Il n'a jamais inscrit le moindre but en professionnel, mais il a profondément transformé le football. Parti de rien, Jean-Claude Darmon a fait basculer ce sport dans une nouvelle ère : celle du business et du spectacle. Sponsoring, marketing, droits télévisés, il a tout conçu, tout négocié, tout bouleversé. Entre accords confidentiels, coups audacieux et rivalités d'égo, son ascension ressemble à une véritable épopée. Canal+ lui dédie un documentaire, réalisé par Florent Bodin.
Jean-Claude Darmon : "La publicité dans les stades a apporté beaucoup de lumière, de la joie, et de l'argent accessoirement"
Valérie Expert : Votre livre s'appelle Destin : avoir plus de rêves que de souvenirs (Éditions Fayard). Le film revient sur de très nombreux souvenirs, sur comment vous avez transformé le foot, parti avec des idées. Vous êtes un homme d'idées. C'est vous qui avez eu l'idée de mettre des panneaux publicitaires autour des stades de foot.
Jean-Claude Darmon : Oui, partout dans le monde. C'est un constat que j'ai fait quand j'étais au FC Nantes, un jour de pluie avec un brouillard incroyable. Ça manquait de couleurs. Les joueurs ne se voyaient même pas quasiment. Et donc la publicité a apporté beaucoup de lumière, de la joie, et de l'argent accessoirement.
Valérie Expert : Vous avez aussi créé le marketing sportif. Les maillots de foot n'avaient pas de publicité avant. Vous avez grâce à ça sauvé l'Olympique Lyonnais. Et puis les livres d'or que vous réalisiez chaque année.
Jean-Claude Darmon : Le Livre d'or, c'est une idée originale qui a très bien marché. Je racontais l'histoire du club, de sa création au jour où j'arrivais. Le FC Nantes, par exemeple, a démarré en 1800 et des poussières. J'arrivais en 1973. Donc, depuis des lustres au jour où j'arrivais, il y avait des vieilles photos, des gens qui avaient marqué le club, créé le club, inventé le club, le stade et tout. Il y avait plein de choses à raconter. Donc, les supporters étaient friands de ça. Et dans bouquin, j'ai mis des encarts publicitaires locaux, que je vendais évidemment.
"Aujourd'hui on connaît tous les joueurs africains grâce à la Coupe d'Afrique des nations, que j'ai créée"
Gilles Ganzmann : Est-ce que finalement, vous n'avez pas perverti le football avec l'argent ?
Jean-Claude Darmon : Évidemment, c'est pas bon, l'argent ! C'est drôle parce que tout le monde court après l'argent, mais il était incroyable qu'un joueur meilleur buteur de la Coupe du monde gagne le SMIC. C'est pas normal. Des gens de cette qualité… Picasso qui gagne le SMIC, ça n'existe pas ! Ils étaient les Picasso du sport. Donc, il fallait bien qu'on trouve des recettes pour le faire. Après, cet argent a servi pour les centres de formation, pour les infrastructures… il y a tellement de choses. L'argent ne pourrit pas tout, c'est l'homme qui pourrit l'argent.
Si vous voulez vendre un produit, si vous avez un magasin, il faut une vitrine. Nous, on n'avait pas de vitrine. La télévision offrait une visibilité énorme, magnifiait les joueurs. Pour votre information, j'ai créé la Coupe d'Afrique des nations qui va avoir lieu là grâce à Issa Hayatou, le président qui m'a fait lui aussi une confiance aveugle. Et aujourd'hui on connaît tous les joueurs africains. Ne vous étonnez pas si on a des centaines de joueurs africains qui jouent en France et de par le monde. Parce qu'on les découvre, on les voit, il y a des joueurs énormes. Grâce à nous, ils existent.
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