ENTRETIEN SUD RADIO - La crise de la France, la réorganisation de l'action publique, la "République fédérale", l'abandon de la jeunesse... Jean-Louis Borloo a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Ce qui me fascine, c’est qu’on ne voit pas l’éléphant dans le milieu de la pièce"
Jean-François Achilli : vous dites, "il ne faut jamais gâcher une crise. Au regard du chaos dans lequel nous sommes, qu’est-ce que vous constatez ?
Jean-Louis Borloo : "Je suis parti il y a 13 ans, je n’avais plus la forme physique, j’ai démissionné, c’était la moindre des corrections."
"J’ai le sentiment qu’on ne prend pas la mesure de la situation."
On cherche 40 milliards…
"Ce qui me fascine, c’est qu’on ne voit pas l’éléphant dans le milieu de la pièce."
"On a une crise du logement grave et qui va s’aggraver. Une crise de la jeunesse qui est fascinante. On a une crise de l’agriculture, des prisons, de la chaîne judiciaire."
"Et en même temps, on a un déficit qui est à environ 40 %. Revenir à l’équilibre, c’est entre 180 et 200 milliards l’année prochaine."
"On peut peut-être se poser la question si on n’a pas un problème d’organisation de l’action publique. Il est là le problème."
La France est désorganisée ?
"Il n’y a aucune organisation au monde, religion, armée, états, syndicats… aussi désorganisée que la France."
"La France est le pays le plus émietté du monde en termes d’organisation."
"Tout le monde fait tout ! Ce qui est fascinant, c’est que tout le monde fait tout. Et personne n’y comprend rien."
"Une telle désorganisation… qui nous coûte en moyenne 150 milliards."
Il y a 150 milliards potentiels ?
"Oui. Et c’est plus grave. Toute décision est longue."
"L’impuissance publique, elle est là."
"Il faut mettre en débat la République fédérale à la française !"
Jean-François Achilli : Toutes les majorités disent : 'on va simplifier', mais personne ne le fait. Que faut-il faire ?
Jean-Louis Borloo : "Il faut débloquer la France."
"Il est temps de revenir à une chose simple : ou une organisation centralisée, l’État fait tout, mais c’est terminé. La vérité ? c’est simple : il faut qu’il y ait pour une mission un seul décideur."
"Il faut mettre en débat la République fédérale à la française !"
C’est-à-dire ?
"Les provinces gèrent tout ce que ne gère pas l’État."
"Tout ce qui sont les peines et soins, c’est-à-dire les gens, c’est les provinces. Il faut aller au bout : un parlement de province qui fait la loi de la province."
Ce plan, vous allez le présenter bientôt ?
"C’est pas un plan. C’est la nation française qui va s’en emparer."
"On est dans l’impasse, on est dans la crise. Il ne faut pas gâcher la crise."
"La jeunesse, si elle était en forme et bien formée, c’est trois points de PIB en plus."
Il faut sortir du système de pensée, ça ne marchera pas avec notre grille de lecture !
"Il est très difficile de penser autrement que l’on pense. Tous les jours, vous prenez le même chemin même si c’est pas le moins court."
"Si on ne pose pas la question avec les Français, le plus malin à la télé sera élu."
Le discours me plaît, vous allez présenter ce plan ? C’est une révolution.
"Pas du tout. Je ne fais que mettre des mots. Je suis le tiers de confiance pour fédérer les patrons, les syndicats, les collectivités locales, quelle que soit la sensibilité."
"Il y en a qui veulent tout bloquer, moi je veux tout débloquer."
"Il faut ramener la jeunesse de France sur le toit du monde"
Patrick Roger : Vous nous avez mis l’eau à la bouche. Il y a par exemple 1,5 million de jeunes perdus de vue.
"Il y a un abandon de la jeunesse de France."
"Quand vous êtes adultes que vous allez bien, que vous pensez tous pareil, vous ne savez pas qu’il y a des gamins aux pieds des immeubles. C’est juste humain."
"Il faut faire la réorganisation dont je parlais. Mais notre sujet central, c’est la jeunesse."
"Il faut ramener la jeunesse de France sur le toit du monde."
Il y a de l’hypocrisie non ? Le narcotrafic, les consommateurs qui critiquent mais achètent. Faut-il légaliser le cannabis ?
"Je ne veux pas me prononcer. Ce qui m’intéresse, c’est la jeunesse de France."
"L’indice de développement de la France : on est passés de la 2e place à la 30e en 10 ans !"
Jean-François Achilli : Vous avez parlé de la bande du redressement. Mais qui s’en occupe ?
"Chacun son rôle. Je peux être le tiers de confiance."
"Je pense qu’il faut réunir des gens qui ont géré des complexités. Des villes complexes, pas forcément les grandes."
Françoise Degois : Comment vous faites, concrètement ? Comment vous la situez cette bande du redressement ?
"Ce sont des résistants gaullistes ou communistes qui ont redressé la France."
"On est à une crise. Le problème central, c’est que les gens qui gèrent des complexités sont humbles, passionnés, et ce monde-là leur paraît inaccessible."
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