Drôle d'époque, Éric Revel où Delphine Ernotte a été auditionnée à l'Assemblée Nationale. La commission d'enquête parlementaire s'est penchée sur le problème de la dérive des finances publiques, pointée du doigt par la Cour des comptes.
« Oui c’est une dérive des finances publiques. Quand vous avez une entreprise qui a 80 millions de déficit, quand vous avez une entreprise dont les capitaux propres sont en dessous du capital social, cette entreprise est normalement en faillite.
Delphine Ernotte, pendant 4h30 devant la commission d'enquête parlementaire explique que tout va bien, il n'y a rien à voir, circulez. Elle explique qu'on lui reproche des effectifs pléthoriques. Non, non, non, la présidente de France Télévisions explique que pendant 7 ans, 2017-2024, elle a baissé la masse salariale de l'équivalent de 1 200 postes. Et que les effectifs sont aujourd'hui de 8 700 postes. Il n'y a rien à voir, on lui dit : « mais madame, il y a eu des frais de réception, de nourriture, d'1,5 millions pendant la fameuse période de confinement de Covid ».
"Tout glisse sur Delphine Ernotte"
Elle dit qu’il y avait des gens d’astreinte et qu’il fallait bien les nourrir. En fait, tout glisse sur Delphine Ernotte, comme sur les plumes d'un canard. Et puis il y a des médias qui sont en appui. Je lisais le compte-rendu, dans le journal Le Monde, journal de gauche, vous savez comment ils décrivent madame Ernotte lors de cet exercice ? « Calme, pédagogique, sereine ». Voilà, ce sont les mots utilisés.
Donc il y a des problèmes financiers. Un de ces cadres qui était là, qui témoignait aussi, mais en gros, c'est pas dû à la mauvaise gestion de la présidente et de ses équipes. Non non non, c'est dû au fait qu'il y a moins de dotation d'État donc ils ont des engagements, donc ça coûte cher, donc le déficit est normal. On demande pas au service public de dégager des profits, mais on demande au moins d'être équilibré financièrement, faute de l'aide politiquement. »
Delphine Ernotte devant la commission d'enquête sur l'audiovisuel public : "Pendant quatre heures et demie, elle nous a expliqué que tout allait bien, qu'il n'y avait rien à voir !" dénonce @ericrevel1 #GrandMatin
— Sud Radio (@SudRadio) December 11, 2025
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"Delphine Ernotte réfute l'idée de partialité de France Télévisions"
Il y a une autre question, celle de la neutralité. Delphine Ernotte a défendu l'impartialité politique de ses chaînes TV.
« Ah oui là aussi, il n'y a rien à voir, circuler. Manque de pluralité alors que les Français, de toute obédience politique, payent pour le service public, bah non, la présidente de France Télévisions insiste, la formation est rigoureuse, elle n'est pas impartiale. Et pourtant vous avez des parlementaires de droite, mais aussi de gauche, ou d'extrême-gauche, qui se sont plains. Qui ont dit « mais attendez, là, vous avez un traitement biaisé de l'information ». Ernotte a concédé quelques erreurs, mais elle réfute l'idée de partialité de France Télévisions. Quand on lui dit qu’il y a eu des dérapages, elle répond : « Oui, c'est vrai mais on a corrigé ».
Mais il faut avoir un peu de mémoire, elle dit que l'information est impartiale. Mais qui a dit « on ne représente pas la France telle qu'elle est, mais telle qu'on voudrait qu'elle soit ? ». C'est elle-même. Ce n’est pas de la partialité dans le traitement de l'information que la présidente de France Télévisions voudrait mettre en avant ? On peut se poser la question, quand même. »
"Si le but est de dire que ces chaînes sont à privatiser, attention !"
Mais quel but de cette commission d'enquête sur France TV et Radio France ?
« Alors, on verra ce que le rapporteur et le président de la commission d'enquête tireront comme conclusions. Parce qu'aujourd'hui, c'est Sibyle Veil, la patronne de Radio France, qui est auditionnée. Donc quel but ? À mon avis, c’est une question centrale, parce que si le but, est de dire que ces chaînes sont à privatiser, attention. D'abord, parce que les lois régissent la concentration des médias dans ce pays.
Donc, si vous aviez un groupe privé qui a déjà des médias qu'il voudrait acheter en cas de privatisation d'autres médias, ça me paraît très difficile. On exclut le fait que des capitaux étrangers puissent être achetés dans le cadre d'une privatisation de France Télévisions.
"La privatisation ce n'est pas si simple qu'on le croit"
Et puis, j'attire attention sur une chose. Ceux qui veulent la privatisation du service public, aujourd'hui, on dit que les contribuables payent trop et n'en ont pas pour leur argent. Oui. Mais si vous privatisez ça veut dire que le gâteau publicitaire des gens qui sont déjà dans la place avec des groupes comme TF1 ou M6, dirait « Attendez, vous rigolez, vous n'allez pas privatiser, on va pas partager le gâteau publicitaire ». Donc c'est pas si simple.
Alors en revanche, peut-être que la commission d'enquête, parce que le service public coûte quand même 4 milliards d’euros, conclura à l'obligation de réformer les médias publics sur le fond, en y allant franchement. Mais la privatisation, attention, parce que ce n'est pas si simple qu'on le croit, sans parler des chaînes qui n'intéresseront aucun groupe privé parce qu'elles ne sont pas rentables. »
Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger.