ENTRETIEN SUD RADIO - Nouveau gouvernement Lecornu, menaces de départ de Bruno Retailleau, risque de dissolution : Prisca Thevenot (EPR) a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Je suis en colère. Se plaindre du manque de renouvellement de la part de Bruno Retailleau, c’est grotesque"
Jean-François Achilli : La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise, Bruno Retailleau menace de partir. Vous en êtes consciente ?
Prisca Thevenot : "Oui, j’en suis consciente. Je ne dirais même pas simplement affligée, je suis parfaitement en colère."
Pourquoi cette colère ?
“Ça fait un mois qu’on attend ce gouvernement. Oui, on nous a promis la rupture, un changement de méthode et donc forcément on pouvait sous-entendre un changement de casting. Quand j’entends que celui qui est reconduit pas une fois, pas deux fois mais trois fois, alors qu’il a fait partie de deux gouvernements précédents censurés ou en défiance, se plaint du manque de renouvellement… excusez-moi, je trouve ça un peu grotesque.”
Bruno Retailleau fait pression sur le Premier ministre ?
“Là, l’enjeu n’était pas de faire pression. Il s’en va apparemment… Mais on ne quitte pas la table des responsabilités quand le pays est dans cette difficulté depuis maintenant un an.”
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"La seule qui se réjouit de ce chaos institutionnel, c’est Marine Le Pen"
Le spectacle donné depuis hier soir, c’est affligeant ?
“Je suis désolée, c’est affligeant et ça fait peur. Nous devons aujourd’hui être en train de travailler au budget. Le temps presse, l’horloge tourne et nous n’avons pas encore commencé le début d’un débat sur le budget.”
Marine Le Pen s’en réjouit ?
“La seule qui se réjouit de ce chaos organisé, c’est Marine Le Pen. Elle se réjouit, elle se délecte. Et pourquoi s’en priverait-elle ?”
Vous aviez demandé des postes ministériels ?
“Non. Nous sommes la seule famille politique avec Gabriel Attal à n’avoir rien demandé, rien exigé, rien négocié. Nous voulons seulement la stabilité.”
Sébastien Lecornu a annoncé 2,3 milliards d’euros pour lutter contre la fraude fiscale et sociale. Est-ce suffisant ?
“C’est bien de mettre des pistes de travail en avant. Oui la situation est difficile, oui le casting peut déplaire, mais c’est ça le compromis : accepter de ne pas forcément être assis au Conseil des ministres à côté de gens qu’on n’a pas forcément dans son cœur.”
"J’ai l’impression que l’on se dirige vers une autre dissolution"
La dissolution de 2024 a-t-elle clarifié la situation ?
“Elle est toujours incompréhensible. Elle n’a rien permis d’éclaircir, au contraire. J’ai plutôt l’impression qu’on se dirige vers une autre dissolution qui n’apporterait pas non plus de solutions.”
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Votre avis sur le retour de Bruno Le Maire ?
“Je pourrais vous dire ce que j’en pense… mais moi ce que je veux, c’est qu’on se mette à travailler. Nous n’avons pas été mis au fait de la composition du gouvernement. Nous prenons comme tout le monde les annonces du perron de l’Élysée. Ce que je constate, c’est que le spectacle donné aujourd’hui est affligeant et ça fait peur.”
Emmanuel Macron doit-il reprendre la main ?
“Je ne le souhaite pas. Mettre le président de la République en première ligne, c’est encore plus affaiblir notre pays. Nous devons être respectueux des institutions, garants collectivement de leur bon fonctionnement.”
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