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Georges Fenech : "Il ne faut pas croire que l’état d’urgence est une nécessité"

Par La Rédaction

Emmanuel Macron a annoncé mercredi sa volonté de prolonger l’état d’urgence en France jusqu’au mois de novembre. Un dispositif qui n’est plus forcément "nécessaire" pour Georges Fenech, l’ex-président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015.

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Le chef de l’État a fait part mercredi de sa volonté de prolonger l’état d’urgence en France jusqu’au 1er novembre, deux jours après l’attentat qui a frappé Manchester, au Royaume-Uni, faisant 22 morts et 59 blessés. Emmanuel Macron souhaite également faire voter un nouveau texte de loi pour renforcer la sécurité face à la menace terroriste. Pour Georges Fenech, député Les Républicains du Rhône, et ancien président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, cette décision politique est compréhensible mais n’est pas forcément "nécessaire"

Sud Radio : Le président de la République et le gouvernement souhaitent prolonger l’état d’urgence. Est-ce une bonne chose ? 

Georges Fenech : Cette prolongation, en terme de confiance et de communication, est quelque chose d’inévitable. Si on lève l’état d’urgence, on donne le sentiment qu’on baisse la garde.

En réalité, depuis qu’il a été institué il y a plus de 18 mois, l’état d’urgence n’a pas apporté de résultats tangibles en matière de terrorisme.

Même s’il y a eu quelques perquisitions fructueuses, la véritable lutte contre le terrorisme, ce sont les investigations par les renseignements généraux, et les enquêtes par les juges. D’autant plus que nous avons adopté au mois de juin 2016 de nouveaux dispositifs qui ont fait rentrer dans le droit commun des éléments de l’état d’urgence. Je comprends cette décision qui a un caractère politique, qui s’adresse aux citoyens. Mais il ne faut pas croire qu’en maintenant l’état d’urgence, on va accroître sensiblement les moyens contre le terrorisme. 

L’état d’urgence reste-il toujours efficace ?

Lorsque je présidais la commission d’enquête, nous avions auditionné un certain nombre de responsables. Ils nous disaient très clairement que l’état d’urgence a une efficacité dans les tout premiers jours grâce à l’effet de surprise, les perquisitions administratives. Ensuite, ça présente beaucoup moins d’intérêt. Sur une période d’un an, on avait considéré qu’il y avait quatre dossiers - sur les centaines de décisions prises - qui avaient un lien direct ou indirect avec des radicalisés. Il ne faut pas croire que l’état d’urgence  est une nécessité absolue.

Il faut en revenir au droit commun avec tous les dispositifs légaux que nous avons adopté. 

Hors de l’état d’urgence, comment peut-on renforcer la lutte contre le terrorisme ? 

Nous avons un arsenal législatif et judiciaire en pointe. Il y a eu quatre lois qui ont été votées sous le quinquennat de François Hollande. Les dispositifs existent déjà. Ce qui me réjouit aujourd’hui, c’est l’annonce de la création d’une "task force" auprès du président de la République qui va coordonner de meilleurs manières les renseignements. C’était une proposition de la commission d’enquête qui n’avait pas été retenue à l’époque par Bernard Cazeneuve.

Cela consiste à réunir, coordonner, définir la stratégie anti-terroriste au niveau du chef de l’État.

Maintenant que faut-il faire de plus ? J’attends de voir les propositions qui seront faites. Chez les Républicains, nous avons des propositions et nous pensons notamment qu’il est important de pouvoir exercer un contrôle drastique sur les individus fichés S, radicalisés, et considérés comme potentiellement dangereux. Ceux là, il faut pouvoir les mettre sous bracelet électronique. Il faut également expulser immédiatement tous les étrangers fichés S dangereux. 

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