Après avoir dressé hier le portrait psychologique de Cédric Jubillar dès le premier jour du procès, c'est aujourd'hui au tour des experts dédiés de dessiner la personnalité de Delphine Jubillar, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn).
Pour l'enquêteur de personnalité Valentin Belbeze appelé à parler à la barre, appuyé par les témoignages des proches de Delphine Jubillar, quand cette dernière rencontre Cédric, c’était un « bad boy » qui lui a plu. Elle pensait le faire changer. Sa famille n'était pas vraiment favorable et enthousiaste à cette rencontre mais est restée à distance. Elle espérait même que cette histoire tourne court.
« Elle avait honte de son mode de vie »
Vient le mariage , le projet de maison à Cagnac. C’est Cédric qui insiste pour ce projet.
Lui achète le terrain, elle, contracte le prêt pour la construction de la maison qui ne sera jamais finie. Un sujet qui devient une source de tensions croissantes entre eux . « Elle avait honte de son mode de vie » raconte une amie, « mais se contentait de ce qu’elle avait » en référence à son enfance où elle a vécu dans une grande précarité.
Mais le projet des enfants va souder finalement le couple, quitte à ce Delphine ferme les yeux sur la manière sévère et parfois injuste dont Cédric va éduquer Louis, le fils aîné, et va le punir. « Elle n’arrivait pas à s’imposer », souligne-t-on.
🔴L'image du jour : Cédric #Jubillar qui accepte d'être filmé et photographié lors d'une suspension de séance
— Sud Radio (@SudRadio) September 23, 2025
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« Delphine se métamorphose physiquement et psychologiquement »
Mais cette vie de couple va se déliter. Surtout les deniers mois. A l'été 2020, Delphine fait la connaissance de celui qui va devenir son amant, Jean Macquet, via un site de rencontres. « Elle se métamorphose, physiquement et psychologiquement » confient ses proches. « Elle reprend le dessus », entendu sur Cédric. L’expert précise alors que Delphine était dans un processus de libération et d’émancipation de Cédric Jubillar, les mois qui ont précédé sa disparition.
Discrète, Delphine était une femme souriante et attachante. Ses enfants étaient sa raison de vivre, ce qui court-circuite la thèse d'un départ pour le djihad, hypothèse avancée par l’accusé pour tenter de justifier sa disparition sans la moindre trace.
Pas de violences conjugales constatées... sauf pour la cousine de Delphine
A la question si des faits de violences physiques ont été constatées auprès des proches, personne n'avance le moindre élément validant cette hypothèse, sauf sa cousine qui rapporte qu’une fois Delphine lui aurait dit que Cédric avait porté la main sur lui.
DOCUMENT SUD RADIO - Au deuxième jour du procès de Cédric Jubillar qui a repris ce matin devant les Assises du Tarn, l'expert Valentin Belbeze est appelé à dresser le portrait psychologique de Delphine. Avant d'entendre la version des premiers gendarmes arrivés dans la maison du couple la nuit de la disparition. Notre reporter, Christine Bouillot, vous fait vivre ce procès de l'intérieur.Delphine s'était détachée de son rôle de mère
L’expert souligne que Delphine s'était détachée de son rôle de mère quand elle a rencontré son amant, jusqu’à faire peser des doutes sur l’éducation d’Elyah, le second enfant du couple, en particulier de la part de la directrice de la crèche. Une directrice qui a même envisagé un temps de faire un signalement auprès des services sociaux.
Puis c'est au tour de Stéphanie Aussaguel, la sœur aînée de Delphine, de venir témoigner. Aujourd'hui, c'est elle qui a la charge d'élever les enfants les enfants du couple. « La disparition de ma sœur a changé ma vie (…) C’était pas prévu (…) Et puis il y a la méditation… ». Stéphanie parle peu. Elle est intimidée par cette salle comble et à son écoute. Ses mots sont comptés.
Louis a demandé à aller se recueillir sur la tombe de sa mère
Elle explique que Louis (témoin d'une dispute de ses parents le soir de la disparition de Delphine), lui a demandé s'il pouvait aller se recueillir sur la tombe de sa mère.
C'est au tour de l'un de ses deux frères, Sébastien, 36 ans, de venir témoigner. « Elle était aux petits soins pour nous », raconte-t-il. Puis, Mathieu, le plus jeune, qui raconte être parti vivre au Canada avec sa compagne pour fuir l'ultra médiatisation de cette affaire qui l'a impacté au plus profond de lui-même. « Un sentiment étrange que de rentrer chez soi et de voir à la télé que l'on parle de sa famille, souligne-t-il. C’est très lourd. Ca laisse un goût amer. »
« Louis dit que sa mère est morte, qu’il pense que papa l’a tuée »
Arrive ensuite l’administratrice ad hoc chargée du suivi de Louis et Elyah, aujourd'hui âgés de 11 et 6 ans. Elle parle du besoin des enfants de savoir ce qu’est devenue leur mère : « Louis dit que sa mère est morte, qu’il pense que papa l’a tuée ». Puis se tourne vers Cédric Jubillar et lui lance : « Si vous voulez aidez vos enfants, qu’ils aillent bien, donnez-leur des réponses ! ». L'instant est fort. De son box, l'accusé dit oui et hoche la tête.
S’il semble aller bien, le récit démontre que Louis - un enfant "taiseux" - a subi un traumatisme important et qu'il est "aujourd’hui en colère" contre papa.

Arrivée des gendarmes à 4h50
Reprise de l'audience en début d'après-midi avec le récit des premiers gendarmes arrivés en pleine nuit dans la maison du couple suite à l'appel téléphonique de Cédric Jubillar. A commencer par la gendarme Fanny Lenoir, qui raconte avoir été avec une collègue sur les lieux à 4h50 et constate : « une voiture était stationnée devant une maison qui n’est pas finie ».
Cédric Jubillar les reçoit habillé d’un haut de pyjama « panda », bas de jogging foncé et chaussettes. Il explique alors que sa femme a disparu, qu elle « n’est pas revenue de sa promenade avec les chiens » et qu'il a appelé frénétiquement le portable de Delphine. Jubillar pleure et se demande ce qu’il va faire maintenant qu’elle est partie. Les recherches commencent.
Les gendarmes notent une maison particulièrement mal entretenue avec beaucoup de désordre. Le sac à main de Delphine est posé sur le sur canapé.
Cédric Jubillar met du linge dans la machine à laver
Puis c'est au tour de la Chef Sophie Fustelini d'être auditionnée. C'est elle qui est entrée la première dans la maison des Jubillar et qui tout juste avant de franchir la porte, remarque que Cédric Jubillar est en train de mettre du linge dans la machine à laver. Mais pas de la mettre en route.
Les deux gendarmes vont faire une première inspection des lieux à l'intérieur de la maison de 4h51 à 5h39. Soit 48 minutes, avant de partir en patrouille pour tenter de retrouver Delphine. En vain. Elles reviennent à la maison du couple de 6h31 à 7h14. Ce n'est qu'à ce moment là que la voiture de Delphine sera inspectée. La gendarme Fanny Lenoir ne se souvient pas qu’un véhicule était garé derrière.
La thèse du véhicule mal garé mise à mal ?
Le portable de Delphine est géolocalisé à 300 mètres de la maison. Il sonne, puis l’appareil semble coupé tombant sur la messagerie directe.
L'autre gendarme ne remarque pas non plus de véhicules garés à côté de celui de Delphine : ce qui contredit les dires du voisin selon lequel il a affirmé avoir vu la voiture de Delphine garée dans le mauvais sens, elle avait pour habitude de toujours se garer dans le sens de la marche. Un élément important puisque l’accusation porte sur cet élément là et le fait que la voiture a bougé pour accréditer la thèse d’un déplacement du corps dans la nuit. Un point positif pour La défense de Cédric Jubillar.
.@BilgerPhilippe sur le procès de Cédric #Jubillar : "En réalité, il fait passer pour des plaisanteries un certain nombre de déclarations qui, pour un avocat général, pourraient apparaître comme des aveux" #LesVraiesVoix pic.twitter.com/2Klcm2GS6j
— Sud Radio (@SudRadio) September 22, 2025
Pas vu de traces particulières sur les chaussures de Jubillar
Un troisième gendarme arrivé plus tard explique qu’il n’a pas vu de traces particulières sur les chaussures de Jubillar, rien qui puisse dire qu’il était allé marcher dans de la terre. Il atteste que le véhicule était stationnée dans le sens de la descente « le nez vers le bas ». Le siège enfant côté conducteur était en vrac sur le côté.
Enfin, l’avocat de Jubillar interroge l'un des gendarmes et lui demande pourquoi il n’a pas enquêté davantage sur l’amant qui avait la caution d’une voiture retrouvée non loin de la maison. Car pendant ce temps, soulève-t-il, l’enquête ne s'est orientée que sur Cedric Jubillar.