A la veille du verdict et au lendemain des 30 ans de réclusion criminelle requis contre l'accusé, reprise ce matin du procès de Cédric Jubillar avec les plaidoiries des deux avocats de la défense de Cédric Jubillar. C'est Me Emmanuelle Franck qui débute et qui attaque bille en tête la presse :
« Dans quelle justice accepte-t-on que des PV finissent dans la presse ? Que des témoins témoignent avant dans la presse ? C'est une justice spectacle. Comment donner du crédit à des gendarmes qui font des erreurs de procédures ? Si nous sommes la dernière voix de cet homme, vous êtes les derniers remparts de ce cirque judiciaire. »
L'avocate met ensuite l’accent sur cette enquête jugée très à charge des gendarmes :.
« Oui, on est un peu agacé contre le travail des gendarmes ! Que voit-on dans les 30 000 pages du dossier : 400 témoins sont auditionnés et on ne les interroge que par rapport à lui ? Pour leur demander ce qu’ils pensent de la culpabilité de cet homme, on monte une histoire ! Ca transpire de partout... On raconte une belle histoire d’amour...
« Dans le PV, on lit même qu’il reçoit les gendarmes avec un pyjama panda ? Et donc c'est forcement suspect. Oui, Cédric, c'est ridicule ton pyjama panda, mais c'est son pyjama. »
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Réaction des avocats de Cédric Jubillar à l'issue de leurs plaidoiries
Me Alexandre Martin : "Je me suis efforcé de démontrer que la thèse de ce pétage de plombs ne correspondait à aucune réalité"
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« La griffure sur le bras ? Quelle escroquerie ! »
L'avocat présente sa plaidoiries en trois points . Elle décortiquer d'abord les indices :
« La griffure sur le bras ? Quelle escroquerie !
« Jenifer – l'une des anciennes compagnes de Cédric - ne fait que répéter les conneries écrites dans la presse qui parle de l’avant bras alors que c’est le bras. Cette griffure n'a jamais intéressé personne. Même les gendarmes ne l’ont pas interrogée dessus. Ils relèvent que Cédric Jubillar ne présente aucune blessure, aucune trace.
« On fabule, on raconte une histoire ! »
L’horaire des cris : l'avocate souligne l'impossibilité des heures de ces cris entendus dans la nuit alors que Louis n'est pas encore couché et qu’il est toujours avec sa mère.
« Les gendarmes, pour coller à leur thèse, vont faire un PV en expliquant que la voisine avait besoin de se couvrir. Elle dira le contraire même à l’audience. On fabule, on raconte une histoire ! Ca ne vous ennuie pas que l’on fasse cela.
La parole de Louis :
« On va se servir de la parole d'un enfant pour se servir de l’accusation. Pourquoi nous laissons une administratrice mandater deux avocats pour porter l’accusation d’enfants qui, eux, n’ont jamais dit que « papa a tué maman ».
L'avocate reprend alors la lecture des auditions de Louis, 6 ans à l'époque. Des versions qui ont varié.
« Première audition : Louis ne dit rien sur la dispute. Il a l'air joyeux
« 2ème audition : on est loin de la description de la violente dispute avec cette phrase : « comme on va se séparer » . On dit juste ça quand c'est violent ?
« 3ème audition : il aurait vu depuis sa chambre le sapin et le canapé. L’avocate montre comment la porte entrouverte, comme décrite par l'enfant, ne permet pas de voir le salon. Ce n’est pas possible à moins d'être vu par ses parents.
« Et puis cette scène prend trop de temps par rapport à l'horodatage des cris. Ça ne colle pas. »
La lettre :
« Elle mentionne les lunettes sur le nez de sa mère. Son témoignage est pollué. Il ne s'est plus levé. Il a jeté un Ledo : 4ème version.
« On aurait dû le laisser tranquille ce gamin mais on en avait bien trop besoin du coté de l'accusation car si Louis n'entend pas cette dispute, Cédric Jubillar dort.
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Réaction des avocats de Cédric Jubillar à l'issue de leurs plaidoiries
Me Emmanuelle Franck : "Je trouve ça détestable de considérer qu'on puisse juger un homme de cette manière et de la déclarer coupable"
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« Une expertise bidon ! »
Les lunettes :
L'avocate souligne que « l'expertise des cassures a est faite avec des lunettes neuves ! Alors que tout le monde les a décrites comme déjà cassées. Une expertise bidon !
« Peut-on briser des lunettes, sans traces sur les mains de Cédric Jubillar, sans avoir du sang de la victime ?
« On imagine que Cédric Jubillar casse les lunettes, qui tombent, puis qu’il les ramasse, les met sur le bar de la cuisine et les laisse pendant 8 jours jusqu’à ce que les gendarmes les prennent ! Ca n' a pas de sens si on est un meurtrier ! »
La démonstration de la première avocate de la défense fait forte impression dans la salle. Le ton, la démonstration et sa capacité à décortiquer les éléments de l'enquête semblent faire mouche. Qu'en penseront les jurés ? C'est tout le mystère et l'objet de leur intime conviction.
« Pourquoi appelle-t-il les gendarmes à 4h09 et pas à 6h30 ? Il aurait eu le temps de tout nettoyer »
L’appel aux gendarmes :
« 4h09 : pourquoi appelle-t-il les gendarmes à cette heure là et pas à 6h30 ? Il aurait eu le temps de tout nettoyer.
« Le pétage de plomb ? Comme le dit l’accusation, c’est le crime passionnel, pulsionnel. C'est celui qui laisse le plus de traces. On n'a pas le temps de prévoir et d’effacer.
« Le détonateur de son passage à l'acte ? Il a vu le message de Delphine à son amant (à 22h55 )... Ca .. ça ne colle pas . Louis est encore là .
L'avocate propose aux jurés de réfléchir à une autre scène de crime décrite dans le cas d’un meurtre en pleine rue « avec des chiens qui aboient, Delphine qui crie dans la rue et un voisin qui a l’habitude de sortir ses chien à cette heure là ! Puis il va mettre le corps dans la voiture, un corps qu'il aura auparavant habillé (puisqu’elle était en pyjama), puis va rentrer, ramasser les lunettes, les mettre en évidence dans la cuisine, puis faire disparaître le corps. »
« Difficile dans ce laps de temps de trouver le temps d’aller faire disparaître un corps quelque part en pleine nuit »
L'avocate lit alors les messages que Cédric Jubillar laisse sur le répondeur de Delphine : « T'es où ? Putain t'es où ? T’as vu l'heure ? Décroche ! Je vais appeler les flics ! » Plusieurs fois également de suite sur Messenger, à différentes heures de la soirée.
« Difficile dans ce laps de temps de trouver le temps d’aller faire disparaître un corps quelque part en pleine nuit », insiste Me Emmanuelle Franck.
« C'est dans le silence et le recueillement que vous mettrez fin à ce cauchemar »
L'avocate termine sa plaidoirie par une note très personnelle, qui bouleverse quelque peu l'audience : « Je suis épuisée. Je me suis (émotion)... Je me suis battue à chaque instant, à chaque minute pendant 4 semaines. Mais dans quelques secondes, je ne pourrai plus rien faire. Tant que je parle, je peux le défendre. Je l’ai défendu devant les juges, dans la presse, devant devant mes amis, devant ma fille. Tant que je vous parle, je le défends encore et encore. Mais je vais me taire car c'est dans le silence et le recueillement que vous mettrez fin à ce cauchemar."
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30 ans de réclusion criminelle requis contre Cédric #Jubillar pour le meurtre de Delphine
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14h30, au tour de Me Alexandre Martin, pour la seconde plaidoirie de la défense :
« Si nous avons convoqué le professeur de droit Viguier (accusé du meurtre de son épouse disparue en 2000 et deux fois acquitté), c'était pour rappeler les règles. Appliquez-les à Cédric Jubillar.
Il est déjà coupable derrière cette cage en verre. Et puis cette petite musique …. ''S'il est incarcéré depuis 4 ans et demi, il est sas doute coupable...''
L’avocat explique et justifie ensuite l’attitude de Cédric Jubillar dans le box durant les 4 semaines de procès :
« Cet homme est sali, détruit. Lui le pleurnichard ne peut plus pleurer. Lui le gueulard ne peut plus crier. Il est désincarné. (Il se tourne vers lui) Oui Cédric, c'est insupportable comme tu peux apparaître comme le spectateur de son propre procès. »
M Martin décrit l’enfance de Cédric Jubillar, avec une mère dysfonctionnelle qui le place puis le reprend. Un retour dans le foyer maternel où il recevra des coups de son beau père.
"Le pécher originel, c'est peut-être l’absence du regard de sa mère"
« C'était une femme indépendante Delphine, capable de s’opposer. Entourée, elle avait des amies, elle sortait, sans lui... Je ne vais pas vous raconter un conte de fées. Oui, il sait tout sur tout, il veut qu’on le regarde, lui, l'enfant agité. Le pécher originel, c'est peut-être l’absence du regard de sa mère.
« Un jour, Delphine décide d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. La construction de cette histoire d’une chrysalide qui va s'envoler, ce n'est pas tout à fait celle ci. Ils (Delphine et son amant) veulent une relation charnelle au début. L'un et l'autre n'ont pas l'intention de quitter leur foyer respectif. Donat -Jean va la faire rêver. Entre celui qui fume des joints dans le jardin, qui lui parle mal et l'autre qui se présente comme le séducteur de Gleeden... Elle va finir par tomber amoureuse. On est fin juillet. »
Qui n’a jamais dit une fois dans sa vie : « Il me fait chier ! », « Je vais le tuer ! »
Puis l'avocat s'emporte : « Aux assises, la vraie vie, on la met dehors ! Qui n’a jamais dit une fois dans sa vie : « Il me fait chier ! », « Je vais le tuer ! » quand quelque chose vous agace ?
Concernant la sévérité des punitions données par Cédric Jubillar à son fils Louis, l'avocat les justifie en insistant sur le fait que « les enfants doivent avoir peur de leurs parents ». Les fessées ? « Des méthodes éducatives avec 60 ans de retard car il n'a pas eu de modèle paternel. Alors il a fait ce qu’il a pu. »
« Mais on ne peut pas tirer de liens et affirme que s'il est capable de taper sur Louis, il peut le faire sur Delphine. Cela n’a rien à voir. »
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Après la plaidoirie de Me Emmanuelle Franck ce matin, place à celle de Me Alexandre Martin (deuxième avocat de la Défense), qui va plaider l'acquittement de Cédric Jubillar auprès de la Cour
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L’avocat s'adresse alors aux jurés et leur lit l’article 353 du code de procédure pénale, qui servira de base aux délibérations :
« Vous allez devoir expliquer ce qu’il s’est passé, de le rédiger. C'est ça votre devoir, votre obligation de motivation. Un juge qui n’est pas inquiet et un juge inquiétant. Vous devez douter. »
« Ça fait 4-5 ans qu’on attend ce moment. J'ai le sentiment d’avoir tout donné. C'est à vous qu'appartiendra la décision. Soyez exigeants. Votre devoir de jurés.
Oui ou non de preuves suffisantes, sont-elles démontrées ? Non ! Au contraire, votre devoir est de l’acquitter. »