La cour d'appel de Paris rendra ce lundi à 13h30 sa décision sur la demande de mise en liberté de l'ex-président Nicolas Sarkozy, incarcéré dans le procès libyen. A l'audience d'examen de sa demande lundi matin, le parquet général a requis que l'ex-chef de l'Etat soit libéré sous contrôle judiciaire de la prison de la Santé à Paris, où il est écroué depuis vingt jours.
Lors de l’audience en visioconférence devant la cour d’appel de Paris, Nicolas Sarkozy a décrit sa détention comme "très dure", "éreintante" et "un cauchemar". Condamné à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen, l’ancien chef de l’État clame son innocence et demande sa mise en liberté, invoquant des conditions de détention éprouvantes et l’absence de risque de récidive.
"C'est dur, très dur"
"C'est dur, c'est très dur, ça l'est certainement pour tout détenu, je dirais même que c'est éreintant", a dit l'ancien président, invité à s'exprimer à la fin de l'audience qui a duré un peu moins d'une heure. "Je veux rendre hommage au personnel pénitentiaire qui a été d'une humanité exceptionnelle et qui a rendu ce cauchemar, parce que c'est un cauchemar, supportable", a-t-il poursuivi, le visage fermé, apparaissant en visioconférence depuis la prison de la Santé à Paris.
"Je n'avais pas imaginé attendre 70 ans pour connaître la prison"
Condamné le 25 septembre à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, Nicolas Sarkozy a admis ne pas avoir "imaginé attendre 70 ans pour connaître la prison".
Le tribunal correctionnel de Paris l'a reconnu coupable d'avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il a aussitôt fait appel.
Lundi, il a une nouvelle fois clamé son innocence. "Je souhaite que la cour soit convaincue d'une chose : je n'ai jamais eu l'idée folle de demander à M. Kadhafi quelque financement que ce soit", a-t-il assuré. "Jamais je n'avouerai quelque chose que je n'ai pas fait", a-t-il dit. "Je me bats pour que la vérité triomphe", a-t-il encore ajouté.
"Jamais je n'avouerai quelque chose que je n'ai pas fait"
Pour "le président, même s'il est un homme fort, robuste et courageux, cette détention a été pour lui une grande souffrance et une grande douleur", a souligné avant lui un de ses avocats, Me Jean-Michel Darrois, qui s'exprimait à ses côtés en visioconférence. Le conseil a assuré la cour que devait être "exclue" de son esprit l'idée qu'il pouvait y "avoir réitération de l'infraction" et qu'il ne pouvait "y avoir de pression sur les témoins", des critères qui pourraient fonder son maintien en détention.
"C'est la détention qui constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire", a souligné de son côté Me Christophe Ingrain, un autre de ses avocats, observant qu'il était pour des raisons de sécurité "placé à l'isolement" et qu'il bénéficiait de la protection de deux agents en détention.