Alexandre Vincendet, vous êtes maire de Rillieux-la-Pape où il y a eu un tournage d'un clip par certains jeunes devant un bâtiment désaffecté. Ils ont ensuite tiré au mortier sur les policiers qui sont intervenus et ça a mis le feu à un immeuble occupé.
"C'est exactement ça. D'ailleurs, je n’aime pas le qualificatif "jeunes". Car quand on fait ce qui a été fait, on n'est pas un jeune, on est un délinquant. J'aimerais bien qu'on fasse la différence entre les jeunes des quartiers qui pour beaucoup sont extraordinaires. D’ailleurs c'est l'immense majorité. Et une petite poignée d'individus qui sont des délinquants et qui sont là uniquement pour détruire et faire en sorte que la République ne règne pas dans certains quartiers."
"Des sanctions exemplaires"
Il n'y avait aucune autorisation qui avait été donnée pour tourner ce clip ? Qu'est-ce qui les a poussés à venir tourner ce clip
"Aucune. Et d'après les éléments qui commencent à me remonter, le rappeur qui lui n'est pas de Rillieux-la-Pape, est aussi quelqu'un qui serait connu des services de police. Je n’ai aucune information sur leurs motivations. À l'heure où je vous parle, il y a une enquête judiciaire qui est en cours et les choses avancent.
Pour autant, j'ai eu l'assurance de la part des services de l'État et de la police nationale que l'enquête avançait à grands pas. Et je ne peux que remercier les enquêteurs. Je sais qu'ils sont à pied d'œuvre depuis les premières minutes du drame.
À Rillieux-la-Pape, un tir de mortier lors d'un tournage d'un clip de rap déclenche un incendie dans un immeuble : "Des familles ont tout perdu ! (...) Non, ce ne sont pas des jeunes, mais des délinquants !" dénonce le maire @AlexVincendet #GrandMatin https://t.co/Mh43E1e7xb pic.twitter.com/C7kGYacfeI
— Sud Radio (@SudRadio) November 10, 2025
Il y a eu des interpellations déjà ?
"Pour l'instant, pas d’interpellation. En tout cas pas à ma connaissance, à l'heure où je vous parle. Ce que je sais, c'est que le procureur de la République prendra les dispositions nécessaires pour que des sanctions exemplaires soient prises vis-à-vis des responsables de ce drame."
"Il y a des familles qui ont tout perdu"
Alors, il n'y a pas eu de victimes car ça s'est passé en plein jour et que les gens ont pu sortir de leurs immeubles
"Oui, complètement. En fait, aujourd'hui, il y a 39 personnes qui ont perdu leur logement. On en a sur les 39, certains qui sont relogés chez des proches et des familles, de l'autre côté, on a un peu plus d'une vingtaine de personnes avec des enfants qui sont relogées à l'heure où je vous parle, par la ville. Je les ai vues encore hier, on les prend en charge, on est en train de monter aussi une chaîne de solidarité parce qu'il y a des familles qui ont tout perdu. Pour que des habitants puissent venir faire des dons, pour que les enfants et les familles puissent avoir des habits.
Concrètement, comment gérez-vous l'urgence ?
On est en train de voir pour mettre un bus pour déposer les enfants à l'école, les ramasser ce soir. Car je pense que la ville va devoir les loger pendant un certain temps. En tout cas, on sera aux côtés des familles. J’ai pu l'assurer aux familles, autant que nécessaire et aussi longtemps que nécessaire. C’est essentiel, parce qu'il y a la partie judiciaire, mais il y a aussi la partie solidarité sociale vis-à-vis de ces familles qui sont dans un quartier pauvre et qui aujourd'hui ont tout perdu."
"C'était un immeuble qui avait été totalement réhabilité"
S’agissait-il de logements sociaux ou pas ?
"Le quartier où le bâtiment a brûlé était un immeuble totalement réhabilité dans le cadre de la rénovation urbaine. Vous parliez en introduction du lieu du clip de rap derrière une barre désaffectée, la barre qui est juste derrière l'immeuble qui a brûlé et qui a été rénové, est une barre qui est vouée à la démolition. Car le quartier des Alaniers, à Rillieux-la-Pape, est un quartier à la base 100% logement social et depuis 10 ans, on mène des opérations de rénovation urbaine qui est l'une des plus importantes de l'agglomération lyonnaise. Et la barre qui est derrière était en cours de démolition.
"Le but est de changer le visage de ces quartiers"
Sauf qu'il y a quelques semaines, les bases de vie ont été incendiées par les voyous du secteur parce qu'il y a un point de deal. Vous avez les ouvriers qui ont été menacés, le chantier s'est arrêté. On avait eu une réunion mercredi dernier au niveau de la préfecture pour faire en sorte justement de remettre des effectifs policiers supplémentaires pour que les travaux reprennent et pour que la démolition se fasse. Le but c'est de changer le visage de ces quartiers. De démolir une partie des quartiers pour les réouvrir de façon urbaine, créer de la mixité sociale. Et ce que ne veulent pas les voyous sur place, très clairement, c'est qu'on change les choses.
C'est un des plus pauvres de l'agglomération lyonnaise. On est à 8500 euros de revenus nets médians par personne et par an. Je vous laisse imaginer ce que ça peut représenter en termes de paupérisation et de ghettoïsation."
"Il y a des familles qui nous posent problème"
Y-a-t-il souvent des problèmes dans ce quartier ?
"Il y a des problèmes dans ce quartier, c'est le quartier le plus compliqué de la ville de Rillieux-la-Pape parce qu'on sait qu'il y a un point de deal. Parce qu'on sait qu'il y a des familles qui nous posent problème. On le sait et tout le monde connaît ces familles.
Aujourd'hui, on va même voir d'ailleurs avec les services de l'État, des choses qu’on évoquait avant même l’incendie. Trois jours avant l'incendie, en réunion à la préfecture avec les services de l'État, on a évoqué certaines familles sur lesquelles il va falloir qu'on travaille pour aller en utilisant la loi Casparian, la loi anti-stupe, qu'on aille même jusqu'à certaines, jusqu'à des expulsions.
"Nous disposons de moyens policiers exceptionnels"
On sait qu'on a des familles qui nous posent de très gros problèmes. Je savais au moment où on démolirait la barre, j'avais dit à mes équipes : je pense que ça va être très dur parce qu'on s'attaque à ce qu'ils estiment être leur territoire. Alors que c'est le territoire de la République. Ça va être un affrontement qui va être très dur. Et malheureusement, les faits m ont donné raison."
Vous allez porter plainte avec la ville ?
"Aujourd'hui, il y a des plaintes qui ont été déposées par les familles. La ville en elle-même n'a pas subi de préjudice. Les seuls préjudices, ce sont malheureusement les habitants qui les supportent avec l'incendie de leur logement. Donc les habitants par contre ont pu déposer plainte hier. Il y a une cellule spéciale qui a été mise en place pour que les plaintes soient prises très rapidement. Pour que la partie judiciaire avance très rapidement. De l'autre côté, on a des moyens policiers supplémentaires sur place et sur le terrain. Ce sont des moyens policiers exceptionnels et j'ai eu l'assurance qu'ils seraient gardés dans le temps."