"C'est très pertinent aujourd'hui de parler de monarchie constitutionnelle", a estimé Philippe Viguié-Desplaces au micro de Sud Radio.
Paul Melun : "La monarchie, ce sont des histoires, des imaginaires qui nous bercent tous"
Périco Légasse : Comment avez-vous eu un intérêt pour la monarchie ?
Paul Melun : Avant d'écrire ce livre, je lui disais : "Mais Philippe, comment tu peux encore être monarchiste, demander le retour du roi en 2025 ?". Je le disais parce que je me posais sincèrement la question, moi qui étais baigné dans une enfance plutôt de gauche républicaine, sociale, laïque, universaliste, etc. C'est quand même fou. Et en même temps, j'avais une sorte de fascination pour l'Ancien Régime, pour le Premier Empire et le Second Empire. Ce sont des histoires, des imaginaires qui nous bercent tous, qu'on soit républicain ou monarchiste. Et donc, on a voulu écrire ce livre, Et si le prochain président était un roi ?, pour justement entretenir ce dialogue, moi comme un procureur de la République, quelqu'un qui défend les idées de la République, et Philippe un procureur du roi.
Ce qui m'a plu chez Philippe, c'est que ce n'est pas un monarchiste caricatural : ce n'est pas la monarchie de droit divin, "comment est-ce qu'on va museler le peuple ?" etc. C'est une monarchie constitutionnelle. C'est important de tordre le cou à certains préjugés de gens qui prennent tous les monarchistes pour des passéistes, des conservateurs ou des réacs.
Philippe Viguié-Desplaces : Paul et moi, on a deux regards très différents sur nos institutions, mais on est quand même tous les deux réunis par un sincère amour de la France à travers nos racines familiales, à travers nos environnements sociaux, etc. Donc voilà, c'est très pertinent aujourd'hui de parler de monarchie constitutionnelle. Et quand j'entends les débats politiques à la télévision qui sont très nombreux sur ces thèmes-là, j'ai toujours envie de m'immiscer à l'intérieur du poste de télévision pour dire : "Mais si on avait un roi, tout ça n'existerait pas". On n'aurait peut-être pas un budget équilibré, mais en tout cas on ne serait pas dans la crise institutionnelle dans laquelle on est aujourd'hui.
Philippe Viguié Desplaces : "Les jeunes ignorent beaucoup de choses de l'époque récente de la monarchie"
Périco Légasse : Depuis longtemps, vous attendiez la situation opportune pour pouvoir remettre ce sujet sur le devant de la scène. Considérez-vous aujourd'hui que l'évolution ou la régression de nos institutions républicaines justifie qu'on puisse calmement et sereinement ouvrir ce débat ?
Philippe Viguié-Desplaces : Je suis un peu le casse-pieds des fins de dîner qui parle pendant des heures à mes amis de la possibilité d'un roi et de cette partie-là de l'histoire de France. Et ce qui m'a intéressé chez Paul, c'est qu'il en ignorait beaucoup de choses. Et je trouve que c'est assez intéressant, car les jeunes de sa génération ignorent beaucoup de choses de l'époque récente de la monarchie. Dès que vous parlez du compte de Chambord, du compte de Paris, etc., on se retrouve dans un espèce de grand désert.
"Si nous étions une monarchie, ça fait déjà longtemps qu'Emmanuel Macron serait parti à la manière des Anglais"
Périco Légasse : Une monarche aurait-elle permis d'éviter une crise politique comme celle que nous vivons actuellement ?
Philippe Viguié Desplaces : Il y a une opportunité que les événements servent énormément notre propos. Imagine-t-on ce que serait aujourd'hui la France si on avait un roi ? Il y a une grande obsession qui pollue tout le débat politique français. Cette obsession, c'est l'élection présidentielle. Si nous étions une monarchie, ça fait déjà longtemps qu'Emmanuel Macron serait parti à la manière des Anglais qui ont mis dehors Margaret Thatcher sans pour autant que le parti de Margaret Thatcher retourne devant les élections. Ils ont simplement changé Margaret Thatcher contre John Major. Donc, on aurait aujourd'hui le parti du président de la République, qui serait Premier ministre sous une monarchie serait parti, il y aurait eu un nouveau Premier ministre qui l'aurait remplacé, et on ne serait pas dans un blocage institutionnel comme celui dans lequel on est aujourd'hui. Donc, je pense qu'il y a une vraie pertinence.
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