Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, faisant 129 morts à Paris et à Saint-Denis, la France s'apprête à vivre une semaine de commémorations placée sous le signe de la mémoire mais aussi de la crainte. Dans une note adressée aux préfets de métropole et d’outre-mer, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez appelle à “renforcer les mesures de vigilance aux abords des sites à risque”. Notamment près des “salles de concert” et des “manifestations festives d’ampleur”.
Le ministre prévient donc que la période du 10 au 16 novembre doit faire l’objet d’une surveillance renforcée. Il rappelle que "les dates anniversaires sont toujours des moments où la menace est un peu plus élevée". Sur RTL, l'ancien Préfet a d’ailleurs souligné que la "menace endogène", portée par des individus radicalisés, restait "constante et élevée".
Le Bataclan, les terrasses, République et Saint-Gervais sous surveillance
Depuis ce week-end, un dispositif policier massif est donc visible sur les lieux symboliques des attentats. La place de la République, où de nombreux hommages spontanés ont été rendus en 2015, fait l’objet d’un encadrement policier strict. Les forces de sécurité, épaulées par les militaires de l’opération Sentinelle, multiplient les patrouilles. Notamment autour du Bataclan et des anciens lieux visés comme le bar « La Belle Équipe ».
Mais c’est surtout place Saint-Gervais, où se tiendra jeudi 13 novembre la cérémonie officielle, que les inquiétudes sont les plus fortes. Un jardin mémoriel y a été aménagé, et le site est désormais considéré comme particulièrement sensible en raison de la présence de hautes personnalités de l’État et de familles de victimes. Les autorités redoutent notamment des perturbations ou des tentatives d’actes malveillants à proximité de la cérémonie.
L'édito de @JFAchilli :"Parce qu’il ne faut jamais oublier la barbarie. Pour 82% des Français, 8 personnes sur 10, il est important, voire très important, de commémorer jeudi les attentats de Paris qui ont fait il y a dix ans 130 morts et des centaines de blessés le 13 novembre… pic.twitter.com/UILwW2eBbl
— Sud Radio (@SudRadio) November 10, 2025
Trois arrestations qui ravivent les craintes
Cette inquiétude a été renforcée par la mise en cause récente de Salah Abdeslam, seul survivant du commando du 13 novembre 2015. Il est soupçonné d’avoir détenu en prison une clé USB contenant de la propagande islamiste. Une découverte qui a ravivé les tensions à la veille des commémorations.
Autre élément de préoccupation : l’arrestation de trois jeunes femmes, âgées de 18, 19 et 21 ans. Elles sont suspectées d’avoir préparé une attaque visant “un bar ou une salle de concert” à Paris. Et ont été interpellées le 7 octobre. Elles ont ensuite été mises en examen et placées en détention provisoire pour “participation à une association de malfaiteurs terroriste”. Les suspectes, toutes de nationalité française, échangeaient des messages de propagande sur les réseaux sociaux. Elles cherchaient également à se procurer des armes et des ceintures explosives. Si leurs avocats contestent leur implication, les services de renseignement estiment que leur radicalisation était avancée.
Des profils radicalisés en augmentation et de plus en plus jeunes
Ce renforcement sécuritaire intervient donc dans un climat de menace terroriste revu à la hausse. Selon le parquet national antiterroriste (PNAT), 86 % des 540 procédures en cours concernent la mouvance djihadiste. Le procureur national antiterroriste a même confirmé que six projets d’attentats ont été déjoués depuis le début de l’année 2025. Il rappelle que la menace “s’accroît” et que les profils radicalisés sont de plus en plus jeunes.
Deux tiers des individus impliqués dans des projets d’attentats en 2023 avaient moins de 21 ans, selon le PNAT. Et entre 2020 et 2024, le nombre de jeunes de moins de 25 ans signalés pour radicalisation a bondi de 66 %. Une radicalisation qui s'opère notamment via les forums et jeux vidéo en ligne. Dix ans après le cauchemar du 13 novembre 2015, la France rend donc hommage à ses victimes dans un climat de tension maximale. La mobilisation des forces de l’ordre et les appels à la prudence traduisent une détermination à éviter tout nouveau drame. Mais ils soulignent aussi la réalité d’un danger toujours présent.