Présidentielle anticipée, censure, retraites, immigration, sécurité sociale, guerre entre Israël et l'Iran : Louis Aliot a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Une présidentielle anticipée règlerait les choses"
Jordan Bardella a déclaré le lundi 16 juin que "seule une présidentielle anticipée permettra de sortir par le haut d'une crise démocratique". Une position que Louis Aliot partage sans détour : "Une présidentielle anticipée règlerait les choses", affirme-t-il. Pour le maire de Perpignan, "le président n’a plus de majorité", ni dans les urnes ni dans l’opinion. "Il n’est plus entendu dans son propre pays", insiste-t-il. Regrettant que les Français "subissent les propos de M. Macron" et "la politique du gouvernement".
Louis Aliot confirme qu’un retour aux urnes serait "l’idéal" pour clarifier la situation. Il tempère toutefois son espoir d’un tel scénario. "Je ne vois pas comment c’est possible au regard du narcissisme du personnage", dit-il à propos d’Emmanuel Macron. Il estime pourtant que cette élection aurait "le mérite de la clarté" face à un président qui "veut se mêler de tout" sans disposer, selon lui, de la légitimité politique ou parlementaire nécessaire.
Présidentielle de 2027 : "La candidate naturelle est Marine Le Pen"
À la question de la succession pour l’élection présidentielle de 2027, Louis Aliot est catégorique : "La candidate naturelle est Marine Le Pen". Il réaffirme son soutien indéfectible à celle qui, selon lui, incarne le mieux le projet du Rassemblement national. "Je me bats pour que Marine soit candidate à l’élection présidentielle", affirme-t-il, tout en écartant toute ambition personnelle. "Pas moi", répond-il fermement à Jean-Jacques Bourdin.
En cas d’empêchement de Marine Le Pen, Louis Aliot évoque sans hésitation Jordan Bardella. "Si elle était empêchée dans sa candidature à la présidence, le candidat naturel derrière Marine serait Bardella". Il souligne la clarté de la ligne politique et la complémentarité entre les deux figures du RN. Selon lui, Jordan Bardella s’est imposé comme un successeur légitime et structurant. Mais tant que Marine Le Pen reste en capacité de se présenter, "elle est la candidate naturelle".
2027 : "La candidate naturelle est Marine Le Pen. Si elle était empêchée, le candidat sera Jordan Bardella" affirme @louis_aliot pic.twitter.com/xVqzKTfdpO
— Sud Radio (@SudRadio) June 17, 2025
"François Bayrou risque la censure des députés du RN sur le budget"
Sur les équilibres institutionnels actuels, Louis Aliot évoque le Premier ministre François Bayrou. Il reconnaît sa "courtoisie" et son sens du dialogue, mais ajoute : "Son budget n’est ni fait ni à faire". Selon lui, "il risquera quand même la censure, y compris des députés du Rassemblement national".
Il précise que "sur le budget, très honnêtement, en entendant les déclarations de certains ministres, je ne vois pas comment ça pourrait passer". Même s’il reste prudent sur une éventuelle dissolution de l’Assemblée, Louis Aliot estime que "les possibilités sont multiples".
"Nous demandons l’abrogation de la réforme des retraites"
Sur les retraites, Louis Aliot affirme que le RN "demande l’abrogation de la réforme", avec un retour à 62 ans. Il défend une position intermédiaire : "Nous, on est pour la progressivité" et "42 annuités", avec un départ "au prorata de ce que vous avez cotisé".
Il se dit ouvert à "une part de capitalisation", mais seulement si elle "ne remet pas en cause le principe des 42 annuités". En revanche, il critique frontalement la prime seniors : "La prime pour maintenir les seniors dans l'emploi est un gadget !". Pour lui, "le problème, c’est le sous-emploi des jeunes".
Sécurité sociale : "On ne parle jamais du coût de l'immigration"
Interrogé sur la gouvernance de la Sécurité sociale, Louis Aliot plaide pour "plus de transparence", sans remettre en cause l’existant. Il dénonce néanmoins une absence de débat sur les dépenses liées à l’immigration. "Combien d’étrangers arrivent chez nous sans travailler ?". Il affirme : "Un étranger qui arrive du jour au lendemain en France sans travail est une charge pour la collectivité".
Il précise que ceux qui travaillent "bénéficient déjà des mêmes droits". Mais il insiste : "Les Français n’en peuvent plus". Pour Louis Aliot, le financement de la protection sociale nécessite "d’aller chercher de l’argent ailleurs", plutôt que "toujours aux mêmes".
Déficit : "Nous pouvons appliquer la règle d'or budgétaire des 3%"
Concernant la règle européenne des 3% de déficit, Louis Aliot n’y est pas opposé, à condition qu’elle s’accompagne d’une réduction des dépenses. "Nous pouvons appliquer la règle d'or budgétaire des 3%, si en contrepartie il y a les efforts nécessaires à des économies substantielles, comme l'immigration", explique-t-il.
Il dénonce un "État qui peut emprunter et s’endetter comme il le veut" alors que les collectivités doivent "voter des budgets à l’équilibre". Il envisage même une inscription de cette règle dans la Constitution pour "contraindre l’État à respecter les règles".
"Le RN est autre chose que la droite"
Interrogé sur le positionnement idéologique du RN, Louis Aliot affirme que "le RN est autre chose que la droite". Il affirme que les repères classiques sont brouillés : "La droite, aujourd’hui, on ne sait pas très bien où elle est". Le vice-président du RN estime qu’elle gouverne "avec M. Bayrou et M. Macron". Il prend l’exemple de Bruno Retailleau : "Il parle comme un homme de droite et agit comme un homme du centre", résume-t-il.
Quant à Marine Le Pen, Louis Aliot rejette les étiquettes qui lui sont régulièrement accolées : "On dit de Marine Le Pen qu'elle est de gauche pour nuire à sa stature politique". Il insiste : "Elle n’est pas identitaire, et elle n’est pas libérale". Selon lui, son positionnement répond à une réalité électorale : "Il y a un vote populaire important" venant de "Français qui ont du mal à boucler les fins de mois". Et "ces gens-là se moquent pas mal de savoir s’ils sont à droite ou à gauche".
Retrait de la Légion d’honneur de Nicolas Sarkozy : "C’est choquant !"
Louis Aliot réagit au retrait de la Légion d’honneur de Nicolas Sarkozy : "C’est la loi, mais c’est choquant !". Il estime qu’un ancien président "a servi son pays au plus haut niveau" et que cette décision "n’est peut-être plus adaptée à notre époque".
Quant à la Légion d’honneur décernée à Vladimir Poutine, il ironise : "Est-ce qu’il fallait la lui donner ?". Pour lui, la distinction est "banalisée" et attribuée trop largement, notamment "aux amis politiques".
"La France n’a plus les moyens d’intervenir comme elle croit qu’elle pourrait le faire"
Interrogé sur une éventuelle intervention française dans le conflit Israël-Iran, Louis Aliot reste lucide : "Si Israël était menacé dans son existence, la France devrait se tenir prête", affirme-t-il. Mais il ajoute aussitôt : "La France n’a plus les moyens d’intervenir comme elle croit qu’elle pourrait le faire".
Louis Aliot critique également le positionnement du président : "On a un président qui parle, mais qui est en total inadéquation avec les moyens qui sont les nôtres". Il reconnaît cependant que le communiqué du G7 est "raisonnable", tout en doutant de son efficacité : "Je ne sais pas si ce sera suffisant pour arrêter la guerre".
Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique"
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !