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Jean-Xavier de Lestrade : "Ces survivants du Bataclan ne voulaient pas être porte-paroles de toutes les victimes"

INTERVIEW SUD RADIO - Jean-Xavier de Lestrade, réalisateur, était au micro de "Sud Radio Média" ce lundi 10 novembre pour parler de sa série "Des Vivants".

Jean-Xavier de Lestrade
Jean-Xavier de Lestrade, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média".

Le 10 novembre 2025 à 21h05, France 2 diffuse les épisode 3 et 4 de la série "Des Vivants", consacrée aux survivants de l'attentat de Bataclan, il y a dix ans. (Les épisodes précédents sont disponibles sur www.france.tv.) Jean-Xavier de Lestrade et Antoine Lacomblez en sont les réalisateurs.

Jean-Xavier de Lestrade : "Ces sept personnages que l'on suit, c'est sept manières différentes de vivre l'après-violence"

Valérie Expert : La personnage jouée par Alix Poisson est formidable parce qu'elle a une forme de déni, de légèreté…

Jean-Xavier de Lestrade : Ces sept personnages que l'on suit, c'est sept manières différentes de vivre l'après-violence. Et Marie a cette force dingue. Lundi matin elle retourne au travail et elle essaie de faire marrer ses collègues. On croit savoir ce qu'est la vie de victimes après, et en fait on ne sait rien de cette vie-là.

Gilles Ganzmann : Comment Marie réagit-elle lorsque vous dites "je vais faire un film sur votre histoire" ?

Jean-Xavier de Lestrade : Déjà, il fallait que les sept soient d'accord. Et au début, ils ont mis pas mal de temps à accepter, parce que c'est des gens qui ont une forme de pudeur, ils voulaient pas qu'on étale leur douleur comme ça. De plus, ils ne voulaient pas être porte-paroles de toutes les victimes. Mais bon, finalement on a réussi à les convaincre parce que ça me semblait nécessaire d'aujourd'hui de faire une série.

Valérie Expert : Les acteurs étaient-ils libres, ou bien les otages ont-ils rectifié les scènes ?

Jean-Xavier de Lestrade : On a co-écrit le scénario avec Antoine La Comblaise, on les a rencontrés, les sept "potages". On les a rencontrés individuellement pendant de longs entretiens qui duraient parfois une journée. À partir de ces récits, on a écrit le scénario.

"On s'est vraiment posé la question de savoir s'il fallait représenter les terroristes"

Gilles Ganzmann : Avez-vous rencontré François Hollande?

Jean-Xavier de Lestrade : Oui, j'ai rencontré François Hollande. En fait, François Hollande est venu même sur le tournage une des nuits où on tournait devant le Bataclan. C'était aussi important d'avoir un dialogue avec lui puisqu'il est présent d'une certaine manière dans la série, parce que les terroristes se sont servis des bombardements en Syrie pour dire "d'une certaine manière, c'est pas nous qui agissons, c'est votre président". C'est important, surtout parce qu'on sait depuis le procès que les attentats étaient préparés de longue date, bien avant les premiers bombardements en Syrie.

Valérie Expert : On voit que les terroristes sont quand même des pauvres types…

Jean-Xavier de Lestrade : C'est ça. On s'est vraiment posé la question de savoir s'il fallait représenter les terroristes. Fallait-il leur donner un visage, fallait-il qu'ils aient une voix ? Alors, étant donné que les otages avaient eu une confrontation avec eux, étaient en leur présence, ont croisé leurs regards… il fallait absolument qu'il y ait des comédiens qui les jouent. Mais il ne fallait surtout pas laisser le moindre interstice pour leur donner plus d'empathie ou plus d'humanité qu'ils n'ont eu, c'est-à-dire zéro.

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