Au lendemain du procès, Marianne consacre un hors-série exceptionnel de 132 pages aux coulisses du procès Sarkozy-Kadhafi. Et ce n'est pas terminé : dans le délai de 60 jours suivant le dépôt de la demande de mise en liberté, Nicolas Sarkozy pourrait tout à fait être libéré sous contrôle judiciaire, voire sous bracelet électronique, rappelle Laurent Valdiguié au micro de Sud Radio.
Laurent Valdiguié : "La petite musique de ce procès était désastreuse pour la défense de Nicolas Sarkozy"
Valérie Expert : Comment s'est fait ce hors-série exceptionnel ?
Laurent Valdiguié : C'était l'idée de Frédéric Cassegrain, qui était alors directeur général de Marianne, qui a suivi [ce procès] au jour le jour, audience après audience. Parce que c'est vrai que les comptes-rendus arrivent souvent tard. Il attendait mon compte-rendu. Puis, à la fin, le 8 avril, je suis dans son bureau, il me dit : 'Mais Laurent, qu'est-ce qui va se passer ?'. Et en avril, je lui ai dit : 'C'est une mauvaise audience pour Nicolas Sarkozy. Je pense qu'il est en risque de prison'. Il m'a dit : 'Non, mais tu penses pas'. Vous savez, un procès, c'est toujours une petite musique, c'est un son, c'est une ambiance, c'est une impression. Et cette impression était désastreuse pour la défense de Sarkozy, qui était là un jour sur deux. Et il m'a dit : 'Bon, si tu penses que la condamnation sera le jour du verdict, le 25 septembre, on va faire un hors-série'. Et donc, par un espèce de gigantesque concours de circonstances, Marianne était tout seul en kiosque sur cette condamnation, qui est quand même une condamnation historique.
"Tout le monde a compris qu'il allait y avoir des mandats de dépôt"
Gilles Ganzmann : Cela vous choque-t-il que Nicolas Sarkozy soit incarcéré ?
Laurent Valdiguié : C'est la logique du tribunal, c'est la logique de ce jugement. Cette salle du 25 septembre, c'était quelque chose d'assez incroyable. Tout le monde est rentré dans la salle en se disant : 'Tiens, est-ce qu'il y aura des mandats de dépôt ?'. Et puis, tous les avocats pénalistes vous le diront, quand un jugement est rendu avec des mandats de dépôt, il y a une grosse présence policière. Et là, il n'y en avait pas particulièrement. Donc, tout le monde est rentré dans cette salle d'audience [sans savoir ce qui allait se passer]. Et puis, au fur et à mesure, un peu à la fin, les policiers sont arrivés en surnombre. Et là, les avocats se sont tous regardés, et tout le monde a compris qu'il allait y avoir des mandats de dépôt. Il y en a eu trois : celui de Nicolas Sarkozy est différé, mais Alexandre Djouhri et le banquier suisse Wahib Nacer sont en prison depuis le 25 septembre.
Demande de mise en liberté : "C'est la Cour d'appel qui appréciera en fonction"
Gilles Ganzmann : Mais Nicolas Sarkozy, il ne va pas fuir…
Laurent Valdiguié : C'est deux logiques différentes. Le tribunal n'est pas tenu à la logique 'fuite ou pas fuite'. Le tribunal a considéré que l'extrême gravité des faits et l'effectivité du jugement sur une peine de cinq ans de prison nécessitait de l'envoyer immédiatement en prison, afin qu'il commence à exécuter sa peine.
Maintenant, il va être incarcéré, mais il va faire une demande de mise en liberté. Et là vont s'appliquer d'autres critères, les critères de l'article 44 du Code de procédure pénale : risque de fuite, risque de pression sur les témoins etc. C'est la Cour d'appel qui appréciera en fonction. Et c'est vrai que les observateurs disent que dans le délai de 60 jours, ils pourrait tout à fait être libéré sous contrôle judiciaire, voire sous bracelet électronique, compte tenu de l'absence de risque de fuite. Mais attention, ils sont trois dans ce cas-là. La Cour d'appel, on le sait, est en train d'accélérer son calendrier pour peut-être organiser un procès dès mars.
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