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Elisabeth Quin : "Les romans d'Edward Abbey ont plu à des gens comme José Bové"

INTERVIEW SUD RADIO - La journaliste Elisabeth Quin était au micro de "Sud Radio Média" ce jeudi 4 décembre pour parler de son documentaire sur l'écrivain Edward Abbey.

Elisabeth Quin
Elisabeth Quin, invitée de Valérie Expert dans "Le 10h - midi" sur Sud Radio.

Elisabeth Quin signe "Edward Abbey, naturellement subversif !", un portrait de l'écrivain américain, icône de la contre-culture. Il sera diffusé le 4 décembre 2025 sur ARTE et il est déjà disponible sur www.arte.tv.

Edward Abbey (1927-1989) a écrit plus d’une vingtaine de livres autour de la nature éternelle menacée par une espèce humaine toujours plus invasive : Seuls sont les indomptés (adaptée au cinéma en 1962 par David Miller avec Kirk Douglas et Gena Rowlands), Désert solitaire (1968), ou le jubilatoire Gang de la clef à molette, devenu culte dès sa parution en 1975, au point de galvaniser toute une génération de militants écologistes aux États-Unis et ailleurs.

Elisabeth Quin : "Edward Abbey ne supportait pas qu'on dise qu'il était un poète"

Valérie Expert : C'est un écrivain qui reste très présent dans les esprits…

Elisabeth Quin : Ceux qui nous en ont parlé ont encore les larmes aux yeux, 35 ans plus tard. C'est vrai qu'il a eu une vie intense et dense - 62 ans, 22 livres. Et un legs considérable par rapport aux générations futures. C'est-à-dire une manière d'envisager l'écologie, la militance, la lutte écologiste dans la joie, dans l'amour, dans l'envie d'exalter la notion de marcher dans la nature, d'aller au coeur de la nature, de s'émerveiller. Il était phénoménalement pédagogue. Il décrivait le vivant d'une manière exceptionnelle, c'était vraiment un poète. D'ailleurs, il ne supportait pas qu'on le dise, il voulait qu'on dise que c'était un grand romancier. Mais c'était quand même un grand écrivain naturaliste comme il y a eu tellement de grands écrivains naturalistes aux États-Unis. Et puis surtout, il envisageait l'écologisme, la lutte écologiste avec joie et avec humour. Ça a tellement plu à des gens comme José Bové, qui témoigne dans le film, il est vachement truculent, il est très drôle, José Bové. Et il dit : "J'éclatais de rire à chaque page, et c'est ça qui m'a incité. C'est l'enthousiasme et la joie féroce, corrosive [d'Edward Abbey], qui m'a donné l'énergie d'aller à mon tour sur le terrain sans jamais faire de mal à personne, et en mettant les rieurs de mon côté". Et ça, c'est fondamental.

"Paul Watson a donné le nom d'Edward Abbey à un de ses bateaux"

Gilles Ganzmann : Il y a une interview forte dans le documentaire, c'est celle de Paul Watson…

Elisabeth Quin : On a filmé cette interview en février dernier, deux mois après sa libération, puisqu'il a été quand même emprisonné pendant cinq mois à la demande des Japonais, qui ne supportent pas qu'il lutte contre le braconnage des baleines. Et puis, au passage, ce que les Japonais font aux requins, qui n'est pas tellement mieux. Et Paul Watson rappelle dans le doc que d'une part, il a rencontré Edward Abbey dans les années 1980, qu'Abbey l'a époustouflé par son humour inflexible, sa malice, sa joie de vivre, ses écrits, sa poésie… Il a d'ailleurs donné le nom d'Edward Abbey à un de ses bateaux. Et dans le dernier roman d'Edward Abbey, qui a été publié en 1990, juste après la mort d'Abbey, Paul Watson apparaît comme un personnage à la toute fin du livre, comme un hommage.

Gilles Ganzmann : Paul Watson a peut-être un peu moins d'humour qu'Abbey..

Elisabeth Quin : Paul Watson, c'est un guerrier, c'est vraiment un éco-guerrier. Abbey était un homme libre. Abbey se méfiait un peu des chapelles et de ce côté éco-guerrier. Il était plus souple, il était plus plastique, il était plus contradictoire, plus paradoxal. C'est pour ça qu'il était fascinant et qu'il vous a fasciné. Il était charismatique, il était incroyable. Il partageait la même idée : "on ne fait de mal à personne, certainement pas des autres humains". Ce n'est pas du terrorisme, ça peut être du sabotage, uniquement si on n'a pas réussi à obtenir une modification par la loi, par le vote, par la conviction, en convainquant les institutions. Peut-être un petit peu de sabotage.

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