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Amélie Oudéa-Castéra : « Renouveler notre modèle pour avoir une nation plus sportive »

INTERVIEW EXCLU SUD RADIO - Budget alloué au sport, héritage des JOP Paris 2024, Macron financement privé, sport amateur, Jeux d'hiver 2030 dans les Alpes françaises : invitée exceptionnelle de la 50e « Champions ! » sur Sud Radio, Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques et désormais présidente du Comité olympique français (CNOSF) a fait le tour de l'actualité.

Amélie Oudéa-Castéra CNOSF
Amélie Oudéa-Castéra (Photo by Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

Amélie Oudéa-Castéra : comment se porte le sport français ?

Le sport français va bien on a à la fois des champions d'exception des équipes qui gagnent on a un nombre record de licenciés 17,2 millions à travers les territoires et la pratique sportive elle a très fortement progressé. Elle a progressé de 17 points en 12 ans. On a aujourd'hui 71% des français qui pratiquent une activité physique et sportive régulière.

"Aujourd'hui, notre pays engloutit 140 milliards d'euros de manière passive dans la sédentarité et l'inactivité physique"

On a le sentiment que le Budget des Sports est et demeurera toujours la variable d'ajustement de Bercy ?

Avec les équipes de Bercy, les choses ont toujours été constructives. Les derniers arbitrages sur le budget se sont améliorés et montrent qu'il faut qu'on continue à porter ce plaidoyer et à rappeler toujours, y compris et en particulier à Bercy, qu'un euro investi dans le sport, c'est 13 euros d'économisés puisqu'il y a énormément d'externalités positives sur la santé, l'éducation, la prévention de la délinquance. Aujourd'hui, notre pays engloutit 140 milliards d'euros de manière passive dans la sédentarité, l'inactivité physique. Il est important de renouveler notre modèle et de faire en sorte qu'on élimine ces mauvaises dépenses-là pour avoir une nation plus sportive.

"Emmanuel Macron a beaucoup oeuvré au soutien du sport"

Quel bilan et crédit en matière de Sport accordez-vous au Chef de l'Etat, Emmanuel Macron, durant votre mandat de ministre ?

Je pense qu'on a un président qui aime le sport, qui a beaucoup oeuvré au soutien du sport. C'est plutôt une chance. On a pu impulser un certain nombre de choses. Je pense aux 30 minutes d'activité, ce qu'on a fait aussi pour le double projet de nos sportifs, les places en sport-études. Il y avait aussi deux heures de sport supplémentaires pour les collégiens. Ce sont des dispositifs sur lesquels il a eu une implication personnelle. Je pense que c'est bien de le rappeler.

Aujourd'hui, vous êtes présidente du CNOSF et vous menez un combat ambitieux pour honorer l'héritage de Paris 2024. D'un point de vue entrepreneurial, pouvez-vous nous expliquer le projet que vous portez ?

Je porte un projet d'héritage pour les Jeux olympiques et paralympiques, très concentré aussi sur la préparation des Alpes françaises 2030. Pour le reste, je veux faire vraiment du CNOSF une institution qui soit forte dans le débat public, qui soit utile à ses membres et notamment à ses fédérations, et qui soit moderne, c'est-à-dire qui arrive à emmener le sport français dans les nouvelles étapes de sa transformation. Qu'elle soit d'ailleurs numérique, économique, écologique, en matière de féminisation. On a vraiment des enjeux importants d'inclusion sociale aussi par le sport et c'est tout ça que je veux vraiment réussir dans un moment qui est absolument passionnant pour le sport français, exigeant, difficile, mais clé et très porteur.

« Il est indispensable de pouvoir s'appuyer sur des partenaires privés »


Le financement du sport français repose beaucoup sur son public. Comment peut-on faire pour que ça ne soit pas toujours le cas ?

Il repose aussi quand même sur les collectivités publiques au sens large. Il y a le budget du ministère des Sports qui est autour de 750 à 800 millions d'euros aujourd'hui, il y a un certain nombre de parties prenantes ministérielles qui concourent aussi à cet effort. Le ministère des Armées fait beaucoup pour la formation de nos champions. Le ministère de l'Intérieur est aussi engagé pour la sécurité des grands événements sportifs, pour ne citer que quelques exemples. Et au-delà de ça, les collectivités locales sont d'extraordinaires financeurs. Au global, c'est de l'ordre de 14 milliards d'euros qui sont investis par les différents niveaux de collectivités, régions, départements, intercommunalités et communes. Les communes, à elles seules, c'est 9 milliards d'euros d'investissement, donc près de 6 milliards sur les équipements.

Attendez-vous davantage du secteur privé ?

On a évidemment aussi besoin d'avoir un engagement des entreprises pour promouvoir la pratique sportive. Dans un contexte qui est celui qu'on connaît sur le plan budgétaire de notre pays, il est indispensable de pouvoir s'appuyer, comme on l'a fait à l'occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques, sur des partenaires privés, avec des enjeux de sponsoring pour les grands événements, avec des enjeux aussi de mécénat. Le mécénat, je le souligne, a très bien évolué en faveur du sport dans la période récente. Ce qui est encore moins développé pour l'instant, c'est le mécénat de compétences, qui est un relais important.

"Il y a eu une forme de complexité administrative qui a pu parfois peser sur les épaules des bénévoles du sport amateur"

Le sport amateur représente un enjeu majeur : comment peut-on aujourd'hui justement redonner souffle à ce sport amateur qui manque notamment de bénévoles ?

Il y a une forme d'essoufflement du bénévolat. La situation est assez contrastée parce qu'il y a à la fois un fort engagement autour du volontariat pour l'organisation des grands événements sportifs et en revanche, on voit que le tissu de bénévoles dans les clubs a un besoin de renouvellement. Il y a une forme aussi de fatigue qui s'est installée parce qu'avec le temps il y a eu une forme de complexité administrative qui a pu parfois peser sur les épaules des bénévoles qui se sont du coup un peu éloignés du terrain alors que c'est là qu'est leur passion, c'est le goût de la transmission qui les motive. Le 5 décembre prochain qui est la journée internationale du bénévolat et du volontariat, j'organise justement au CNOSF un temps d'action pour le bénévolat dans lequel nous ferons des annonces fortes fin d'améliorer leur formation ainsi que la reconnaissance de leurs compétences.

"Mettre l'intérêt du projet du sport et des athlètes au-dessus de toute considération politique"

Quels enseignements tirés de Paris 2024 peuvent être appliqués aux Jeux d'hiver 2030 pour que ça soit une réussite ?

S'il n'y en avait qu'une à retenir de leçon je dirais l'impératif de toujours, partout et en toutes circonstances mettre l'intérêt du projet du sport et des athlètes au-dessus de toute considération politique. Et ça je pense que c'est quelque chose qui est extrêmement important et l'autre élément que je garderais c'est cette volonté à la fois d'avoir la tête dans les étoiles, c'est à dire une vraie ambition, une vraie audace et en même temps vraiment les pieds sur terre avec un goût quasi obsessionnel pour le détail, de manière à serrer la vis et les boulons partout pour que l'expérience délivrée aux spectateurs du monde entier aux téléspectateurs aussi, que tout ceci soit extraordinaire et aux athlètes bien sûr qu'on n'oublie pas qu'ils sont au coeur de l'événement.

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