifice. Il va continuer à retourner à la table.

L'info en continu
15H
13H
11H
09H
07H
06H
23H
20H
Revenir
au direct

À Suivre
/