ENTRETIEN SUD RADIO - Crise politique, dissolution, démission d'Emmanuel Macron, déclarations de Bruno Retailleau : Sacha Houlié a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
“Bruno Retailleau est soit malhonnête, soit incompétent”
Jean-François Achilli : Bruno Retailleau veut bien participer à des négociations s’il y a un gouvernement de cohabitation.
Sacha Houlié : “Il faut que Bruno Retailleau arrête son cirque. Il est le coupable majeur de la situation qu’on rencontre aujourd’hui. Soit il est malhonnête, soit il est incompétent.”
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Vous tenez Bruno Retailleau responsable du chaos actuel ?
“Je le tiens pour responsable, je le tiens aujourd’hui pour coupable. Et s’il y a une chance d’obtenir une stabilité, c’est en concédant à la gauche… qui ne demande même pas forcément l’exercice du pouvoir mais des concessions sincères, fortes, exigeantes : une fiscalité opposable sur les grandes fortunes, une avancée significative sur la réforme des retraites, ou encore des mesures pour les hôpitaux qui ne soient pas dérisoires.”
Bruno Retailleau dit qu’il ne savait pas que Bruno Le Maire serait au gouvernement…
“Alors c’est de l’incompétence et c’est encore plus grave. Quand vous entrez dans un gouvernement, la première question c’est avec qui vous allez siéger. Accepter la solidarité gouvernementale impose de savoir qui sera autour de la table.”
Vous-même avez déjà refusé un poste ministériel ?
“Ça m’est arrivé parce que clairement j’ai refusé de travailler sous les ordres d’un ministre délégué de Gérald Darmanin. Dans ces cas-là, on prend ses responsabilités, on refuse pour ses convictions politiques.”
“Quelle honte, Monsieur Philippe !”
Édouard Philippe appelle Emmanuel Macron à démissionner. Votre réaction ?
“Quelle honte. Quelle honte, Monsieur Philippe ! Franchement, c’est rageant tellement c’en est n’importe quoi.”
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Pourquoi une telle indignation ?
“Quel Premier ministre, ancien Premier ministre, qui se revendique encore gaulliste, peut tenir de tels propos qui fragilisent nos institutions ? Ça ne changera rien et ça ne fera qu’aggraver la crise. Ça ne fera que nuire à l’image et à l’économie de la France dans le monde.”
Le socle commun entre droite et parti présidentiel est-il mort ?
“Oui. Le socle commun, c’est l’alliance entre la droite et le parti présidentiel. Je pense que les uns et les autres l’ont enterré aujourd’hui. Les mesures défendues par M. Retailleau ont été pour la plupart censurées par le Conseil constitutionnel : naïveté ou incompétence.”
Gabriel Attal dit ne plus comprendre les décisions d’Emmanuel Macron. Partagez-vous son sentiment ?
“Je suis assez ravi que Gabriel Attal le comprenne. J’ai tenté de l’expliquer : il y a eu une orthodoxie fiscale qui empêche d’augmenter les impôts des plus riches. Si Gabriel Attal est capable de faire ses compromis, tant mieux. C’est peut-être un début de solution pour que son groupe fasse les concessions attendues.”
“Raphaël Glucksmann pourrait être Premier ministre. Olivier Faure est aussi une solution possible”
Raphaël Glucksmann se tait, mais pourrait-il être Premier ministre ?
“Il pourrait l’être si on lui proposait. Mais Raphaël Glucksmann a un élément fondamental : d’abord le pays avant sa personne.”
Et Olivier Faure à Matignon ?
“C’est une solution possible. Ce serait une façon de sortir de la crise. Il appartiendra dans ce cas à Olivier Faure de faire des concessions avec le Bloc central pour assurer la stabilité.”
Vous évoquez aussi un mur politique imminent. Que se passe-t-il si aucun accord n’est trouvé ?
“De toute façon, soit on a cette stabilité politique avec un accord sur le fond, soit on va à une dissolution. Et nous, à Place Publique, nous n’irons pas à la dissolution en chantant. Nous y allons lucides, mais prêts.”
Vous êtes prêt à repartir en campagne si Emmanuel Macron dissout l'Assemblée nationale ?
“Nous n’avons malheureusement pas le choix. Et sur ce pouvoir de dissolution, il n’y a que le Président qui le décide.”
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