La Fondation Vinci Autoroutes tire la sonnette d'alarme sur la consommation de protoxyde d'azote, ou "gaz hilarant", dans une enquête menée avec Ipsos pointant des comportements inquiétants au volant chez les moins de 35 ans.
Indétectable lors des contrôles routiers, les traces de cette consommation sont visibles sur les bords de route: les gestionnaires d'autoroutes constatent une augmentation alarmante des cartouches et bonbonnes abandonnées sur la voie ou sur les aires de repos.
"Près de 1,5 tonne ont été ramassées en 2024, et l'augmentation sera d'au moins 10% en 2025", expose Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes, qui vise à sensibiliser le grand public aux risques routiers, interrogée par l'AFP jeudi.
Ces déchets, difficilement recyclables et susceptibles d’exploser, témoignent de l'usage grandissant de ce gaz normalement utilisé dans les blocs opératoires ou en cuisine.
Sa vente est interdite aux mineurs et dans certains lieux depuis 2021, mais sauf arrêtés locaux, il reste légal.
Selon l'étude (portant sur 2.256 personnes de 16 à 75 ans interrogées selon la méthode des quotas du 6 au 13 juin 2025), un jeune de moins de 35 ans sur dix consomme du protoxyde d'azote "occasionnellement lors de soirées" (contre 2% des 35 ans et plus) et parmi eux, la moitié l'a déjà fait en conduisant.
10% des 16-24 ans estiment qu'en consommer au volant n’est pas dangereux
Malgré la hausse des accidents imputés à ce gaz, la perception du risque reste insuffisante: 10% des 16-24 ans estiment qu'en consommer au volant n’est pas dangereux, selon l'étude.
Pourtant, "après l'inhalation, le pic euphorisant d'une minute peut s'accompagner de vertiges, pertes de contrôle, distorsions visuelles, et même de trous noirs durant les 30 à 45 minutes suivantes", souligne Mme Moreau.
Le spectre du protoxyde d'azote au volant plane sur plusieurs accidents meurtriers ces derniers mois.
Le 1er novembre, Mathis, 19 ans, a été tué à Lille par un conducteur ayant consommé du protoxyde d'azote et qui tentait de fuir la police.
Mercredi, trois jeunes de 14, 15 et 19 ans sont morts noyés après que leur voiture, où plusieurs bouteilles de protoxyde d'azote ont été retrouvées, a raté un virage et fini sa course dans une piscine à Alès (Gard).
Dans sa campagne de sensibilisation, la Fondation Vinci Autoroutes propose une vidéo choc en collaboration avec l'association Protoside, spécialisée dans la prévention des intoxications, et plusieurs activités de sensibilisation sur des aires d'autoroute.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP