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Violences : avec la reconnaissance faciale, "Big Brother n'est plus très loin !" affirme Olivier Faure

Par Aurélie Giraud

Olivier Faure, Premier secrétaire du PS et député de Seine-et-Marne, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Olivier Faure violences
Olivier Faure, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 4 juin 2025, dans “L’invité politique”.

Violences urbaines, reconnaissance faciale, peines minimales, climat politique, Congrès du PS et alliances à gauche : Olivier Faure a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Violences urbaines : "Les propositions de Gérald Darmanin sont là pour faire du bruit"

Après les violences et pilages du week-end, Gérald Darmanin estime qu'il faut faire évoluer la loi. Le ministre de la Justice propose de mettre en place par la loi, à l'automne, une condamnation minimum systématique, une fois la culpabilité reconnue. Olivier Faure reste sceptique. "Le problème des propositions de Gérald Darmanin, c'est qu'elles sont là pour faire du bruit, mais je ne suis pas sûr qu'elles permettent de résoudre grand-chose". Il rappelle un fondement du droit pénal français : "Nous avons un principe constitutionnel d’individualisation des peines." Et il ajoute : "Les magistrats ne sont pas laxistes. Au contraire, les peines sont aujourd’hui beaucoup plus longues que dans les années passées."

Concernant les jeunes impliqués dans les violences, il appelle à la prudence : "On n’a pas affaire à des bandits de grand chemin." Il redoute que des peines automatiques enferment inutilement de jeunes primo-délinquants dans un univers carcéral contre-productif. "Faire entrer des primo-délinquants dans un système carcéral aux côtés de bandits chevronnés, quel est l’intérêt ? La peine de prison peut être un facteur de récidive."

Reconnaissance faciale : "Big Brother n'est plus très loin !"

Bruno Retailleau propose l'utilisation de la reconnaissance faciale de façon encadrée pour identifier les auteurs de violences urbaines et de pillages. Olivier Faure met en garde : "Big Brother n’est plus très loin !" Selon lui, cette technologie marque un basculement dangereux vers une société de surveillance. "Est-ce que vous avez tous envie que l’État français, demain comme l’État chinois, puisse contrôler nos faits et gestes dans la rue ?" lance-t-il, dénonçant une atteinte possible aux libertés publiques.

Olivier Faure distingue clairement reconnaissance faciale et vidéosurveillance : "Ce n’est pas la reconnaissance faciale, c’est la vidéosurveillance qui permet a posteriori d’identifier tel ou tel contrevenant." Il doute également de l’efficacité du dispositif face à des jeunes inconnus des fichiers de police : "Vous pouvez mettre la reconnaissance faciale que vous voulez, vous n’arriverez pas à les repérer." Pour lui, ces mesures, prises "sous le coup de l’émotion", risquent surtout de porter atteinte aux libertés de tous.

"Bruno Retailleau entretient à dessein un climat nauséabond"

Olivier Faure accuse Bruno Retailleau d’entretenir un "racisme d’atmosphère". Pour lui, ce n’est pas une question de qualification pénale, mais de climat politique : "Par clientélisme, Bruno Retailleau, depuis de longues années, a des mots qui légitiment des comportements racistes." Il cite notamment les discours tenus après la mort de Nahel.

Interrogé sur l’assassinat raciste d’un coiffeur tunisien dans le Var, il ne parle pas de complicité, mais alerte : "Bruno Retailleau favorise des expressions qui sont celles du racisme." Olivier Faure dénonce aussi "l’obsession pour la question migratoire, pour la question de l’islam". Et il met en garde : "Bruno Retailleau entretient un climat nauséabond. Ce climat-là peut conduire des gens qui sont déjà portés sur ce terrain, soit faibles psychologiquement, soit des gens qui avaient déjà un terrain raciste propice, à passer à l’acte." Le député appelle à tourner la page de ces "obsessions identitaires" et à retrouver un débat politique apaisé.

Interdiction du port du voile aux moins de 15 ans : "Le grand remplacement n’existe pas"

Interrogé sur la proposition de Gabriel Attal d’interdire le port du voile aux filles de moins de 15 ans, Olivier Faure estime que cette mesure est "absolument inapplicable". Il y voit une tentative de "flatter des opinions publiques" méfiantes à l’égard des musulmans, sans efficacité réelle.

Sur le fond, il précise sa position : "Je ne suis pas musulman et je ne suis pas pour le voile." Mais il refuse d’alimenter des fantasmes : "Laisser penser qu’on a aujourd’hui des femmes qui devraient porter de manière obligatoire le voile, ça me paraît rétrograde." Il réfute aussi la thèse du "grand remplacement" qu’il juge infondée : "Le grand remplacement n’existe pas."

"François Hollande a la mémoire courte, c'est dommage !"

Face aux critiques de François Hollande sur la faible mobilisation des militants socialistes, Olivier Faure répond sans détour : "François Hollande a la mémoire courte, c’est dommage !" Il lui reproche d’oublier son propre bilan à la tête du parti. "Si j’avais été le président de la République qui a conduit à ce que le Parti socialiste passe de plus de 250.000 adhérents à 50.000 ou à 40.000, je crois que je serais très modeste."

Olivier Faure défend son action depuis qu’il est à la tête du PS. "Il y a des gens qui reviennent", affirme-t-il, soulignant que le taux de participation au congrès en cours est en hausse par rapport au précédent. Le Premier secrétaire du PS reconnaît toutefois que les règles internes sont trop strictes : "On a tellement resserré les critères que ça devient compliqué." Il appelle malgré tout les militants à se mobiliser et à voter.

Municipales : "Il n'y aura pas d'accord national entre le PS et LFI"

Sur la question d’une alliance électorale avec La France insoumise (LFI) pour les municipales, Olivier Faure est formel : "Il n’y aura pas d’accord national entre les socialistes et les insoumis." Il répond aussi aux attaques internes sur sa ligne politique, en rappelant les débats récents dans le parti : "Parfois, dans le congrès du PS, j’avais l’impression d’être dans le congrès des Insoumis. Mais moi, je ne suis pas Insoumis."

Face aux accusations de compromission, Olivier Faure explique que : "S’il n’y avait pas eu de Front Populaire, il y aurait aujourd’hui Jordan Bardella à Matignon." Il assume son rôle dans la construction de cette alliance, tout en dénonçant "l’hypocrisie" de ceux qui l’ont soutenue avant de la rejeter. "Le soir du 7 juillet, au moment où le Front Populaire est arrivé en tête de l’élection législative, toutes celles et ceux qui aujourd’hui s’opposent à moi voulaient gouverner."

Présidentielles de 2027 : "Il faudra choisir le ou la meilleure d'entre nous"

Pour l’élection présidentielle de 2027, Olivier Faure défend une ligne claire : "Je veux un rassemblement de Ruffin à Glucksmann." Il exclut explicitement Jean-Luc Mélenchon, dont il considère que la candidature est inévitable : "Les Insoumis eux-mêmes ont dit qu’ils seraient candidats."

Olivier Faure plaide pour une méthode de désignation ouverte et concertée : "Une primaire pourra être la solution." Mais il met en garde contre les candidatures multiples à gauche : "Plus on se multiplie, moins on a de chances." Face à une extrême droite qu’il voit aux portes du pouvoir, il appelle à la responsabilité : "Il faudra choisir le ou la meilleure d’entre nous."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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