"Il y a souffrance physique, psychique, morale", a expliqué lundi devant la cour d'assises de Paris une médecin légiste qui a expertisé le corps de Lola, 12 ans, violée, torturée et tuée en octobre 2022, face à une accusée, Dahbia Benkired, toujours impassible.
Une heure après un exposé aussi technique qu'exhaustif, le président de la cour interroge l'experte: "Lola Daviet a-t-elle souffert ?"
"Avant la perte de connaissance, l'asphyxie est en soi est très, très anxiogène", a répondu la légiste, évoquant une "agonie qui a pu durer entre deux et trois minutes".
Les médecins avaient mis en évidence que c'est l'obstruction du nez et de la bouche par du scotch qui enroulait toute la tête de la jeune adolescente qui avait provoqué son décès.
Mais des coups ont également été donnés: "il y a eu probablement un ou plusieurs impacts au niveau de la tête, avec des douleurs physiques", a rappelé la médecin, sans compter ses "multiples plaies", notamment dans le dos, selon elles possiblement réalisées à l'aide d'une paire de ciseaux.
Au deuxième jour d'audience, l'accusée, aujourd'hui 27 ans, présente le même visage hébété, le regard fixé vers le président ou les écrans qui diffusent clichés ou schémas, mais dégageant toujours l'impression d'être en retrait de son procès, au terme duquel elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Delphine Daviet, la mère de Lola, arrive à la cour d'assises de Paris pour le procès de Dahbia Benkired, le 17 octobre 2025
JULIEN DE ROSA - AFP
Au-delà du mobile, c'est la manière dont Dahbia Benkired a convaincu Lola - la fille des gardiens de cette résidence du XIXe arrondissement de Paris - de monter dans son appartement - ou plutôt celui de sa sœur, chez qui elle vivait par intermittence - qui interroge.
Et lorsque la légiste rappelle qu'elle n'a pas constaté de "plaie de défense", laissant supposer que la fillette n'a "pas réagi", la mère de Lola s'effondre en sanglots dans la salle.
Dans leurs rapports, les médecins légistes ont également relevé des "lésions anatomiques profondes" vaginales et ano-rectales: davantage que simplement "compatibles", elles sont "avec certitude" la conséquence selon eux d'un traumatisme direct avec pénétration, survenu avant la mort.
"Ça, c'est faux, je l'ai jamais touchée", proteste quelques minutes plus tard l'accusée, qui reconnaît en revanche avoir "touché les seins" et s'être fait prodiguer un cunnilingus - juridiquement, un viol - par sa victime.
Le président lui demande s'"il y avait quelqu'un d'autre dans l'appartement". "Non. J'ai pas d'explication pour ça, j'ai rien fait. Si je l'avais fait, je l'aurais dit".
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP