Il y a 10 ans déjà, les attentats islamistes du 13 novembre frappaient de plein fouet la France. Une attaque meurtrière revendiquée par le groupe Daech qui avait causé la mort de 130 personnes et les blessures de 413 autres, et une sidération mondiale. Une série d'attaques planifiées à plusieurs endroits de Paris et sa périphérie.
D’abord au Stade de France où se déroulait le match France-Allemagne, puis dans différents lieux de vie du 11ème arrondissement où 3 terroristes avaient mitraillés des terrasses de café et de restaurant. L’attaque la plus meurtrière fut celle du Bataclan, où 90 personnes avaient perdu la vie. Parmi les 1500 spectateurs présents dans cette salle de concert, un grand nombre étaient restés des heures parfois blessés, cachés ou transis de peur dans des salles annexes et sous les cadavres de martyrs tombés sous les tirs des djihadistes.
Pour Catherine Bertrand, rescapée de cette nuit d'horreur au Bataclan et devenue depuis vice-présidente de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVP), les 10 ans de ces attentats seront l’occasion de créer une course intitulée “13 UNIS”, en écho à cette date tragique dans l'histoire de France. Au micro d'Anthony Martins-Misse sur Radio Radio, cette survivante explique sa démarche.
"Je me suis complètement transformée “
“ L'année dernière, j'ai perdu un ami très cher qui était aussi au Bataclan, qui a mis fin à ses jours, qui s'appelle Fred Deville, en mai 2024. Donc, j'étais, pour tout vous dire, au fond du trou et je pensais franchement que rien ne pourrait me tirer vers le haut. Je ne voyais pas d'espoir ni d'avenir jusqu'à ce que les Jeux Olympiques arrivent", raconte-t-elle. "Moi, j'étais en mode protection chez moi parce que je me suis dit : ''il va y avoir beaucoup de monde à Paris. Je vais faire des crises d'angoisse, donc vaut mieux que je reste chez moi''. J'ai regardé la cérémonie d'ouverture et là, je me suis complètement transformée. “ raconte Catherine Bertrand.
"Ca m'a donné espoir en l'avenir"
"C'est même plus qu'une claque, ça m'a envahi !", confie-t-elle. Oui, c'est vraiment un événement déclencheur. Je me suis retrouvée à être devant mon écran, à être heureuse, à avoir encore de nouveau des sentiments positifs que j'avais perdus depuis quelques temps. Et ça m'a donné espoir en l'avenir. Et je me suis dit, le sport, c'est vraiment un super moyen de véhiculer plein de choses."

"Ouvrir les commémorations à tous les Français”
“ Les Jeux Olympiques ont été un élément déclencheur", explique celle qui a écrit par ailleurs un ouvrage intitulé Chroniques d'une survivante. En septembre, quand il n'y a plus les Jeux Olympiques pour vraiment fédérer autour et qu'on soit très nombreux à être portés par le sport, c'est vite retombé comme un soufflet pour moi", confie-t-elle avant de reprendre. "Je me suis dit, c'est dommage parce qu'on a vécu des moments inédits, extrêmement fédérateurs. J'ai vu les Français, heureux, se rassembler autour du sport et j'avais envie de perpétuer un peu ce sentiment là."
"Il y a un traumatisme collectif"
"En septembre dernier, on a fait des réunions avec les associations de victimes des attentats du 13 novembre et on s'est dit, qu'est-ce qu'on va faire ? Qu'est-ce qu'on va proposer pour les dix ans ? Depuis dix ans, on commémore entre victimes et avec les officiels, bien sûr, mais on commémore entre nous. C'est la France qui a été attaquée et je pense que c'est l'occasion, maintenant, d'ouvrir les commémorations à tous les Français.” souligne la rescapée du Bataclan.
"On a tous vécu cette soirée"
"J'estime que les Français sont également concernés par ces commémorations. Quand je parle de mon 13 novembre, tout le monde me parle de son 13 novembre. Tous les Français et surtout aussi les Franciliens ont été extrêmement angoissés de perdre des gens ce soir-là" conclut Catherine Bertrand. "Toutes les personnes que je croise me parlent de leur 13 novembre. On a tous vécu cette soirée. On sent qu'il y a un traumatisme collectif qui n'a pas été encore pris en charge."
La course “13 UNIS” (parrainée notamment par Tony Estanguet et Marie-José Pérec) aura donc lieu le dimanche 9 novembre. Une distance de 15 km qui partira du Stade de France à 9h30, passera devant les bars et terrasses touchés par les attentats et se terminera devant l'Hôtel de ville de Paris. Des centaines de personnes sont déjà attendues pour porter un message d’unité, de liberté et de mémoire.